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Zehra Doğan a tenu à participer à sa manière aux mobilisations de par le monde, initiées après l’assassinat aux Etats Unis de George Floyd. Elle l’a fait à distance, à Paris, sur le mur Rosa Parks, avec le premier numéro d’un journal mural : “The Hard Times”.
A distance, parce qu’elle est elle-même jusqu’à aujourd’hui non acceptée aux Etats-Unis, considérée comme potentiellement “dangereuse”, du fait d’avoir été condamnée pour un dessin qu’elle fit de la ville de Nusaybin détruite par les forces armées turques. Ce même dessin qui fut projeté à New York par le street artist Banksy, au dessus de la fresque qu’il réalisa à l’époque pour attirer l’attention sur son emprisonnement.
Zehra Doğan artiste et journaliste, libre aujourd’hui et nomade en Europe, sait dans sa chair, parce que née Kurde, ce qu’est la négation de la vie de l’autre, face à des systèmes étatiques oppresseurs et monotypes, comme l’est la Turquie nationaliste. Le racisme y règne en idéologie permettant de considérer l’autre comme inférieur, sans existence propre.
Dans ses lettres de prison, elle décrit par exemple comment, avec ses yeux d’enfant, elle rencontra très tôt ce racisme, à l’école, ou sous la forme d’une pancarte illustrant un lieu où se rassemblait la main d’oeuvre kurde, où était écrit en grosses lettres “Place des chiens”.
Alors, face à l’assassinat public de George Floyd, face au visage du policier meurtrier alors si sûr de son impunité, ne pouvait que ressurgir un sentiment de colère d’abord, de sororité ensuite. L’histoire des oppressions et des dominations est accompagnée de ses cortèges racistes, justifiant l’innommable, et sous un “universalisme” mono-couleur parfois, niant toutes réalités quand cela est nécessaire.
Zehra est journaliste et artiste, en même temps. C’est donc ainsi qu’elle réagit à cette émotion mondiale et y pose à sa manière un acte. Et cet acte se présente comme le début d’une série d’autres. Car les “heures noires” sont légions partout au monde.
Elle a voulu également que cet acte soit toujours collectif, et concrètement mis en oeuvre et en forme au plus près chaque fois, là où elle ne peut être physiquement, par des acteurs locaux, comme ici à Paris. Merci encore à eux/elles.
Vous pouvez trouver la traduction du journal sous l’image.
THE HARD TIMES | Oppression creates its own resistance
Edition transnationale — Paris — Juin 2020 — n° 1
Crée par Zehra Doğan – Editrice : Naz Oke – Rédaction : Lucie Bourges
BLACK LIVES MATTER
Le 25 mai 2020, George Floyd fut assassiné en plein jour, et devant des témoins qui protestaient, par un officier de police, avec l’aide de trois autres, privant de vie un autre être humain qui ne le menaçait d’aucune façon. La seule différence entre ce meurtre et tant d’autres: l’événement fut filmé et le film provoqua colère et indignation justifiées à travers le monde.
Les protestations durent depuis des jours, avec des milliers de personnes défilant dans les rues, dénonçant le racisme aux Etats-Unis mais aussi dans tous les autres pays où la couleur de la peau, les traits du visage ou la langue maternelle et les coutumes servent de prétextes pour exclure, opprimer, priver de l’accès aux droits humains, et à la vie elle-même.
LES TEMPS DURS APPELLENT À L’ACTION.
QUI QUE VOUS SOYEZ :
VOUS POUVEZ FAIRE PARTIE DE LA SOLUTION !
“Dans une société raciste, il ne suffit pas d’être non-raciste, nous devons être anti-racistes.”
Angela Davis
“Si vous êtes libre, vous devez libérer quelqu’un d’autre. Si vous avez un quelconque pouvoir, alors il vous appartient d’y faire accéder quelqu’un d’autre.”
Toni Morrison
Que votre nom soit célèbre ou inconnu n’a aucune importance : seul vos actes comptent.
Personne ne connaissait Sojourner Truth jusqu’à ce qu’elle s’évade de l’esclavage et s’en prenne au système permettant d’acheter et de vendre des êtres humains comme des meubles.
Personne ne connaissait Harriet Tubman avant que son nom ne soit familier pour avoir aidé d’autres esclaves à se libérer, et pour s’être battue pour le vote des femmes.
Si on se souvient de la journaliste noire Ida B. Wells, c’est parce qu’elle a lancé une campagne anti-lynchage et qu’elle est devenue l’une des fondatrices de la NAACP.
En refusant de quitter son siège dans un bus, Rosa Parks fut à l’origine du plus grand boycott dans l’histoire contre la ségrégation raciale, ce qui amena la Cour à décréter anticonstitutionnelle la ségrégation sur les transports publics.
Des militantes telles que Elaine Brown ou Angela Davis poursuivent leurs luttes pour la vérité et la justice, que leurs noms soient dans les informations ou non.
Les centaines de milliers qui manifestent aujourd’hui, disent haut et fort:
LE VIE DES NOIRS COMPTE !
Il n’y a place pour le racisme NULLE PART!