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Ce mercredi 4 mai 2022, dans la ville de Berlin, se déroule le premier acte d’une mobilisation que ses initiateurs/trices, espèrent voir s’élargir en Europe, pour faire connaître l’indignation que provoque le récent verdict du dit “procès Gezi”.
Les peines prononcées contre huit “inculpé.es”, de façon indigne, dans ce qui est un processus de vengeance du régime, par injustice interposée, ne peuvent être acceptées.
Osman Kavala, condamné à une perpétuité incompressible, et les 7 autres, doivent être soutenus et ce verdict doit faire l’objet d’une condamnation internationale pour atteinte aux droits humains fondamentaux, et en particulier le droit de s’opposer à un régime qui soumet son peuple.
Cinq personnalités se sont regroupées pour une “marche-manifestation” d’un type particulier à Berlin. Ces cinq personnalités ont toutes connues les prisons turques…
Voici le communiqué qu’elles nous ont fait parvenir :
Nous ne reconnaissons pas les verdicts du procès du Parc Gezi !
Le 4 mai à Berlin, nous marcherons pour protester contre les condamnations sans fondement d’Osman Kavala et les sept militants des droits humains en Turquie.
“Taksim partout, résistance partout !”
Au cours de l’été 2013, la Turquie a été le théâtre des manifestations les plus populaires de son histoire. Cet été-là, le gouvernement d’Erdoğan avait annoncé sa décision de construire un centre commercial dans le parc Taksim Gezi, au centre d’Istanbul, et avait commencé à abattre des arbres pour y parvenir, en une nuit. Cette nuit-là, d’abord de jeunes écologistes, puis des résidents locaux, et enfin la population d’Istanbul ont afflué vers le parc pour protéger les arbres. Lorsque le gouvernement a riposté et mis le feu aux tentes installées dans le parc, la place Taksim est devenue un lieu de résistance où des milliers de personnes se sont réunies. Cette solidarité s’est soudainement transformée en une manifestation à laquelle ont participé des millions de personnes dans toute la Turquie. L’ordre du jour n’était plus le parc, mais la pression du gouvernement, la dégradation de l’environnement, l’imposition d’un type de vie uniforme. Ces manifestations pacifiques se sont terminées dans un bain de sang, la police brutalisant la foule : 10 personnes ont été tuées.
Estimant que les manifestations du parc Gezi étaient une tentative de révolution provoquée par l’Occident pour le renverser, Erdoğan et son gouvernement ont tenté de se venger, en maintenant l’homme d’affaires Osman Kavala, un pionnier de la société civile, en prison pendant 4,5 ans, sans décision judiciaire. La semaine dernière, Osman Kavala a été condamné à la prison à vie par la décision du panel de juges, et qui comprenait un juge qui avait déjà été nommé au parlement par le parti au pouvoir. Alors que sept militants des droits de l’homme qui ont lutté pour la conservation du parc Gezi, Mücella Yapıcı, Can Atalay, Hakan Altınay, Çiğdem Mater, Tayfun Kahraman, Mine Özerden, Yiğit Ali Ekmekçi, ont été condamnés à 18 ans de prison chacun et emprisonnés. Il s’agit d’une punition prononcée non seulement pour eux, mais aussi pour les près de 10 millions de personnes qui ont participé aux manifestations de Gezi.
Erdoğan et son gouvernement profitent de la préoccupation du monde pour la guerre en Ukraine pour augmenter la pression et prolonger sa vie politique qui s’épuise. Nous, en tant qu’anciens détenus ayant fait l’expérience de ces prisons où des dizaines de milliers de dissidents purgent encore leur peine en Turquie, déclarons que : Nous ne reconnaissons pas les décisions de Gezi, de ce système judiciaire injuste du régime. Nous lançons un appel pour protéger les défenseurs des droits de l’homme et de la société civile condamnés pour montrer notre solidarité avec les millions de personnes qui ont participé aux manifestations.
Mercredi 4 mai 2022, à 11h00, pour exiger des actions concrètes en faveur des droits humains, nous nous réunirons dans l’enceinte de la résidence du Premier ministre. Nous nous rendrons ensuite au Parlement, pour exiger la solidarité avec les forces démocratiques de Turquie.
Nous nous dirigerons ensuite vers le bureau de l’Union européenne pour demander à la Cour européenne des droits humains d’agir de manière décisive pour faire appliquer ses décisions. Et notre dernier arrêt sera l’Ambassade de Turquie pour protester contre le régime répressif d’Erdoğan et de son parti.
Une reproduction d’une cellule de la prison de Silivri, la plus grande prison d’Europe, située dans la banlieue d’Istanbul, et qui symbolise le régime répressif de la Turquie, accompagnera cette marche.
Des représentants de Reporters sans frontières et d’Amnesty International seront également parmi nous lors de cette marche pour manifester leurs objections.
Nous vous invitons toutes et tous à suivre cette manifestation.
ASLI ERDOĞAN
DENİZ YÜCEL
PETER STEUDTNER
ZEHRA DOĞAN
CAN DÜNDAR
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