finike-carte-turquieAllez hop hop hop ! On bouge !
Pré­parez vos sacs à dos, je vous emmène cette fois à Finike ou de son nom lycien : “Phoeni­cus”.

C’est est une ville  méditer­ranéenne près d’Antalya. La pop­u­la­tion du coin y vit de pro­duc­tion d’a­grumes, par­ti­c­ulière­ment d’o­r­anges et d’un tourisme plutôt raisonnable, car cette région est restée préservée de l’explosion du tourisme de masse qui a défig­urée Antalya et ses alen­tours, “La Riv­iéra turque”.

TURKIYE'DE NARENCIYE URETIMINDE ONEMLI YERI OLAN FINIKE'DE PORTAKAL HASADININ BASLADIGI, ANCAK GECEN YIL YASANAN DOLU NEDENIYLE REKOLTENIN DUSUK OLDUGU BILDIRILDI. (ANADOLU AJANSI - MEHMET CAKMAK) (20121118)

A Finike il fait  bon vivre. Même les tortues caret­ta caret­ta font leur vis­ite annuelle pour y pon­dre tran­quille­ment. C’est plus cool qu’à Iztuzu, près de Muğla, où leur pro­tecteurs se bat­tent pour leur réserv­er leurs plages préférées.

Mais ne rêvez pas, je ne vais pas vous laiss­er vous prélass­er sur le sable. Nous allons remon­ter vers la val­lée de Kızıl­cık. Cette région cou­verte d’un forêt de cèdres cen­te­naires et de pins de Cal­abre, est le lieu de vie de mul­ti­ples ani­maux sauvages et de plantes rares. 

Peut être que de jolies fleurs vous motiveraient pour pren­dre la route. Genre de beautés que vous n’avez jamais vues, ni enten­du pronon­cer les noms. Elles sor­tent tout droit de la col­lec­tion de l’ob­ser­va­toire des forêts de Finike (Elmalı).

En 2013 un pro­jet destruc­teur et inutile, au ser­vice du prof­it a vu le jour dans cette vallée… 

Je vous entends dire « Encore ? »

Oui, encore. 

Je sais, via le rubrique “ZAD” de Kedis­tan, je vous fais régulière­ment voy­ager de l’Est ou à l’Ouest de la Turquie, de la Mer Noire à la Méditer­ranée, et je racon­te tou­jours la même his­toire. L’histoire que vous con­nais­sez bien d’ailleurs avec nos ZAD à nous. Que voulez-vous ? Les ter­res et les langues ont beau à être dif­férentes, les pré­da­teurs et leurs straté­gies sont tou­jours les mêmes.

La Turquie est un grand pays et toutes ses richess­es doivent être exploités pour rem­plir les poches de cer­tains, sans s’occuper des dégâts pour les autres, n’est-ce pas ?

Eh bien, à Finike donc, il y a un an est demi, le Min­istère des Eaux et des Forêts avait fourni une autori­sa­tion d’installation d’une mine de mar­bre et accordé son exploita­tion à une entre­prise. Et la Direc­tion de l’Environnement et de l’Urbanisme avait don­né le feu vert au pro­jet, déclarant l’étude de l’impact envi­ron­nemen­tal même pô nécessaire. 

Mais les habi­tants de Finike, n’aiment pas se laiss­er faire. Cinquante paysans du coin s’étaient groupés pour ouvrir un procès avec l’aide et l’appui de la Plate­forme de lutte con­tre les mines de pier­res et de l’Association de l’Environnement des Rives méditer­ranéennes et des Tau­rus, con­tre la Pré­fec­ture et le Ministère. 

En juin 2015, une com­mis­sion d’experts en envi­ron­nement avait indiqué que la région étant “écologique­ment sen­si­ble”. Avant l’installation d’une nou­velle exploita­tion, la réal­i­sa­tion d’une étude d’impact sur la nature était néces­saire afin de recenser les plantes endémiques, espèces rares et en risque de dis­pari­tion. La com­mis­sion avait souligné égale­ment, après l’étude du pro­jet d’exploitation, que celui-ci n’était pas du tout sat­is­faisant dans la pro­gram­ma­tion de la phase de réha­bil­i­ta­tion des ter­res à la fin de la péri­ode d’exploitation.

En effet ce dernier point est impor­tant d’autant plus que les exploita­tions sont sou­vent, même qua­si, tou­jours aban­don­nées par les entre­pris­es sans aucune réha­bil­i­ta­tion, mal­gré les claus­es des contrats. 

En voilà un exem­ple par­mi tant  d’autres :
Tou­jours dans la Val­lée de Kızıl­cık, une exploita­tion de plus de 100 hectares, qui a fonc­tion­né pen­dant 8 ans, aban­don­née au print­emps 2014… 

« Nous allons nivel­er le ter­rain, planter des arbres et redonner l’ancien aspect au ter­rain » avait stip­ulé dans le con­trat et signé, l’entreprise “Adalya Mer­mer”. Que nenni.

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Mais, revenons à notre procès. 

Avec l’appui du rap­port de la com­mis­sion d’expert, la balle était lancée donc au Tri­bunal d’Antalya. Nous voilà le 24 octo­bre et le Tri­bunal vient de ren­dre son ver­dict : annu­la­tion de non néces­sité d’étude et annu­la­tion de l’autorisation d’exploitation !

C’est la pre­mière fois en Turquie, que la jus­tice prend une déci­sion d’annulation « directe», sans pass­er par la case « arrêt des travaux ». C’est donc un ver­dict historique.

Cette déci­sion, faisant jurispru­dence, ouvre la pos­si­bil­ité à de nou­velles luttes admin­is­tra­tives aux habi­tants et organ­i­sa­tions de société civile.

Il y a du boulot, car dans la jolie val­lée de Finike, près de 15 mines de pierre ou de mar­bre sont actuelle­ment en fonc­tion,  défig­urent la nature et détru­isent la faune, la forêt. 

nar-finikeAmoureux de la nature, habi­tants, pro­duc­teurs d’agrumes et de grenades peu­vent sourire de nouveau. 

Retrou­vez votre sourire, vous aus­si. Je sais que vous ne m’en voulez pas de vous avoir trainés avec moi. Ne regret­tez pas de m’avoir accom­pa­g­née dans ce voy­age et l’én­erve­ment sur la route… 

Vous voyez, tous les chemins ne mènent pas à la cat­a­stro­phe. Il y a quelques éclair­cies dans les nuages, et puis les luttes payent… Et puis, il arrive aus­si par­fois, de tomber sur des juges justes et qui peut être même, aiment les arbres.

Sauvons les forêts de cèdres…

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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.