Français | English
La présidente de l’Union des médecins de Turquie (TTB) Şebnem Korur Fincancı sera devant les juges du 42ème Tribunal pénal de première instance d’Istanbul, le 16 février 2021 à 12h00, cette fois pour ses partages sur les réseaux sociaux. Il s’agit de l’audience décisive.
Rappelons que Şebnem Korur Fincancı fait partie des personnes qui sont poursuivies avec acharnement notamment pour avoir rejoint la campagne “Rédacteurs en chef de garde” pour le journal Özgür Gündem interdit et fermé par décret. Şebnem Korur Fincancı, le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, Erol Önderoğlu, et l’écrivain Ahmet Nesin ont d’ailleurs été déjà été acquittés par le tribunal local, dans le procès intenté contre eux. Après l’annulation des acquittements intervenue récemment, la Cour d’appel a décidé de les rejuger dans le procès Özgür Gündem. Le 3 février dernier, la première audience commençait devant la 13ème Cour pénale à Çağlayan.
Les responsables de la Fondation des droits humains de Turquie (TİHV) ont fait le 12 février, par un communiqué écrit, un appel à la solidarité pour Şebnem Korur Fincancı, qui était la précédente co-présidente de l’organisation. Ils ont annoncé également que l’organisation sera présente à l’audience, et tiendra une conférence de presse à 11h devant le tribunal.
Extraits du communiqué :
Şebnem Korur Fincancı est une défenseure des droits humain déterminée, une excellente médecin et scientifique.
Avec tout le savoir dont elle est dotée, elle a fait une critique objective et scientifique des pratiques du pouvoir politique dans le domaine des droits humains et de la santé, tenté de rendre visible et de prévenir les violations des droits, et lutté en particulier contre la torture, mauvais traitements, et l’impunité.
Comme elle a fait ce travail avec beaucoup de succès lors de sa présidence de la TİHV, elle essaie maintenant de protéger la santé et les droits de la société en tant que présidente du Conseil central de l’Union des médecins de Turquie.
Pour ces activités, elle fut de nombreuses fois sujet d’agressions juridiques, poursuivie, arrêtée. Un procès ouvert à son encontre, pour ses partages sur les réseaux sociaux, arrive aujourd’hui à la fin.
La défense des droits humains, la voix de la conscience qui, témoigne seule à la réalité, inscrit la réalité et résiste devant la tyrannie pour la rendre visible, ne peut être châtiée.
Nous sommes aux côtés de Şebnem Korur Fincancı !
Le pouvoir turc s’inquiète des contestations qui perdurent malgré la répression. La mobilisation en cours de la jeunesse universitaire en pleine pandémie, et sur fond de crise économique n’arrange rien. C’est pourquoi elle subit une répression. L’attelage AKP/MHP qui règne en cartel autour du président cherche en permanence de nouvelles “actualités” pour garder la main, comme des débats lunaires sur la relance de la conquête spatiale pour la Turquie, ou plus sérieusement l’ouverture d’une nouvelle réforme constitutionnelle avant les prochaines élections, dans l’attente de connaître ce que seront les nouvelles relations avec le président américain élu.
Dans ce moment où le pouvoir sent qu’il aurait des difficultés à être plébiscité, les machines policières et judiciaires continuent sur leur lancée, contre l’opposition. Cette activité de la justice, qui invalide également des acquittements prononcés, refuse les décisions internationales pour que soient libérés des personnalités comme Osman Kavala ou Selahattin Demirtaş, marque ce raidissement du pouvoir autocrate en Turquie, qui profite largement des lâchetés politiques européennes.
Cela ne promet rien de bon pour Şebnem Korur Fincancı.
*
Şebnem Korur Fincancı, est une des trois femmes présentes dans ce documentaire. (Bande annonce en italien)