Aujourd’hui, c’est la “Journée mondiale de l’eau”. Et en ce jour spécial, je fais un appel international.
Je vous appelle à la lutte pour l’humain, l’animal, la nature et l’eau… Pour devenir chacunE des gouttes d’eau de vie…
Comme vous le savez, le capitalisme avance vers l’hégémonie sur les sources d’eau mondiales, notre eau…
Les forêts amazoniennes, Dakota, Honduras… Mer Noire, les rivières de Munzur, Alakır, sont en danger. Les centrales thermiques, les pipelines pétroliers menacent les êtres vivants et la planète. Si nous ne disons pas stop aujourd’hui, dans l’avenir, l’eau deviendra pour nous, inaccessible, le droit à l’eau, un droit vital et fondamental disparaitra, et le XXI ème siècle sera scène de guerres de l’eau provoquées par le capitalisme. Il est possible de lutter pour empêcher cela. Les peuples qui luttent contre le barrage de Belo Monte en Amazonie, Berta Caceres qui sacrifie sa vie pour le droit à l’eau, en Turquie, les défenseurEs de la nature, qui luttent pour protéger les rivières de Munzur à Dersim, Alakır à Antalya, et dans la région de Mer Noire, ne cessent de crier de toute leurs forces, que cette lutte est possible et qu’elle doit être menée dès aujourd’hui.
En tant que militant et habitant de la ZAD, je souhaite faire appel avec un projet, à touTEs les défenseurEs de la nature qui voudraient être une petite goutte dans cette lutte :
Dans la période printemps-été, seriez-vous partantEs pour une traversée en canoë, en suivant les canaux de Bordeaux à Marseille, pour aller y déposer la “Déclaration mondiale sur l’eau” qui dit que l’eau est un droit, et qu’elle ne peut donc pas être considérée comme marchandise. Chiche ?
Mise à jour du 7 juin 2017
La date du départ est annoncée : le 18 juin 2017…
Je débuterai mon voyage à pied, après une déclaration que je ferai depuis la zone autonome ZAD NDdL.
La partie aquatique débutera à Bordeaux. En canoë, je suivrai le Canal du Midi, et passerai par Toulouse, Carcassone, Narbonne, Béziers, Agde, Sete… Ensuite, je rejoindrai le canal entre Avignon et Marseille, et j’y terminerai au Conseil Mondial de l’eau.
Le voyage se déroulera avec des moment de repos dans la journée et des nuitées sous tente sur le parcours des canaux. J’estime la durée de deux à trois semaines, et je souhaite faire 60 km. Vous pouvez suivre le journal du voyage, en textes, photos et vidéos sur la page Facebook qui lui est consacrée.
Vous pouvez me joindre en écrivant à sadık.çelik@kedistan.net
Türkçe > Çağrı : Dünya Su Konseyi’ne kano yolculuğu
La Journée mondiale de l’eau est une journée internationale instituée par l’Organisation des Nations unies. Proposée dans l’Agenda 21 au cours du sommet de Rio en 1992 et adoptée le 22 février 1993 par l’Assemblée générale des Nations unies, elle se célèbre le 22 mars de chaque année avec des thèmes différents.
Le Conseil mondial de l’eau est une collaboration internationale d’ONG, de gouvernements et d’organisations internationales pour résoudre les problèmes liés à l’eau dans le monde. Fondée en 1996, son siège se trouve à Marseille. Elle regroupe en 2013 plus de 350 organisations à travers 50 pays. Un forum est organisé tous les trois ans dans un pays différent. Le dernier forum s’est déroulé à Istanbul en 2009. Et les précédents étaient à Mexico en 2006, à Kyoto en 2003, à Lahey en 2000, et à Marrakech en 1997.
Le forum mondial de l’eau est le principal événement international concernant les questions de l’eau, organisé tous les trois ans depuis 1997 par le Conseil mondial de l’eau, en partenariat avec le pays d’accueil. Il s’inscrit dans le processus de collaboration mondiale sur les problématiques liées à l’eau, en offrant aux politiques et aux décideurs concernés le seul espace international de débat et de contributions d’experts.
Le forum mondial de l’eau sert quatre objectifs principaux :
- donner de l’importance à l’eau sur l’agenda politique ;
- débattre des solutions aux problèmes de l’eau du XXIe siècle ;
- formuler des propositions concrètes et les porter à l’attention du monde ;
- générer un fort engagement politique.
L’envers de médaille
Une institution présentée de cette façon parait intéressante et bénéfique, mais il y a l’envers de médaille. Regardons donc de près :
Dans l’ère où tout est indexé sur le profit,L l’eau qui est un de nos besoins fondamentaux, est aussi considérée comme un bien commercial, confisqué, par la main des Etats ou/et des entreprises privées.
