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Zehra Doğan, qui avait été mise en garde à vue en Turquie le 21 juillet, vient d’être jetée en prison, après une parodie de passage devant un juge.
Les accusations élastiques de “liens terroristes”, permises à la fois par la nouvelle loi et par la situation d’après coup d’état, sont graves. Le fait qu’une journaliste puisse être accusée pour son activité, l’usage de moyens de communication qui sont les siens, montre bien où conduit ce régime qui a confisqué la justice et démis tous les juges qui n’étaient pas encore à la botte du Sultan ces derniers jours. Le journalisme en Turquie mène à la prison, et doublement lorsqu’on est Kurde.
Nous partageons ci-dessous un résumé de l’article publié sur le web par son agence de presse JINHA.
Zehra Doğan, journaliste de l’agence féministe JINHA, avait été mise en garde à vue le 21 juillet, à Mardin, en même temps que Mazlum Kavak, conseiller du député HDP Ali Atalan. Mazlum Kavak a été libéré sous contrôle judiciaire, mais Zehra elle, envoyée en prison.
Zehra était une des rares journalistes qui travaillaient à Nusaybin, même pendant la longue période de couvre-feu. Elle a été arrêtée sur une terrasse de café dans la commune de Yenişehir, alors qu’elle était accompagnée de Mazlum Kavak.
Après la garde à vue, elle a comparu aujourd’hui devant le tribunal de Mardin. Des pseudos témoins, ont été présentés contre elle. Ils exprimaient pourtant qu’ils ne connaissaient pas personnellement Zehra, qu’ils venaient d’apprendre son nom à l’audience, mais qu’ils l’ont vue travailler en compagnie de Bilal Gündem, un de ses collègues journaliste, récemment arrêté lui aussi. Cela a suffi au tribunal pour décider que Zehra devait être mise derrière les barreaux, sous “suspicion de fuite possible”, et pour être jugée ultérieurement comme « membre d’organisation illégale ».
Zehra pour sa défense, a précisé qu’elle est journaliste, membre du TGS, syndicat des journalistes et enregistrée à l’administration de la sécurité sociale en tant que journaliste. Elle a ajouté que toutes les accusations menées à son encontre concernent son activité professionnelle, et que les témoignages expriment qu’elle ne faisait que travailler. Ceux-ci ne peuvent donc pas être considérés comme preuves de délit. En effet, Bilal Gündem, confrère de Zehra, avait été également mis en garde à vue récemment, toujours sur des témoignages semblables. Il a été libéré depuis.
Les avocats de Zehra ont à leur tour souligné les mêmes points. Ils ont précisé que ses partages sur les médias sociaux et ses dessins ne peuvent pas être considérés comme soutien à une organisation illégale. Zehra a été envoyée à la prison de Mardin.
Nous appelons l’ensemble des journalistes, personnalités de médias européens qui se respectent, intellectuels, à se mobiliser autant que ce fut le cas pour Can Dündar, du journal Cumhuriyet, et davantage encore, quand on connaît le sort des femmes en prison en Turquie, surtout à l’Est.
Faisons du cas de Zehra Doğan un symbole de la mort de toute liberté d’expression réelle en Turquie, du bâillon mis sur la presse et les médias, du visage désormais totalitaire du régime turc. Elle n’est pas la seule, et même si on ne peut lui faire porter ce combat à elle seule, son cas est emblématique.
Pour les internautes, à vos claviers, à vos plumes… Toutes les adresses des médias sont sur le web pour envoyer vos réactions.
Vous êtes journaliste, ou vous connaissez un(e) journaliste. Faites leur parvenir cet article via mail, ou rédigez un texte personnel. Demandez leur d’informer, de réagir… C’est leur métier.
L’émotion suscitée par sa mise en garde à vue s’était répandue sur les réseaux sociaux. Vous aviez été des milliers à partager, réagir. Il faut encore aller plus loin et dénoncer cet enfermement, demander l’annulation des accusations mensongères, et permettre sa libération rapide.
Nous partagerons sur la page de Kedistan, toute pétition éventuelle, toute réaction de presse à la hauteur.
Kedistan n’est pas en odeur de sainteté en Turquie. Si des médias mainstream, des journalistes, même de façon simplement “corporatiste”, font passer l’info massivement, Zehra retrouvera peut être la liberté.
Ajout d’octobre 2016 :
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