La chute de la livre turque, l’in­fla­tion, l’hy­per Prési­dent, les purges, ça va ça vient. Une nou­velle vous fout la trouille et chas­se l’autre. Aujour­d’hui ça sent le gaz.

Un morceau du grand tuyau appelé joli­ment Turk­ish Stream a été inau­guré par Vladimir Pou­tine et le Reis en per­son­ne, à Istan­bul. Un tronçon du gazo­duc qui devrait être opéra­tionnel en 2020 a fait son appari­tion, juste pour le noeud du ruban et affich­er les bonnes rela­tions turco-russes.
Non, la Turquie n’a pas décou­vert du gaz, ce serait plutôt l’in­verse. Le grand tuyau passera sous la mer noire et fera dit-on, un peu plus de 1000 km. Il vien­dra du sud de la Russie pour réchauf­fer les relations.

Encore une fois, la presse aux ordres du Reis affirme que la Turquie va devenir “une base stratégique d’ap­pro­vi­sion­nement en énergie”. Le Prési­dent pense peut être reven­dre le gaz dans le dos de Pou­tine, tout comme il plas­tron­nait cet été sur les cen­trales nucléaires. Bref, nous voilà à moins lorgn­er sur le gaz syrien à pri­ori… Quoi que… Mais il paraît aus­si que ce serait pour éviter les froids ukrainiens et appro­vi­sion­ner l’Eu­rope, que le tuyau passerait chez nous. Ce gazo­duc devrait per­me­t­tre d’a­chem­iner par an 31,1 mil­liards de mètres cubes de gaz russe. Voilà encore un robi­net qui per­me­t­tra bien des chan­tages à l’avenir, et je ne pense pas que le Pou­tine se fera pay­er en rou­bles ou en livres turques pour autant. La Turquie n’est pas dans l’Eu­rope, vous avez-dit ?

En tous cas, la fig­ure du meilleur sou­tien de Bachar s’af­fichait sur nos tor­chons pro-prési­den­tiels et la poignée de mains sen­tait le contrat.

Il était telle­ment con­tent le Reis, qu’il en avait oublié que la Cour Européenne des Droits de l’Homme avait un truc sur le gaz pour lui. Même deux.

Décidé­ment, il y a des sig­naux très con­tra­dic­toires qui sont envoyés à notre si belle république “con­sid­érée comme ottomane”. D’un côté, des dirigeantEs européenEs, français et alle­mands vien­nent avec Pou­tine rap­pel­er à Erdoğan qu’il peut faire ce qu’il veut en Syrie Nord, à la con­di­tion de le faire dis­crète­ment, et de ne pas faire de lâch­er de migrants, un Trump par­le à l’u­nis­son du Reis sur le PKK et en même temps lui vom­it dessus, et la Cour Européenne rend coup sur coup deux juge­ments qui mon­trent que le com­bat des Kur­des pour leur recon­nais­sance est “juridique­ment fondé”.

Je n’y com­prend plus rien, ou alors cela fait par­tie des grands marchandages où on souf­fle le chaud et le froid. Et le vent pour­rait bien venir de Syrie. D’une tablée au Nord en particulier.

Bien sûr, comme d’habi­tude, ce n’est pas dans le tor­chon qui embal­lait les patates que j’ai lu ça, vous vous en doutez bien.

Sela­hat­tin Demir­taş doit être libéré”. Voilà ce que dit la Cour. “On va en finir avec çà, vous ver­rez”, a répon­du Erdoğan. “Le PKK n’avait rien à faire sur les listes ter­ror­istes en 2017″ nous dit la Cour. “On est en 2018″ répond Erdoğan. Et vos Macron et Merkel, à peines remis­Es de la récep­tion arrosée d’ayran, et occupés, l’un avec des ovnis en jaune, l’autre avec des fachos qui ne se déguisent plus, ne bougent pas d’un poil. Comme ici nos kémal­istes préférés ne sont pas trop pressés non plus, la Cour devra sans doute envoy­er d’autres sig­naux de fumée avant que quelque chose ne bouge, malheureusement.

Mais bon, on va avoir le gaz.

C’est stupé­fi­ant de voir à quelle vitesse un mil­i­taire rem­place une nou­velle purge d’u­ni­ver­si­taires, le gaz rem­place l’in­fla­tion, un dis­cours du Reis rem­place un dis­cours du Reis, l’an­nonce de l’ou­ver­ture d’une nou­velle boucherie halal saou­di­enne rem­place le procès d’un güleniste. On n’a jamais eu aus­si peu de médias, et à eux seuls ils nous don­nent le tour­nis tant ils nous dés­in­for­ment d’un jour à l’autre.

L’ar­rivée du gaz, après tout, c’est peut être ça. Du vent.

Au fait, je n’y crois guère, mais ça ne coûte rien. Pour Sela­hat­tin Demir­taş, j’ai vu pass­er une péti­tion en français sur mon jour­nal des chats préféré, signez donc…


A smell of gas in the Turk­ish win­ter Click to read

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Mamie Eyan
Chroniqueuse
Ten­dress­es, coups de gueule et révolte ! Bil­lets d’humeur…