Le som­met Europe Turquie a bien eu lieu, mal­gré le cli­mat mil­i­tarisé de Brux­elles, le refroidisse­ment des rela­tions entre la Turquie et la Russie, et la liste des sanc­tions pub­liée par Pou­tine qui s’en est suivi.

Ce ne sont pas des mil­i­taires dans les rues qui ont impres­sion­né Davu­toğlu et l’ac­cueil chaleureux à Brux­elles a vite fait oubli­er le rap­port d’é­tape, qui avait été pub­lié il y a peu, faisant état de « man­que­ments à la lib­erté d’ex­pres­sion », rap­port ren­for­cé par l’emprisonnement récent des jour­nal­istes de Cumhuriyet suite à un arti­cle rela­tant des livraisons d’armes par les ser­vices secrets turcs à des islamistes en Syrie. 
L’Eu­rope a telle­ment besoin d’un chien de garde pour les réfugiés de guerre, qu’elle est prête à renou­vel­er l’ex­péri­ence crim­inelle qu’elle avait financée avec Khadafi, dont on a con­nu les résul­tats depuis, en chiffres de morts et de “dis­parus”.
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La Turquie s’engage à faire bar­rage aux réfugiés en échange d’une con­trepar­tie finan­cière, d’une libéral­i­sa­tion des visas et de nou­velles négo­ci­a­tions pour l’adhésion à l’UE.
Rien de bien neuf vis à vis de ce qui était prévu depuis quelques mois, rien de changé non plus, mal­gré le dou­ble jeu d’Er­do­gan, sa poli­tique répres­sive, la big­o­terie qui explose, la guerre menée au Kur­dis­tan, les provo­ca­tions mil­i­taires en tant que mem­bre de l’Otan, la con­di­tion déjà désas­treuse des réfugiés syriens sur le sol turc. L’Eu­rope est pressée de fer­mer le rideau de fer.
Le prési­dent du Con­seil européen, Don­ald Tusk, a con­fir­mé le mon­tant de trois mil­liards d’euros pour aider la Turquie à pren­dre en charge les réfugiés syriens sur son sol. Davu­toğlu a affir­mé que cet argent « ne servi­ra pas à la Turquie mais bien aux réfugiés ». Fer­mez le ban !
Davu­toğlu et Tusk ont salué « un nou­veau départ » 
De fait, l’évènement revêt une sym­bol­ique par­ti­c­ulière pour la Turquie, qui n’avait pas par­ticipé à un som­met européen depuis onze ans. « Nous sommes une nation européenne ; la des­tinée de notre con­ti­nent appar­tient à vous tous » a lancé le Pre­mier min­istre lors de la réu­nion, ajoutant l’importance de l’adhésion turque à la « famille européenne », non seule­ment pour l’UE et la Turquie, mais « pour la paix globale ».
Une « paix glob­ale » qui passe pour le moment par la guerre, le silence européen sur la pour­suite de la répres­sion con­tre le Kur­dis­tan turc, l’as­sas­si­nat d’av­o­cats, les ten­ta­tives d’as­sas­si­nat du dirigeant de l’op­po­si­tion, la dis­sim­u­la­tion du busi­ness avec Daech…
Bref, la belle Europe de la paix a les étoiles qui trem­pent dans le sang et la mis­ère, pour sauver ses fesses.
erdogan-europe-Stuttmann
 
C’est pourquoi nous n’avons aucune réelle illu­sion sur la demande de Reporters sans fron­tières, pour­tant présen­tée en marge du som­met, de l’ex­i­gence de libéra­tion des jour­nal­istes emprisonnés.
Si celle-ci n’est pas accom­pa­g­née d’une plus large mobil­i­sa­tion, sachant qu’elle a con­tre elle à la fois l’hypocrisie des dirigeants européens et Erdo­gan, nous pou­vons douter des chances d’aboutir.
Les dirigeants européens sont en train de tir­er un voile noir sur le con­ti­nent, gra­cieuse­ment fourni par l’AKP, pour jus­ti­fi­er leur poli­tique xéno­phobe et de repli et la met­tre en œuvre par procuration.
C’est la solu­tion finale trouvée.
 
Nous pub­lions cepen­dant le lien de la péti­tion de sou­tien aux jour­nal­istes turcs, en trois langues, et vous appelons à la partager et à la signer :
M. ERDOGAN, LIBÉREZ LES JOURNALISTES DE CUMHURIYET !
SAYIN ERDOĞAN, CUMHURIYET ÇALIŞANLARINI ÖZGÜR BIRAKIN!
PRESIDENT ERDOGAN, FREE THE CUMHURIYET JOURNALISTS!

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