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“Ravenna Festival” est une initiative culturelle annuelle, un festival qui se déroule tous les étés dans la ville de Ravena en Italie. Il est bâti sur l’opéra et la musique classique, mais ouvre ses portes également à d’autres branches artistique comme le cinéma, la danse. Le festival fut fondé en 1990 par Cristina Mazzavilani Muti, ancienne cantatrice et épouse du chef d’orchestre Riccardo Muti. Il se déroule dans différents lieux. Depuis 1997, ce festival intègre un volet dédié au dialogue à travers l’art, entre les peuples et les cultures : les concerts intitulés “Les routes de l’amitié”.
Focus sur la Syrie et le Rojava
Cette année le pont de l’art s’étend vers la Syrie. Deux concerts sont offerts au public, les 3 et 5 juillet, deux formations, Orchestra Giovanile Luigi Cherubini et Syrian Expat Philharmonic Orchestra (SEPO) interprètent, sous la direction de Riccardo Muti, la symphonie Eroica de Ludwig van Beethoven. Deux artistes, femmes kurdes en sont les invitées spéciales. Aynur Doğan, avec ses chansons, la langue et la musique kurdes, et Zehra Doğan, à travers ses performances artistiques, y portent le témoignage des femmes kurdes.
Dans la presse italienne : un large écho aux témoignages et à l’initiative
Le Festival de Ravenna publie chaque année un livre spécial dédié aux thématiques choisies. Le 2 juillet, l’édition 2020 a été présentée lors d’une conférence de presse dans le Théâtre Alighieri. Zehra Doğan, dont les oeuvres figurent dans 5 pages qui lui sont consacrées, a été invitée à intervenir.
Lors de la conférence de presse, Cristina Mazzavilani Muti a souligné avec émotion, “la lutte du peuple kurde, particulièrement celle des femmes kurdes, nous apprend beaucoup de choses. Moi, personnellement, je me sens très proche du peuple kurde, comme si j’en faisais partie. La présence de Aynur Doğan et Zehra Doğan est pour nous d’une grande importance”.
Quant à Zehra Doğan, “Au Moyen-Orient la lutte des femmes a une place très importante. Pour cette raison, le fait qu’elles soient soutenues est une heureuse initiative. Havrin Khalaf, suite à son assassinat, et le fait que son corps sans vie ai été exhibé, est devenu un symbole de la violence faite aux femmes et de l’attitude belliqueuse du patriarcat. Parce que cette mentalité, en faisant subir sa violence à Havrin, et à aux autres femmes qu’elle tue, persécute et viole, s’efforce de défier toutes les femmes. Mais, malgré cela, les femmes ont porté le corps de Havrin, sur leurs épaules.” a‑t-elle dit.
Zehra Doğan, lors de son exposition au musée de Brescia, à l’occasion du 25 novembre “Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes”, avait déjà réalisé une performance en hommage à Havrin Khalaf, organisée à l’initiative du musée, et avait dessiné son portrait.
La presse italienne, embrassant avec enthousiasme la lutte soulignée par le festival de Ravenna a donné un large écho à l’événement et cela continue…
Le concert du 3 juillet, le pont de l’art entre les peuples
Le concert philharmonique, donné le soir du 3 juillet, à Rocca Brancaleone, en hommage à Havrin Khalaf, féministe, activiste et femme politique kurde, assassinée par Daech, le 12 octobre 2019, à Tirwazî, a accueilli deux invitées spéciales. Aynur Doğan, avec sa magnifique voix et ses chansons, et Zehra Doğan, avec le dessin qu’elle a réalisé “in situ en live”. Sa performance a crée une immense émotion dans le public.
Durant le concert, la symphonie Eroica de Beethowen était illustrée sur l’écran géant situé en fond de scène, par des images des combattantes du YPJ. Le fait qu’un grand festival européen soutienne et couronne ainsi la lutte des femmes kurdes, armées ou civiles, par la voie de l’art est à la fois important pour que cette lutte puisse être portée à un niveau universel, et une mesure de la valeur donnée à cette lutte. Avec l’Art comme vecteur, la portée politique est mise à l’honneur.
Ce concert chargé d’émotion est diffusé en streaming par Ravegnana Radio inBlu 94.0 MHz. Vous pouvez trouver le podcast dans le dossier spécial “Ravenna Festival”. La chanteuse Aynur Doğan l’a partagé avec celles et ceux qui ont manqué ce moment inoubliable, avec un court extrait du début de l’événement, sur son compte Twitter.
#Repost @ravennafestival
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Inizia così, sfidando il maltempo, il concerto “Le Vie dell’Amicizia” con la suggestiva voce di @aynurdoganofficial e l’intensità artistica di @zehra____dogan pic.twitter.com/0Gdr9gPs9B— Aynur Doğan (@aynurdogan) July 3, 2020
Le temple antique Paestum accueillera le deuxième pont
Le Festival de Ravenna se poursuit… Ce 5 juillet, le concert sera répété dans le temple Paestum, dans la ville antique Magna Graecia situé sur la rive Tiren, dans le sud de l’Italie. Cette ville est choisie, car elle est jumelée avec Palmyre et le concert est dédié en hommage à Khaled al-Asaad, archéologue et ancien directeur du musée de Palmyra. Le musée fut dévasté par Daech et Khaled al-Asaad, refusant de révéler la cachette d’innombrables artefacts précieux, fut assassiné, le 18 août 2015.
Ce concert sera diffusé en différé par la chaine de télé RAI, le 23 juillet.
Ce lieu sous protection était interdit jusqu’à ce jour à toute initiative artistique. Sur la requête insistante du festival, il est demandé à Zehra Doğan, avec une autorisation exceptionnelle, d’offrir au public à travers une nouvelle toile, le témoignage de la culture et de l’histoire que Daech avait voulu anéantir.
Gageons que ce deuxième concert du Ravenna Festival amplifiera l’émotion et la solidarité déjà suscitées par le premier. Et soulignons une nouvelle fois l’importance de l’Art et des artistes qui y oeuvrent, dans les prises de conscience humanistes et politiques, et la diffusion de tous les soutiens.