Le 22 mars, “Journée mondiale de l’eau”, j’avais lancé un appel pour devenir chacunE des gouttes d’eau de vie, pour l’humain, l’animal, la nature et l’eau… et proposé un périple en canoë, de Bordeaux jusqu’à Marseille, pour déposer une déclaration auprès du Conseil de l’eau. ———
Appel : En canoë vers le Conseil mondial
J’ai tenu parole et pris la route aquatique…
Voici quelques notes que j’ai pu tenir et transférer vers Kedistan, avec les moyens du bord.
Vous pouvez me suivre aussi sur la page Facebook dédiée à ce voyage et sur mon compte personnel.
Si vous voulez lire les étapes précédentes, les voilà : 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7
En turc : Sadık Çelik • Su hakkı için su yollarına düşmek | 8 Final
JOURNAL DU BORD 8
14 août 2017
Bonjour,
Aujourd’hui c’était un peu compliqué… Je suis parti d’Arles, mais avant que je puisse sortir du port un vent très violent s’est levé. Je me suis posé et attendu que le vent et les vagues se calment. Lorsque tout est redevenu normal, je me suis mis de nouveau sur ma route. Pour être sûr, j’ai demandé la confirmation à un passant. Il m’a indiqué le sens que je devais prendre vers Martigues. Alors je suis parti. En avançant, je me rendais compte qu’il y avait un problème, car je connaissais les paysages que je traversais. J’ai compris alors que pagayais depuis une demie heure dans le sens inverse. Dans le même temps, le vent s’est encore levé. Il soufflait très fort et il m’était impossible d’avancer contre lui. La seule chose que je pouvais faire était de prendre le vent dans le dos, et de continuer. Je me suis finalement refugié à Tarascon.
En résumé, aujourd’hui je n’ai pas pu avancer, mais j’ai au contraire reculé ! La méteo annoncée prévoit à nouveaux vents forts et vagues. J’ai alors décidé de changer de stratégie. Ce soir ou demain matin de bonne heure, je prendrai le bus pour retourner à Arles. Je pense ainsi, rattraper mon chemin aquatique, là où je l’ai perdu.
Dans tout cela, le chariot que j’utilise pour porter mon matériel s’est cassé au niveau des roues. J’ai essayé de le réparer, il paraissait irréparable, mais j’ai tout de même réussi en partie. Seulement, je pense qu’il va pouvoir me servir seulement jusqu’à la gare, enfin je l’espère. J’ai comme une impression qu’on va se séparer là-bas. Et sachant qu’à partir de ce moment, je vais devoir compter seuls sur mes bras et mon dos, j’ai commencé à retirer le superflu de mon matériel.
Pour vous écrire, j’ai trouvé un café Internet, mais il y avait un match de foot et leur connexion assurait la transmission. Je publie alors ce message communiqué par téléphone, par l’intermédiaire de Kedistan. Si mon retour à Arles est retardé a demain matin, pour vous écrire de nouveau, je vais tenter une deuxième possibilité de connexion, depuis un camping que j’ai repéré, s’ils veulent bien me dépanner.
Pour l’instant c’est tout…
15 Août 2017
Je vous avais écrit hier, que j’avais vécu un moment difficile après une indication erronée, qu’ensuite, devant la colère du vent et des vagues, j’avais plié le genou devant la nature, pris le vent dans mon dos et continué, pour me réfugier à Tarascon. Je partage avec vous aujourd’hui, les images de cette journée.
La nuit à Arles, sous le pont, abrité sous la tente…
Mes tentatives pleines d’espoir, mes essais de “peut être”, pour redémarrer mon ordinateur en panne, n’ont malheureusement rien donné.
A Arles, au départ, j’ai attendu un court moment Arles’da pour que le vent se calme. Je n’avais pas d’autre choix que de retirer le canoë et le matériel de l’eau. Poser dans un coin et attendre.
Juste avant de me faire attraper par le vent, en quittant Arles, sur un minuscule îlot de rocher, je consulte la carte en me disant “il y a un hic !”
Le ciel est si bleu, et le temps est si clément, vous ne trouvez pas ? Mais dans un court moment, le ciel et l’eau vont m’annoncer une grande colère et je vais me jeter sous les jupes du Château de Tarascon.
Comme cela m’a été difficile de calmer la plainte de mes bras épuisés à pagayer. Cette fatigue là, il n’y a que mes bras qui peuvent la connaitre et moi…
Ce matin, je suis retourné à Arles, que j’avais quitté en prenant la mauvaise direction. Je comptais reprendre mon itinéraire aquatique, à l’endroit où je l’avais quitté. Je m’y suis rendu en train, avec tout mon matériel chargé sur un chariot boiteux. Heureusement la gare où je devais descendre, se trouvait tout près du port où je dois repartir en canoë.
Voilà mon chariot qui s’est cassé hier soir, pendant que je préparais mon matériel pour prendre le train, que d’ailleurs j’ai raté. Le chariot s’est mis en morceaux, alors que, déjà sur les nerfs, j’essayais de le réparer… A la gare d’Arles nos chemins se sont séparés, à jamais…
Comme on dit en turc, “Qui aime la rose, supporte ses épines”. Désormais, je vais tout porter à la force des bras et de mon dos.
16 Aout 2017
Et enfin, la finale : Port Saint Louis du Rhône !
Mon voyage en canoë vers le Conseil Mondial de l’Eau, qui durait depuis 2 mois, s’est terminé aujourd’hui sur le coup de midi, à son terminus, à Port Saint Louis du Rhône. Mais la vraie finale se déroulera bien sûr au conseil Mondial de l’Eau à Marseille. Je vais tenter d’obtenir un rendez-vous pour déposer ma lettre. Je vais donc rester ici, encore un moment. Mon “tour de garde” pour vous toutes et tous, les défenseurEs de l’eau se poursuit…
La déclaration que je vais présenter au Conseil au nom de touTEs les amiEs de l’eau, exprimera la parole de tous les êtres vivants de la planète. Le texte sera sera publié simultanément à sa présentation.
Je tiens à remercier, depuis Port Saint Louis du Rhône, en commençant par l’équipe de Kedistan et Alakır Nehri Kardeşliği (Fraternité Rivière Alakır), toutes celles et à tous ceux qui ont exprimé leur solidarité, et co-signés le texte.
Merci encore une fois à Filiz Pakkan, pour cette carte qui accompagne si bien mon arrivée. Merci pour ta sensibilité et pour ton travail Filiz !