La répres­sion con­tin­ue à la fron­tière fran­co-ital­i­enne. Sol­i­dar­ité avec les réfugiéEs qui n’au­ront plus où dormir et manger avant de repren­dre leur route, et sol­i­dar­ité nos cama­rades de chez Jésus, dont cer­tainEs étaient inter­v­enuEs au fes­ti­val Autres Mon­des sur la table ronde “Migrants : objets de marchandage”.

Expul­sion de l’église occupée à Clav­ières ce mer­cre­di 10 octo­bre, l’Etat et l’Eglise con­tin­u­ent de tra­vailler ensem­ble à leur poli­tique xéno­phobe et anti-solidaire.

Ils ont expul­sé Chez Jesus. 14 camion­nettes, plusieurs voitures de police et cara­binieri, l’éternel trou­peau bien fourni de digossi­ni tout fiers. Ils sont arrivés à 7h40 le mer­cre­di matin [10.10.2018]. Ils ont défon­cé la porte avec un béli­er et un marteau, et ils sont entrés.

Le prêtre qui nous a dénon­cé, Don Ange­lo Bet­toni, ne s’est pas mon­tré. Le maire si, en revanche. Il était avec la police en train d’inspecter les locaux pen­dant qu’ils jetaient dehors les vête­ments, les tables, les cou­ver­tures, les mate­las restants. Pen­dant qu’une pel­leteuse arrivait pour tout débar­rass­er, ils met­taient des grilles aux fenêtres. Mais la posi­tion du maire était con­nue, depuis le début il appelait à l’expulsion, parce que Chez Jesus “menaçait les activ­ités économiques du pays et fai­sait aug­menter le flux de migrants (en le ren­dant plus vis­i­ble) étant don­né qu’il don­nait de la nour­ri­t­ure et un endroit pour dormir”.

Ils ont tout de suite séparé, comme de juste d’après leur caté­gories, celleux qu’ils con­sid­éraient “migrants” et celleux qu’ils con­sid­éraient “anar­chistes”, “No Bor­der”, ou comme ils veu­lent. Les pre­miers ont été emmenés, pour un “con­trôle d’identité”, prob­a­ble­ment à la pro­cure de Bar­don­nèche. Il paraît que deux d’entre elleux ont été relâchéEs parce qu’ils étaient “en demande d’asile”. Le troisième, en revanche, a reçu un avis d’expulsion. Les autres ont tous été blo­qués pen­dant des heures par les cor­dons policiers et ont été inculpés. Ils nous ont expul­séEs parce que, comme cela avait était approu­vé à l’unanimité par le Con­seil de la Ville Met­ro­pol­i­taine de Turin le 5 octo­bre, il faut “ren­dre à la vraie poli­tique” (cit. Mon­i­ca Canalis, con­seil­lère PD, direc­tion mar­ket­ing Inte­sa San­Pao­lo). Ce qui sig­ni­fie, comme explic­ité par le nou­veau décret sécu­rité-immi­gra­tion de Salvi­ni, le con­trôle et la ges­tion totale de celleux qui arrivent en Ital­ie sans les “bons” papiers. Cela sig­ni­fie ren­dre “illé­gales” des mil­liers de per­son­nes grâce à l’élimination de la Pro­tec­tion Human­i­taire. Cela annonce plus de rafles, de cen­tres de réten­tions et de dépor­ta­tions. Ils veu­lent de nou­veaux esclaves, dis­posés à tra­vailler pour un rien, sous la men­ace con­stante des papiers ou du cen­tre de réten­tion. Et que s’ils réus­sis­sent à se rebeller ils seront blo­qués ou bien leur demande d’asile sera révo­quée, étant don­né qu’à présent la par­tic­i­pa­tion seule à une man­i­fes­ta­tion suf­fit à être caté­gorisé “sujet dangereux”.

Chez Jesus s’est tou­jours opposé à toutes les formes de sélec­tion et de con­trôle. Dans ce refuge, per­son­ne ne demandait ses papiers à per­son­ne, per­son­ne ne gérait, per­son­ne ne con­trôlait. C’était un lieu pour s’organiser ensem­ble con­tre les fron­tières, pour celleux qui veu­lent les tra­vers­er et celleux qui veu­lent les détru­ire, de façon libre et auto­gerée, afin que cha­cunE puisse choisir où et com­ment vivre, sans qu’une fron­tière ne brise la vie et les choix. A l’extérieur du busi­ness de l’accueil et de l’expulsion, loin du busi­ness des passeurs.

L’évêque de Susa, A. B. Con­falion­ieri, a exprimé sa sat­is­fac­tion par rap­port à l’opération d’expulsion menée par les forces de police. C’est un prêtre qui nous a dénon­cés. C’est avec l’Eglise que la Pré­fec­ture a pré­paré l’expulsion, en sauvant sa face avec l’ouverture du lieu à Oulx. Et comme le rap­pelle ce même Evêque, “l’église val­su­sine a col­laboré avec d’autres struc­tures pour ouvrir le nou­veau cen­tre d’accueil à Oulx, plus adap­té aux exi­gences des étrangers”. C’est à dire : un lieu ouvert de huit heures du soir à huit heures du matin à 15 kilo­mètres de cette fron­tière que celleux qui veu­lent aller en France essaient de tra­vers­er et où les per­son­nes sont refoulées.

L’Eglise pos­sède 20% du pat­ri­moine immo­bili­er présent en Ital­ie, pour une valeur de plusieurs mil­liers de mil­liards d’euros. Un empire de briques, en pra­tique. Une multi­na­tionale immo­bil­ière, pleines de struc­tures et d’argent. Qui d’un côté fait sa pro­pa­gande à coup de rhé­torique “de l’accueil”, de l’autre qui expulse un local ayant don­né refuge à des mil­liers de per­son­nes pen­dant ces 7 mois sous la béné­dic­tion de l’église, et qui s’implique sans la ges­tion et dans le con­trôle des migrants.

C’est aus­si pour ça qu’ils ont expul­sé Chez Jesus. Ques­tion d’argent, en plus de politique.
Et ils sont tous con­tents. L’Etat français et ses gardes, qui réus­sis­sent à mieux garder le con­trôle du flux de per­son­nes dirigé vers la France. L’Etat ital­ien, qui n’aime ni les lieux ni les espaces auto­gérés, fait respecter sa loi et “rend à la pro­priété régulière” les locaux appar­tenant à l’église. L’Eglise, pro­prié­taire des locaux; ses coopéra­tives qui se fer­ont de l’argent sur la ges­tion du lieu ouvert à Oulx. Les activ­ités com­mer­ciales de Clav­ière, qui espèrent voir ain­si dis­paraître les migrants de pas­sage dirigés en France qui détru­isent le tourisme.
Le fer­railleur de Gra­vere, qui s’est fait des sous en met­tant les grilles aux fenêtres. L’entreprise qui a expul­sé physique­ment le lieu et tout jeté à la décharge.
Cha­cunEs a ses respon­s­abil­ités. Nous ne l’oublierons pas.

Nous invi­tons toutes et tous à des actions dif­fus­es. Con­tre les fron­tières et leur dis­posi­tif. Nous rap­pelons par ailleurs que l’Eglise a tout de même un rôle de pre­mier plan dans notre expulsion.

Des infos sur https://valleesenlutte.noblogs.org/
Email de con­tact: info@passamontagna.info

Suiv­re la page Face­book “Chez Jesus — Rifu­gio Autogestito” 

Lougar Rayn­marth


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