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Le change­ment cli­ma­tique en Turquie se traduit dans des faits. Il vient de déclencher une tem­pête dans un verre d’eau.

Comme la Turquie se devait d’avoir son vac­cin anti-Covid, ses pro­pres drones, ses cen­trales nucléaires, son gaz, son aéro­port gigan­tesque, ses ponts, elle avait besoin bien sûr d’ex­primer sa posi­tion sur l’environnement.

Non, n’allez pas croire que d’un coup les extrac­tions divers­es avec util­i­sa­tion de cya­nure vont cess­er, que la destruc­tion de l’hy­drolo­gie de la Turquie au prof­it du béton­nage va s’ar­rêter, où que les paysages vont être mis à l’abri d’in­fra­struc­tures destruc­tri­ces… Faut pas rêver !

Non, je vous par­le là, d’une loi pour déguis­er tout ça, présen­tée entre la prière et le dessert à Dame Emine, grande spé­cial­iste de la nature et de ses lois devant l’éternel.

Un député de l’AKP donc, Sel­man Özboy­acı, a présen­té une propo­si­tion de loi dite “envi­ron­nemen­tale” à la pre­mière dame, sans que celle-ci ait été dis­cutée préal­able­ment en séance générale à l’Assem­blée. Il était soucieux sans doute d’obtenir le sou­tien de la famille, férue d’é­colo­gie, comme cha­cun le sait. Il n’en fal­lait pas davan­tage pour que nos sour­cilleux démoc­rates, par la voix d’un député du CHP d’Izmir, Murat Bakan, s’en­flamme à pro­pos du déni de démoc­ra­tie que cela représente, un peu comme si Erdoğan décidait de la poli­tique ici sans con­sul­ter le Par­lement… Si quelqu’un pou­vait le prévenir qu’en toutes choses le Reis fait ce qu’il veut, on évit­erait sans doute ce genre de divertissement.

Mais voilà, lorsqu’il s’ag­it de lever l’im­mu­nité des députéEs du HDP, le CHP a l’habi­tude de vot­er… c’est sans doute cela qui lui a fait penser qu’il décidait de quelque chose dans ce pays. Bon, dans le genre, le député Murat Bakan n’est pour­tant pas le pire.

Echange et tem­pête donc, entre élus, à pro­pos des “prérog­a­tives insti­tu­tion­nelles” du Par­lement. On ne tran­sige pas avec la Con­sti­tu­tion bon sang !

Mais, dans les pro­pos du député d’op­po­si­tion, la colère ne s’ar­rête pas, même si en cher­chant bien, on a du mal à savoir ce qui dans le pro­jet de loi le trans­porte ain­si. Ce pro­jet a déjà été “dis­cuté” en com­mis­sion, sans que cela ne fasse autant de bruit. Ce qui irrite donc ces députés, c’est que la femme du Cal­ife soit mêlée à leurs arrange­ments, plus que le con­tenu de ces arrangements.

Lorsqu’il s’ag­it de couper l’eau aux pop­u­la­tions du Nord de la Syrie, ces démoc­rates sont moins regar­dants. Lorsqu’il s’ag­it d’i­non­der la cul­ture kurde au nom du pro­grès pour la Nation, ces démoc­rates ne font que des remar­ques affligées pour la forme. Lorsqu’il s’ag­it de con­stru­ire des “routes des cimes”, selon qu’il soit intéressés au béton­nage ou pas, nos démoc­rates ne s’op­posent guère… Et les ques­tions d’é­colo­gie, comme partout, sont dis­cutées à l’aune de la crois­sance et du pro­grès de la nation.

Au fait, pourquoi dame Emine de Turquie se retrouve-t-elle dans cette affaire ?

Parce que fig­urez-vous qu’elle a vu que toutes les “pre­mières dames” se devaient de faire dans les “caus­es d’in­térêt général” et que donc, cela ne pou­vait se lim­iter à soutenir le marché des grandes mar­ques et des sacs en cro­co. Aus­si, en 2019, un pro­gramme qu’elle ani­ma, de présen­ta­tion du “pro­jet de l’éthique de l’environnement” organ­isé sous le thème “zéro déchet, zéro gaspillage” s’est déroulé à la Prési­dence des Affaires Religieuses, avec la par­tic­i­pa­tion du Prési­dent Recep Tayyip Erdoğan et du Prési­dent des Affaires Religieuses le Prof. Dr. Ali Erbaş.

