L’E­tat turc pour­suit le “net­toy­age inten­sif” dans les insti­tu­tions éta­tiques, ain­si que dans les organ­i­sa­tions de société civile, les médias, et jusqu’aux réseaux soci­aux… Des dizaines de mil­liers de per­son­nes de tous hori­zons se trou­vent traquées, men­acées, arrêtées, et la vie de mil­liers de familles en est ain­si brisée.

Voici quelques chiffres, qui con­cer­nent pour­tant seule­ment les 10 derniers jours du mois de janvier…


652 per­son­nes ont été empris­on­nées, tan­dis que 1 325 autres ont été détenues durant des gardes à vue, à des titres dif­férents, au cours des 10 derniers jours, et cela, selon des agences de presse turques.

La police a effec­tué des opéra­tions dans au moins 45 provinces à tra­vers la Turquie. La plu­part des per­son­nes arrêtées sont des “hommes d’af­faires”, mais parmis les per­son­nes inter­pel­lées au cours de ces dix derniers jours on compte égale­ment des fonc­tion­naires, des policiers et des “femmes au foyer”.

Le 21 jan­vi­er, 16 officiers mil­i­taires ont été mis en garde-à-vue dans 9 provinces, sous le coup “d’al­lé­ga­tions de coup d’État”.

Dans le cadre d’une opéra­tion con­certée, dont l’épi­cen­tre fut Nevşe­hir, des équipes de police ont procédé à des raids dans les provinces d’Is­tan­bul, de Bur­sa, de Şan­lıur­fa, de Kilis, d’An­talya, de Sam­sun, de Şır­nak, de Mersin et d’Ankara.

Le 23 jan­vi­er, un total de 367 per­son­nes ont été licen­ciées des insti­tu­tions éta­tiques avec pro­mul­ga­tion de qua­tre décrets sup­plé­men­taires — 682, 683, 684 et 685 — émis dans le cadre de l’é­tat d’ur­gence d’après “coup d’É­tat”. Ces licen­ciements sont assor­tis de la dis­pari­tion de la retraite et les droits à la san­té, plongeant subite­ment les familles des con­cernéEs dans la précarité.

Une vidéo partagée sur les médias soci­aux le 23 jan­vi­er mon­tre cinq enfants lais­sés seuls, en larmes, devant la prison de Sin­can à Ankara. Leur mère, qui rendait vis­ite à leur père, déjà en prison, avait été mise en garde-à-vue, sur le champs, à son tour. Dans la vidéo, un enfant ouvre la porte d’une voiture, dans le park­ing de la prison, mon­trant ses frères en pleurs, et dit, en larmes: “Nous sommes cinq frères et soeurs, aban­don­nés. Nous avons un frère hand­i­capé. Que le Dieu maud­isse ceux qui nous ont fait ça !”

Le 23 jan­vi­er, 19 autres sol­dats des forces armées turques ont été arrêtés à Antalya pour “appar­te­nance à une organ­i­sa­tion ter­ror­iste”, pour avoir util­isé une appli­ca­tion de télé­phone intel­li­gente nom­mée ByLock (tout sim­ple­ment parce que lors de a ten­ta­tive du coup d’E­tat du 15 juil­let, les ordres auraient été don­nés via cette application).

Le 24 jan­vi­er, le min­istère turc de l’in­térieur a annon­cé lui-même qu’en­tre le 16 et le 23 jan­vi­er, un total de 1 218 per­son­nes ont été mis­es en garde-à-vue, dont 572 placées en état d’ar­resta­tion, dans des opéra­tions visant le mou­ve­ment Gülen, con­fir­mant ain­si en par­tie les chiffres d’a­gences. Le mou­ve­ment, ou la con­frérie Gülen a été rebap­tisé par le régime, après la ten­ta­tive de coup d’E­tat, “organ­i­sa­tion ter­ror­iste FETÖ” et “PDY”, l’abrévi­a­tion de l’ap­pel­la­tion “Para­lel Devlet Yapısı”, en français “Struc­ture d’é­tat par­al­lèle”. Cette abrévi­a­tion, soigneuse­ment choisie, provoque la con­fu­sion avec le “PYD” (Kur­des syriens) et offre une con­fu­sion lin­guis­tique aux pro­pos du régime, qui déclare à tout va que FETÖ/PDY, Daesh, PKK, KCK, PYD sont toutes des organ­i­sa­tions terroristes.

