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La libéra­tion de Tev­fik Kalkan, détenu en prison depuis trente ans, à été repoussée d’un an.

Tev­fik Kalkan, 55 ans, incar­céré dans la prison de haute sécu­rité de type F de Tekir­dağ, depuis 30 ans, a vu sa déten­tion pro­longée d’un an, bien qu’ayant accom­pli la total­ité de sa peine.

La prési­dence du Con­seil des peines , après avoir étudié la ques­tion de la libéra­tion de Kalkan, a estimé que “les con­di­tions n’étaient pas réu­nies”.

Le recours de Kalkan auprès du juge d’exécution des peines à été rejeté.

Quoi qu’ils écrivent, cela devient une raison”

Incar­céré depuis 30 ans, Kalkan souf­fre par ailleurs d’une hépatite B, d’un ulcère, de démangeaisons chroniques et d’ec­chy­moses diverses.

Face à ce sur­sis à l’exécution de sa libéra­tion, Kalkan envoie le mes­sage suiv­ant au jour­nal­iste Hüseyin Akyol :

A par­tir d’aujourd’hui, le 20 sep­tem­bre 2021, j’ai purgé ma peine de 30 ans et je devrais être libéré. c’est une déci­sion totale­ment arbi­traire, sans aucun fonde­ment juridique, qui a empêché ma libéra­tion en décré­tant : ‘Nous ne le lâcherons pas’. Pour quelle rai­son ? Quoi qu’ils écrivent ‚cela for­mera une rai­son ! Et pour­tant je four­nis tous doc­u­ments et infor­ma­tions. Il y a peu, j’ai adressé un recours au juge d’application des peines.

Les règle­ments qui s’appliquent à ceux qui sont dans l’établissement depuis le 1er jan­vi­er 2021 devraient égale­ment s’appliquer pour nous. Nous sommes là dans une sit­u­a­tion incom­pat­i­ble avec les principes élé­men­taires du droit .Je ne suis pas le seul dans ce cas. Avec Şakir Bül­bül, Aydın Akdoğan et İsm­ail Yakın, nous sommes 4 dans le même cas. Un autre aspect de notre prob­lème, c’est que les con­damnés à moins d’un an de prison sont trans­férés dans les pris­ons de leur sous-pré­fec­ture. Mais cette dis­po­si­tion non plus ne nous est pas appliquée. Pour­tant nous sommes, ici comme ailleurs, tous soumis au même min­istère de la Jus­tice. J’ai posé la ques­tion mais n’obtiens aucune réponse.”

Motif du refus de transfert : “a cassé la radio” qu’il avait payé lui-même…

Réagis­sant au refus de libéra­tion de son frère, sa sœur aînée, Cevriye Kalkan, explique que son frère souf­fre des nom­breuses con­séquences physiques de sa longue incar­céra­tion. “Il souf­fre en par­ti­c­uli­er de sérieux prob­lèmes d’estomac et musculaires”.

Toutes ses démarch­es pour obtenir la libéra­tion ou le trans­fert de son frère ont été refusées sous des pré­textes fal­lac­i­eux. Il aurait cassé la radio qu’il avait lui-même payée… Il n’aurait pas obéi au règle­ment sur l’épargne… C’est ce genre de répons­es insen­sées que l’ont nous donne.”

La direc­tion de la prison de Tekir­dağ à refusé les deman­des de libéra­tion de nom­breux détenus sous des pré­textes ridicules et des actes totale­ment banals.

Par­mi eux, ‘Il n’a pas emprun­té de livres à la bib­lio­thèque’, ‘N’a pas obéi aux règles d’hy­giène’, ‘N’obéit pas aux règles de cham­brée’ ou ‘a par­ticipé à une grève de la faim’. Pour mon frère, l’argument à été qu’il ne mon­trait pas assez de signes de repen­tance et ne saurait donc pas s’insérer dans la société.

Il n’y a aucune jus­ti­fi­ca­tion pour que la com­mis­sion de suivi main­ti­enne Kalkan en déten­tion. Ni légale, ni humaine. À présent, il faut nous bat­tre, lui depuis sa prison, nous dehors. Comme Tev­fik, ils sont des cen­taines de détenus à subir le même sort. Il faut que les détenus ayant accom­pli leur peine soit libérés au plus vite.”

D’autres cas sont portés à notre atten­tion : en octo­bre égale­ment, la libéra­tion du pris­on­nier malade Menderes Ley­la a été reportée de 6 ans, en rai­son de sanc­tions dis­ci­plinaires d’il y a 10 ans. En sep­tem­bre, deux dossiers ont été réou­verts con­tre Resul Bal­tacı, qui a été empris­on­né pen­dant 29 ans, et ce 1 an avant sa libéra­tion. La peine de Bal­tacı vient d’être aug­men­tée de 36 ans à 45 ans. Et ce ne sont que les cas con­nus et recensés.

Les pris­on­niers poli­tiques con­damnés par le régime mil­i­taire des années 1990, qui n’avaient pas été libérés après la réforme car­cérale de 2002 et leurs longues luttes, arrivent aujour­d’hui en fin de peine, très sou­vent affaib­lis et malades. Beau­coup de ces pris­on­niers libérés au début des années 2000 étaient déjà sou­vent ren­trés chez eux pour y mourir, au vu des sévices, tor­tures et pri­va­tions qu’il avaient subi en prison.

Sur cette péri­ode des libéra­tions d’après longues luttes, Kedis­tan ne peut que vous recom­man­der le très beau film du réal­isa­teur turc Özcan Alper, “Son­ba­har”, “Automne” en français. Ce film peut per­me­t­tre une intro­duc­tion à une soirée de sou­tien, par exemple

L’actuel partage du pou­voir avec le par­ti MHP, ultra-nation­al­iste,  y est pour quelque chose, dans l’acharne­ment con­tre les derniers pris­on­niers de cette péri­ode dont ils ont été les bour­reaux actifs.

Et cet arti­cle annexe sur Kedis­tan, pour envis­ager une autre action de sou­tien aux otages poli­tiques en Turquie.

Mise à jour du 13 novem­bre 2021:

Tev­fik Kalkan, 55 ans, qui a été empris­on­né pen­dant 30 ans, a été libéré tard dans la nuit de la prison fer­mée de haute sécu­rité de type F de Tekir­dağ n° 2 F.

Avec la contribution de Anne-Laure pour la traduction.
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