Emine Erdoğan y avait souligné que “les mosquées ont un large réseau de com­mu­ni­ca­tion qui peut per­me­t­tre de ren­dre plus con­scients les citoyens au sujet de l’environnement”.

Cela sont juste les symp­tômes de mal­adie. Il faut chercher dans l’esprit les caus­es qui ont for­mé ces con­di­tions puis qui ont con­duit l’environnement à la dis­pari­tion. Si l’on ne réus­si pas à gag­n­er l’esprit raf­finé du Musul­man, nous pour­rons unique­ment soulager les symp­tômes de la mal­adie. Lorsque nous obser­vons les com­man­de­ments et les inter­dic­tions de cette belle reli­gion, nous nous atten­dons à ce que l’école la plus écol­o­giste du monde, les per­son­nes qui défend­ent le plus les droits des ani­maux vien­nent de notre com­mu­nauté.  Mais mal­heureuse­ment nous voyons que ce n’est pas le cas, selon une recherche réal­isée en 2010. 2,5 mil­lions de Had­jis accom­plis­sent leurs pèleri­nages, et lais­sent 100 mil­lions de bouteilles en plas­tique dans les rues. Mal­heureuse­ment, lorsqu’il est ques­tion d’environnement, ce que dit l’Islam pour l’éthique envi­ron­nemen­tale ne s’entend pas suff­isam­ment dans la plate­forme inter­na­tionale.

Après avoir déclarée que la vie, le com­porte­ment du Prophète Mohammed envers la nature et les ani­maux n’est pas racon­té suff­isam­ment, Emine Erdoğan avait con­tin­ué en disant :

Si le gaspillage est devenu notre pra­tique quo­ti­di­enne, cela sig­ni­fie que nous ne con­nais­sons pas suff­isam­ment les com­pagnons de notre prophète. Cela sig­ni­fie que nous n’avons pas appris à nos enfants de se con­tenter de ce qu’ils pos­sè­dent. Alors que le con­tente­ment con­duit au durable. J’espère que la prochaine étape de ce beau pro­jet sera de présen­ter l’identité écol­o­giste de l’Islam sur la plate­forme inter­na­tionale. Nous atten­dons par notre Prési­dence des Affaires Religieuses une organ­i­sa­tion écol­o­giste de pèleri­nage qui don­nera un bon exem­ple à tous les pays musul­mans. Mis a part organ­is­er un pèleri­nage écol­o­giste, la Turquie peut être le leader de la com­mu­nauté musul­mane en pub­liant des man­i­festes con­cer­nant les droits des ani­maux, le zéro pénurie, le gaspillage, le zéro déchet, et le développe­ment durable”. 

Eviter le gaspillage n’est pas unique­ment faire dimin­uer le mon­tant de nos fac­tures d’électricité, d’eau et de gaz. Le gaspillage d’un kilo­gramme de pain veut égale­ment dire le gaspillage de 1,6 litre d’eau util­isé pour fab­ri­quer ce pain.  Le gaspillage d’un tee-shirt en coton, veut égale­ment dire le gaspillage de 2 milles 700 litres d’eau util­isés pour le fab­ri­quer. Nous ne sommes pas unique­ment respon­s­ables de notre robi­net, de notre ampoule, de notre table, nous por­tons la respon­s­abil­ité d’être cal­ife sur terre.  Si l’on arrivait à expli­quer cor­recte­ment à nos enfant que les enfants en Afrique tombent malades parce qu’ils n’arrivent pas à trou­ver de l’eau pro­pre, nous réus­siri­ons ain­si a leur faire com­pren­dre que 1 tranche de pain est beau­coup plus pré­cieuse que de la farine”.

Là, on a atteint les som­mets, peut être même le par­adis. Que le petit peu­ple arrête de râler sur ses fac­tures et de jeter son pain. Elle n’a pas dit com­bi­en de domes­tiques étaient chargé de fer­mer les robi­nets du Palais.

Bon, Gre­ta et Pinoc­chio n’ont qu’à bien se tenir, elle/il ont une sérieuse con­cur­rente, qui plus est inspirée par les nuées.

Mais quand même, c’est sûr, en 1924, per­son­ne n’au­rait eu l’idée de présen­ter un pro­jet à Lat­ife avant que Mustafa Kemal ne l’ait approuvé.


Image à la Une : La Pre­mière Dame Erdoğan, lors du lance­ment du pro­jet “Zéro Déchet-Zéro Gaspillage”, mars 2019.

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Mamie Eyan
Chroniqueuse
Ten­dress­es, coups de gueule et révolte ! Bil­lets d’humeur…