Le 22 mars, “Journée mondiale de l’eau”, j’avais lancé un appel pour devenir chacunE des gouttes d’eau de vie, pour l’humain, l’animal, la nature et l’eau… et proposé un périple en canoë, de Bordeaux jusqu’à Marseille, pour déposer une déclaration au Conseil de l’eau.
Appel : En canoë vers le Conseil mondial
J’ai tenu parole et pris la route aquatique…
Voici quelques notes que j’ai pu tenir et transférer vers Kedistan, avec les moyens du bord.
Vous pouvez me suivre aussi sur la page Facebook dédiée à ce voyage et sur mon compte personnel.
Si vous voulez lire les étapes précédentes, la première partie est ici et la deuxième est là.
En turc : Sadık Çelik • Su hakkı için su yollarına düşmek | 3
JOURNAL DE BORD 3
18 Juillet 2017
Tout au long de ma route, tous les voyageurs que je croise, qu’ils soient sur un canoë, un vélo ou un bateau, et les responsables des écluses, me demandent pourquoi j’ai choisi ce voyage fatiguant. Ils veulent savoir où et comment je suis hébergé, comment je me nourris, comment je suis financé, si j’ai des sponsors.
Je leur explique que j’ai entrepris ce voyage difficile en toute conscience et avec conviction, et qu’il ne s’agit pas des vacances, ni d’un voyage d’aventures, et qu’il a pris forme sur une revendication concernant l’eau qui est la raison pour que l’être humain, la nature, les animaux et toute la pluralité de la Terre puissent exister. Je leur explique que l’eau est un cadeau que la nature nous offre, qu’elle ne peut pas être marchandisée. Je leur raconte que les sécheresses, la soif, les guerres actuelles et à venir sont les conséquences des interventions humaines plutôt que de simples changements de climat. Je leur dis, que dans la dernière course de notre planète, à la fin de sa vie, il reste encore un espoir de construire une vie alternative et écologique, durable et pour tous. Je leur dis que pour cela, le contrôle et pillage des sources naturelles doivent cesser. Et je termine, en leur disan également que pour y arriver, chaque individu doit prendre position, faire son possible à son niveau…
Ensuite, je leur explique comment cela se passe pour moi. Je leur dis que ma route aquatique est clémente et généreuse, et qu’elle me surprend avec des offrandes incroyables… Ils comprennent alors, que je n’ai pas besoin de sponsor, et que j’essaye de réaliser ce projet à la hauteur de mes propres moyens.
A peu près toutes les personnes que je croise, me répondent qu’il s’agit d’une démarche faite courageusement pour toute l’humanité, et que tout le monde ne pourra pas en faire autant. Ils me félicitent, me souhaitent bonne chance et courage, et montrent leur solidarité avec de petites offrandes. Et ils disent tous cette fameuse expression française “Je lève mon chapeau devant vous”.
19 Juillet 2017
J’ai quitté Carcassonne sous un vent fort et capricieux. Et, pour la suite, il ne m’a pas quitté. J’ai continué bras dessus, bras dessous avec le vent rebelle du Sud. Je suis actuellement dans la jolie petite ville de Thèbes, en pause midi… J’en profite pour charger les batteries de mon appareil photo et des autres appareils. Dans peu de temps, je vais redescendre vers l’eau. Bien évidemment, avec le vent…
Il y a quelques minutes, Facebook m’a averti pour la météo. Il est possible que je sois obligé de rester ici, à Thèbes.
Bonjour Sadık !
24° | Risque de tempête avec éclairs | Maximale 25° Minimale 20°
Actuellement il pleut dans L’Aude, Languedoc-Roussillon. Aujourd’hui la température la plus basse sera de 20°. Cette nuit sera nuageuse.
20 Juillet 2017
Je remercie à la nature pour sa générosité et pour le “droit du passant” comme on dit en turc, que ma route aquatique m’offre, tout au long de ma traversée.
Il est possible de vivre en harmonie et en paix avec la nature, à tout moment, en respectant son accueil et tolérance… Mais quand on abuse d’elle, elle ne nous laisse pas et ne nous laissera pas sans faire payer le prix en nous faisant subir de petites ou grandes catastrophes. Inondation, séisme, tornade, tsunami… Lequel préférez-vous ?
Hier je n’ai pas pu quitter Thèbes… Parce qu’au moment où j’ai mouillé le canoë, la pluie a commencé. J’ai transporté le canoë et mon matériel à la hâte au sec, et j’ai installé ma tente dans un endroit adéquat. Mais le canoë a reçu beaucoup de pluie. Ce matin, je l’ai mis à sécher. En ce moment le soleil est de retour et dans une heure mon canoë sera prêt à repartir.
Sur mon chemin de l’eau, temps de mûres… Et deux escargots… La nature, équitable, offre des fruits à l’homme et l’animal, avec une générosité égale.