Le trans­fert for­cé de Zehra Doğan à 600 km de la geôle de Diyarbakır vers la prison de Tarse la coupe bru­tale­ment des liens locaux et des sou­tiens transna­tionaux qu’elle rece­vait. Il est donc urgent de retiss­er ces liens vers sa nou­velle adresse.

La nou­velle adresse, la voici :

Zehra Doğan C‑3
Tarsus Kadın Kapalı CİK 
Alifakı Mahallesi Alifakı sokak 
Tarsus – MERSİN 
TURKEY

Atten­tion, toute erreur de copie empêchera la livrai­son de vos messages.

Nous ne savons pas encore si l’ad­min­is­tra­tion péni­ten­ti­aire de la prison de Tar­sus accepte les cour­ri­ers dans une langue qui ne serait pas le Turc, ce qu’avait fini par accepter la précé­dente cen­sure de la prison d’Amed, au vu du nom­bre de cour­ri­ers adressés à Zehra et ses co-détenues.

Voici donc un pre­mier cour­ri­er mod­èle en langue turque :


Sevgili Zehra,
Tar­sus’a sevk edildiği­ni biliy­oruz. Dayanış­ma ve desteğimiz seni her yerde aynı sıcak­lık ve güçle izleyecek.
Seni ve tüm tut­sak kadın­ları sevgiyle selamlıyoruz.


et la tra­duc­tion pour vous :
Chère Zehra,
Nous savons que tu es trans­férée à Tarse. Notre sol­i­dar­ité et sou­tien te suiv­ront partout avec la même force et chaleur.
Nous vous salu­ons, toi et toutes les co-détenues femmes, avec affection.

Le lien famil­ial vient de repren­dre de façon com­pliquée. Zehra sait donc que son trans­fert n’est pas passé inaperçu, du fait même que par­mi les 20 pris­on­nières trans­portées dans des con­di­tions dif­fi­ciles, cer­taines étaient diag­nos­tiquée comme grave­ment malades, et que cet exil for­cé ait été réal­isé rapi­de­ment à l’in­su des familles et avo­cats. Quelques médias d’op­po­si­tion kur­des ont pub­lié une dénonciation.

Nous savons que cet exil for­cé se pra­tique depuis longtemps à l’é­gard de nom­bre de pris­on­niers et pris­on­nières, et sou­vent dans les derniers mois de la peine. En effet, l’idéolo­gie car­cérale implique une notion de “rachat des fautes com­mis­es” et il serait incon­cev­able que les intéresséEs sor­tent sans avoir été remis­Es de force dans le droit chemin. Là encore, “faire sen­tir la force du Turc” est la devise, surtout à l’é­gard d’une jeune femme kurde vue comme capa­ble de pro­pa­gande ter­ror­iste par ses juges.

La geôle d’Amed, pour­tant sin­istre, a donc été con­sid­érée comme trop douce, et sans doute lax­iste, puisque des œuvres inter­dites pou­vaient en quit­ter les murs.

Zehra n’a désor­mais plus à faire la démon­stra­tion, par ses écrits et par son Art, qu’elle n’a pas cédé un pouce à ses bour­reaux. Il est pour­tant prob­a­ble que les nou­velles con­di­tions de la prison de Tarse ren­dront encore plus dif­fi­cile l’ex­pres­sion publique de cette résistance.

Nous con­tin­uerons à la pop­u­laris­er ici, et a faire en sorte, avec les asso­ci­a­tions transna­tionales et les per­son­nes qui se sont engagées à ses côtés, qu’elle soit pro­tégée par la dif­fu­sion régulière de son nom, et de nou­velles la con­cer­nant. Les expo­si­tions de repro­duc­tions d’œu­vres de Zehra, celles d’o­rig­in­aux, tout comme leur vente, con­tin­u­ent. Kedis­tan reste à la dis­po­si­tion d’as­so­ci­a­tions pour en assur­er la logistique.

Cette “dépor­ta­tion” survient au moment où Zehra a été choisie pour recevoir un prix aux Etats-Unis (prix très made in USA), ain­si qu’à la fin d’une longue expo­si­tion en Bre­tagne, dont nous tirerons un bilan en son temps.

Nous vous pro­poserons bien­tôt, pour des lec­tures, un choix d’ex­traits de ses let­tres ou de ses textes, per­me­t­tant de faire con­naître Zehra, avant qu’une revue ne pub­lie prochaine­ment un aperçu de son tra­vail de BD…

Zehra nous fixe à toutes et à tous, per­son­nes ou asso­ci­a­tions de sou­tien, qui la suiv­ent depuis plusieurs années, une tâche de vig­i­lance, jusqu’à sa pos­si­ble libéra­tion dans quelques mois.

Nous en prof­i­tons pour sig­naler qu’au­cune lev­ée de fonds n’a en ce moment lieu pour elle, con­traire­ment à des appels que vous pour­riez voir encore pass­er ici où là, sur le net, ou en dehors d’une de ses expo­si­tions. Nous sommes liés par con­trat avec Zehra pour juste­ment éviter l’u­til­i­sa­tion de son image, de ses œuvres, ou de la sol­i­dar­ité la con­cer­nant à des fins qu’elle n’au­rait pas elle-même accep­tées. Et toute sol­i­dar­ité finan­cière passe, en toute trans­parence, par un compte qui lui est dédié. Toute entorse à ce principe sol­idaire relève de l’arnaque.

Et, amiEs qui nous lisez, et avez dans le passé organ­isé des ate­liers d’écri­t­ure, ou écrit per­son­nelle­ment, ou dif­fusé dans des réseaux de sou­tien, réac­tu­alisez s’il vous plaît l’adresse, car plus aucun cour­ri­er via l’an­ci­enne ne lui sera remis.


Zehra Doğan — The Urgency of recon­nect­ing Clic to read

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