Le 24 jan­vi­er, un pro­cureur d’Is­tan­bul a exigé une peine de 15 ans pour cha­cunE des 83 uni­ver­si­taires de l’U­ni­ver­sité tech­nique de Yıldız pour leur appar­te­nance pré­sumée au mou­ve­ment Gülen.

Le 24 jan­vi­er, un tri­bunal turc a ordon­né la saisie de tous les biens de l’homme d’af­faires turc Akın İpek et de sa mère, Melek İpek, sur leurs pré­ten­dus liens avec le mou­ve­ment Gülen. Cette déci­sion est per­mise par le décret n°667 pro­mul­gué le 22 juil­let 2016.

Le 25 jan­vi­er, les députés du Par­ti démoc­ra­tique du Peu­ple (HDP) Osman Bay­demir et Ahmet Yıldırım ont été arrêtés dans le cadre de la répres­sion con­tre le mou­ve­ment poli­tique d’op­po­si­tion démocratique.

Le 25 jan­vi­er, des man­dats de déten­tion ont été ren­dus pour 52 mem­bres juristes de la Cour suprême d’ap­pel, dont 26 ont été mis en garde-à-vue à Ankara le même jour.

Le 25 jan­vi­er, le poète et auteur Yıl­maz Odabaşı a été con­damné à une peine d’emprisonnement de un an, huit mois pour avoir “pré­ten­du­ment insulté le prési­dent Recep Tayyip Erdoğan”, dans une colonne, en 2015.

Le 25 jan­vi­er, Mehmet Şahin Işık, qui avait été déjà briève­ment détenu pour avoir” pré­ten­du­ment insulté le prési­dent turc Recep Tayyip Erdoğan”, a été con­damné à 14 mois de prison pour le même chef d’accusation.

Le 26 jan­vi­er, le gou­verne­ment turc a nom­mé des cura­teurs (tuteurs) à la société tex­tile géante Aydın­lı Group et chez l’un des plus grands fab­ri­cants de bakla­va du pays, Gül­lüoğlu Bakla­va. Le chef des cadres des entre­pris­es, Ömer Faruk Kavur­ma­cı et Faruk Gül­lüoğlu, respec­tive­ment, avait été arrêtés ces derniers mois sur accu­sa­tion de liens pré­sumés avec le mou­ve­ment Gülen.

Le 26 jan­vi­er, la police turque a arrêté les co-maires du dis­trict d’U­lud­ere (Robos­ki) Zeynep Üren et Yunus Ürek, dans la province du sud-est de Şır­nak, dans le cadre d’une enquête sur le terrorisme.

Le 26 jan­vi­er, dans le cadre d’une opéra­tion basée à Aydın, des équipes de police ont mené des raids à İst­anb­ul, İzmir, Balıke­sir, Deni­zli et dans 10 autres provinces et ont détenu un total de 50 civils, hommes d’af­faires et enseignants.

Le 26 jan­vi­er, un total de 7 uni­ver­si­taires ont été mis en garde-à-vue à Bur­sa, pour avoir aus­si util­isé ByLock.

Le 26 jan­vi­er, 17 civils ont été arrêtés à Hatay pour avoir util­isé égale­ment ByLock.

Le 26 jan­vi­er, un total de 30 agents de police ont été mis en garde-à-vue à Elazığ, pour par­tic­i­pa­tion pré­sumée à la ten­ta­tive de coup d’E­tat du 15 juillet.

Le 27 jan­vi­er, un tri­bunal d’Is­tan­bul a con­damné la jour­nal­iste kurde Arzu Demir à six ans de prison pour ses deux livres sur le Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK), pour pro­pa­gande pour une une organ­i­sa­tion terroriste.

Le 27 jan­vi­er, un tri­bunal d’An­talya a statué sur l’ar­resta­tion de 5 per­son­nes accusées d’avoir insulté le prési­dent Recep Tayyip Erdoğan.