Pour aboutir à ce processus, instaurer et légitimer la vision “l’eau est une marchandise, celui qui l’utilise la paie”, les acteurs de cette transformation de l’eau en marchandise, se réunissent sous le toit des institutions et organisations, et se mobilisent lors de nombreux forums, conférences, sommets…
La première organisation créée pour “administrer” l’eau dans une dimension mondiale est le IWRA (Union des sources d’eau internationale) fondée en 1972. Aujourd’hui IWRA compte 1400 entreprises membres de 110 pays. Et il est un des organisations fondatrices du Conseil de l’Eau.
La première conférence internationale sur l’eau a été organisée en 1977, par les Nations Unies. Ensuite, en 1980, les Nations Unies ont déclaré les 10 années suivantes, comme “La période internationale, d’offre d’eau potable et d’amélioration des conditions d’hygiène”.
L’idée de fonder un conseil international pour l’eau est née lors du sommet de Rio de Janeiro en 1992. En 1992, lors du 8ème Congrès de l’eau, une assise spécifique a été consacrée à ce sujet et a abouti à une motion pour la fondation du Conseil mondial de l’eau. Son comité fondateur a été constitué et le Conseil a ouvert ses portes à Marseille.
Aujourd’hui le Conseil mondial de l’eau a 340 membres de 65 pays. Les plus grandes banques d’investissement mondiales, les entreprises les plus importantes, institutions étatiques, organisations de société civile, organisations corporatives en sont membres et siègent au comité administratif. On peut y voir les noms de Banque européenne d’investissement, Banque africaine d’investissement, Lyonnaise des Eaux, Price Waterhouse Coopers, Groupe Suez, Suez Environnement, AREVA…
Suez est actif dans plus de 130 pays, et vend de l’eau à 115 millions de personnes. Il commercialise avec Vivendi, 70% de l’eau négociée par les entreprises privées, et leur chiffre d’affaire annuel dépasse les 70 milliards de dollars. Ces deux enseignes sont celles qui profitent de la privatisation, achètent et gèrent dans plusieurs pays tels que Chine, Inde, Coré du Sud, Vietnam, Philippines, et en Amérique du Sud…
Par exemple en Turquie, la privatisation effectuée par la Mairie d’Antalya a mis l’eau de cette région dans la main de Suez Lyonnaise des Eaux.
La Turquie est membre du Conseil de l’eau, et elle est avec ses 41 membres, en 3ème position. Cela se traduit par le fait que les entreprises et organisations de Turquie constituent 13% des membres du Conseil de l’eau. Parallèlement aux institutions étatiques concernant l’eau, la grande majorité des membres sont des entreprises qui sont actives dans les domaines de la construction, l’ingénierie, ou comme promoteurs immobiliers. Ceylan İnşaat (Construction), Doğuş İnşaat, Ecetur, Eren İnşaat, Güriş İnşaat, İçtaş İnşaat, Kiska İnşaat, Limak İnşaat, Nurol İnşaat, Peker İnşaat, Tefken Holding, Yüksel İnşaat et le groupe Ünal en sont seulement quelques unes… Je note au passage que Peker Construction, appartient à Sedat Peker, “homme d’affaires”, parrain de mafia ultranationaliste soutenant Erdogan, qui avait déclaré “Nous allons faire couler votre sang en rivière… et nous nous doucherons avec !” à propos des “Universitaires pour la paix”.
Le point commun entre ces entreprises de construction et d’ingénierie est le fait qu’elles travaillent dans des domaines liés à l’eau, comme la construction des barrages, infrastructures de l’eau, installations de stations d’épuration des eaux usagées etc. et qu’elles collaborent avec des grandes entreprises mondiales de l’eau.
Bien que le Conseil de l’eau déclare son objectif comme étant d’ ”améliorer les conditions et l’accès”, quand il est question de “la durabilité des ressources” et “de service de l’eau pour tous”, et l’insuffisance de moyens d’investissement des pays qui ont été empêchés de progresser, il propose comme solution : la croissance d’activité des entreprises privées pour un service de “qualité”. Ceci transforme le Conseil de l’eau, en une organisation qui ouvre le secteur de l’eau au secteur privé, leur permettant profit et monopolisation.
Contrairement au PDG de la Société des Eaux de Marseille, Loïc Fauchon, qui qualifie la gratuité de l’eau comme “un fléau”, nous considérons que l’accès à l’eau potable et gratuite est un droit fondamental.