Pour l’ouverture du Fes­ti­val des Autres Mon­des, qui se déroule du 21 sep­tem­bre au 21 octo­bre dans le pays de Mor­laix, le PEN Club français, nous a fait par­venir un mes­sage de sou­tien à l’in­ten­tion de Zehra Doğan.

C’est un chem­ine­ment com­mun dans le sou­tien à Zehra en France qui s’esquisse. Le Pen Inter­na­tion­al a, rap­pelons le, placé Zehra par­mi les fig­ures de proue des com­bats pour la lib­erté d’ex­pres­sion à soutenir, dès le début de son incar­céra­tion, et ain­si oeu­vré pour rompre son isole­ment.

Le Fes­ti­val expose près de 70 d’oeu­vres orig­i­nales de Zehra Doğan. La moitié ont été crées con­tre toute attente de ses geôlierEs, avec les moyens du bord en prison. Tout matériel d’artiste lui est inter­dit. Un art de résis­tance qu’elle présente elle-même dans son mes­sage d’ouverture.


pen club zehra dogan

Chers amis, com­pagnons de route !

Il y a des sous-sols où l’on découpe la lit­téra­ture en tranch­es, où l’on amon­celle les livres, les quartiers de chair. Des sous-sols où l’on met en marche les bielles de l’obscurité avec des gestes translu­cides, mécaniques et froids.

Il y a cette rage infinie qui taille avec un burin la chair et les os, pour don­ner à celui qui écrit un nou­veau vis­age. Qui brise ses rotules, ses pieds, pour qu’il s’écroule, qu’il tombe à genoux. Qui ouvre la haute cou­ture crâni­enne de son esprit, pour écras­er mots et méninges. Qui lui casse les dents à coups de bat­te, pour lui enfon­cer dans la bouche le bâil­lon d’autres paroles.

Mais elle n’y arrive pas.

Il ne se laisse pas porter par les roues hyp­no­tiques du dés­espoir ; la chaîne lacry­male ne fend pas ce qui reste de sa joue.

Pour­tant, la rage ne le sait pas. Elle ne prend pas garde non plus.

Il y a longtemps, comme avant, comme après, que les grands mutilés de la lit­téra­ture sont étrangers à tout cela.

Lorsqu’on les blesse, ils enfon­cent dans l’entaille un mot. Lorsqu’on leur arrache un morceau de chair, ils met­tent à la place un mot. Lorsqu’on leur tranche la veine jugu­laire, en jail­lis­sent, hauts, élas­tiques, des mots. Et, lorsqu’on leur coupe la tête, il y en a d’autres qui poussent, des têtes faites de mots.

Puisque le mot est plus fort que l’étau, les tenailles, les matraques éclairant de près les con­tu­sions. Il est bien plus aigu­isé que le couteau plan­té dans le dos ; il coupe tou­jours les bâil­lons, les muselières, leurs filets diamantins.

Par ces mots de notre mem­bre, Lin­da Maria Baros, le PEN-Club Français souhaite exprimer tout son sou­tien à Zehra Doğan et à son comité de sou­tien. Votre action est mag­nifique parce qu’elle est nécessaire.

Vive la lib­erté d’expression

Andréas Beck­er
Le PEN-Club Français
Prési­dent du Comité des Ecrivains Perséctués

 

ZEHRA DOĞAN
ŒUVRES INEDITES DE LA GEÔLE D’AMED

Photos ©Jef Rabillon

Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Çeviri Kedistan. Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
Ji kerema xwere dema hun nivîsên Kedistanê parve dikin, ji bo rêzgirtina maf û keda nivîskar û wergêr, lînk û navê malperê wek çavkanî diyar bikin. Spas.
You may use and share Kedistan’s articles and translations, specifying the source and adding a link in order to respect the writer(s) and translator(s) work. Thank you.
Por respeto hacia la labor de las autoras y traductoras, puedes utilizar y compartir los artículos y las traducciones de Kedistan citando la fuente y añadiendo el enlace. Gracias
KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.