Le 29 jan­vi­er, Hat­ice Ben­der, un muhtar, (admin­is­tra­teur de quarti­er), qui n’a pas par­ticipé à des réu­nions tenues pour muhtar dans le palais du prési­dent Erdoğan, a été arrêté pour “insultes à hommes d’É­tat” sur son compte social médias. Les muhtar sont les représen­tantEs de l’E­tat au plus proche des pop­u­la­tions. Ils/elles s’oc­cu­pent des reg­istres de nais­sance, de décès, four­nissent les attes­ta­tions de domi­cil­i­a­tion, donc con­nais­sent de près les habi­tants, et per­son­nelle­ment, dans les petites local­ités. Erdoğan les réu­nit depuis août 2015 en con­vo­quant les muhtar à son palais. Lors de ces réu­nions, les muhtar sont appelés à l’obéis­sance et à la déla­tion. Dans ces derniers mois, les muhtar qui ne se ren­dent pas à ces réu­nions sont sanctionnéEs.

Le 29 jan­vi­er, un tri­bunal de Mardin a ren­du une déci­sion pour l’ar­resta­tion de l’écrivain iranien-kurde Jiyar Cihan­ferd et de son ami Has­san Bal­a­da pour “appar­te­nance à une organ­i­sa­tion terroriste”.

Le 29 jan­vi­er, 34 femmes au foy­er ont été arrêtées par un tri­bunal turc en rai­son de l’u­til­i­sa­tion pré­sumée d’un télé­phone intel­li­gent appelé ByLock (encore !) et de liens vers le mou­ve­ment Gülen.

Le 29 jan­vi­er, la police turque a arrêté un total de 28 hommes d’af­faires et enseignants à Ağrı sur des allé­ga­tions de liens avec le Mou­ve­ment Gülen.

Le 29 jan­vi­er, un total de 15 policiers ont été retenus en garde-à-vue dans la province de Sakarya, en rai­son de liens pré­sumés avec le mou­ve­ment Gülen.

Le 30 jan­vi­er, Fadime Günay, une femme de 32 ans qui a accouché à l’hôpi­tal Alanya Başkent dans la nuit du 29 jan­vi­er, a été détenue à pro­pos de “liens pré­sumés de Gülen”.

Le 30 jan­vi­er, Hamza Güner­igök, ancien présen­ta­teur de la TRT, qui fig­u­rait sur une liste de sus­pects inter­rogés lors d’une enquête visant le mou­ve­ment Gülen, a été arrêté après avoir été cap­turé près de la fron­tière grecque.

Le 30 jan­vi­er, le député du HDP Mer­al Danış Beş­taş a été arrêté par un tri­bunal d’Adana dans le cadre d’une enquête ter­ror­iste visant le Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK). Ajou­tons égale­ment qu’un “jeu de chais­es car­cérales” s’est déroulé le même jour, en alter­nant gardes-à-vue, libéra­tion sous con­trôle, remis­es en garde-à-vue de plusieurs députéEs du HDP, notam­ment Ayhan Bil­gen qui est retourné en prison, après avoir appris son “arresta­tion” préal­able­ment annon­cée sur les télés pro-régime… 

Juste 10 jours… en grandes lignes…

Les accu­sa­tions d’ap­par­te­nance au Mou­ve­ment Gülen ont été nom­breuses en jan­vi­er, comme pour redonner une “légitim­ité” post coup d’E­tat un peu per­due, à la vague répres­sive. Le procès de mil­i­taires putschistes qui s’est ouvert à grand spec­ta­cle cache aus­si la réal­ité d’une répres­sion pure­ment poli­tique là, à car­ac­tère expro­pri­a­toire ici, ou à but pure­ment “ter­ror­iste” dirigé vers des franges ciblées de la société civile. Et tout cela, sur l’ensem­ble du territoire.

Rap­pelons que c’est dans ce con­texte, que les pop­u­la­tions sont appelées à se pronon­cer par référen­dum, sur l’in­tro­n­i­sa­tion durable du Sultan…


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