Un graffiti représentant Erdogan portant un sac plein d’argent, suivi pas à pas par son fils Bilal, est apparu il y a quelques jours sur un mur de Londres.
L’oeuvre dite de “Street Art” avait été graphée sur un mur de l’avenue Green Lanes, une artère importante du quartier Harringay qui concentre une population importante d’immigrés et de réfugiés, turcs et kurdes notamment .
Vu le style et la thématique, elle a été spontanément attribuée à un célèbre et mystérieux artiste revendicateur qui signe sous pseudo “Banksy”. Ce n’est pas étonnant, car les oeuvres de Banksy, souvent faite au pochoirs, parfois appuyés de slogans, passent des messages anticapitalistes, antisystème et attaquent de front les sujets qui fâchent, avec humour et provocation.
Cette réalisation qui fait allusion à la corruption dont Erdogan, sa famille, ses proches et sa clique ont été accusés correspondait bien à son graphisme et à son approche engagée habituelle. L’humour aussi… Car avec un peu de connaissances des personnages, il est difficile de se retenir en voyant Bilal, dans rôle de “petit garçon” qui suit les petites pierres semées par son papa, ou plutôt, comme il a l’habitude de dire son “petit papa” (“babacım” en turc, avec la prononciation de Bilal ; “bıbıcım”). Il ne manque que les boîtes à chaussures.
Nous apprenons que le représentant légal de l’artiste, joint par les journalistes du Diken le 15 octobre, aurait déclaré que l’oeuvre en question n’appartenait pas à Banksy.
Qui que se soit cet artiste inconnu, il a du en énerver plus d’un en mettant le doigt sur un sujet pourtant bien connu… Car hier soir le graffiti de l’artiste inconnu a été détruit par d’autres inconnus qui possédaient de la peinture mais qui n’étaient visiblement pas trop créatifs.
Mais, même si sa vie urbaine a été courte, l’oeuvre a existé. Elle a été vue et photographiée. Partagée sur les réseaux sociaux. Elle est du coup enregistrée dans les archives populaires de l’Art Urbain. Elle ne disparaîtra donc pas, comme les réalités qu’elle remue ne disparaîtront pas, effacées par le temps, ou étouffées par des mensonges.
Erdogan a visité Strasbourg et Bruxelles ces derniers temps, il ne savait pas que sa doublure visitait la City pour y déposer l’oseille.