Au palais de justice, les juges voient des Erdoğan partout.
Mardi, le programme des audiences du 2e tribunal d’instance d’Istanbul était entièrement rempli par des procès intentés à des journalistes par le président Erdoğan et sa famille.Spécialisée dans les procès pour insulte, le 2e tribunal d’instance d’Istanbul est habituellement un lieu prisé par les membres du gouvernement et les proches de Recep Tayyip Erdoğan, friands de poursuites contre les médias d’opposition. Mardi, la feuille d’appel des différentes audiences était exclusivement remplie d’actions intentées par la famille présidentielle, a relevé l’agence indépendante d’information BIA.
Sur les sept procès du jour, cinq visaient le petit quotidien de gauche Birgün, au tirage moyen de 25.000 exemplaires. Trois des actions étaient intentées par le chef de l’Etat himself –deux pour insulte au président et une pour non diffusion d’un droit de réponse- et deux autres par son épouse Emine, sa progéniture et les conjoints afférents, réclamant eux aussi justice pour les basses injures apparemment proférées à leur encontre par le journal.
Deux journalistes de l’encore plus petit et encore plus à gauche Evrensel, tirant à 10.000, faisaient les frais du 6e dossier, toujours pour insulte au prez, à l’instar du principal protagoniste de la 7e audience, un rédacteur de Yurt, feuille de choux se définissant comme un « journal indépendant du peuple » et tournant à 7.000 exemplaires.
Dans un rapport publié mi-octobre, BIA comptabilisait 61 condamnations, procès, lancements de poursuites ou dépôts de plaintes pour insulte envers le chef de l’Etat au cours du seul troisième trimestre 2015.
Dans le cas où la pétition sur la libération des journalistes emprisonnés vous aurait échappée, voici le lien du billet qui le contient : “L’Europe se voile la face”.
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Kedistan