Aujourd’hui, lun­di 10 avril 2017, ils sont plus de 160 jour­nal­istes empris­on­nés en Turquie. Cette liste, inac­cept­able, inter­minable, est une réponse à l’appel qu’Aslı Erdoğan avait lancé depuis la prison des femmes d’Istanbul, en décem­bre 2016 :

« De nom­breux signes indiquent que les démoc­ra­ties libérales européennes ne peu­vent plus se sen­tir en sécu­rité alors que l’incendie se propage à prox­im­ité. La “crise démoc­ra­tique” turque, qui a été pen­dant longtemps sous-estimée ou ignorée, pour des raisons prag­ma­tiques, ce risque gran­dis­sant de dic­tature islamiste et mil­i­taire, aura de sérieuses con­séquences. Per­son­ne ne peut se don­ner le luxe d’ignorer la sit­u­a­tion, et surtout pas nous, jour­nal­istes, écrivains, uni­ver­si­taires, nous qui devons notre exis­tence même à la lib­erté de pen­sée et d’expression. »

Non, nous n’ignorons pas. Et nous n’accepterons jamais qu’on empris­onne ceux qui écrivent.

Gérard Alle, écrivain – Joseph Andras, auteur – Pascal Arnaud, Quidam éditeur – Pierre Astier, agent littéraire – L’Autre Quotidien, Nuit&Jour – Adeline Baldacchino, écrivain – Ballast, revue – Zoé Balthus, écrivain et journaliste – Marie Bardet, journaliste, auteur – Arno Bertina, écrivain – Sandrine Bourguignon, auteur – Tieri Briet, écrivain – Geneviève Brisac, écrivain – Alexandre Brutelle, journaliste – Yves Charnet, écrivain – Emmanuelle Collas, éditrice aux éditions Galaade – Catherine Coquio, universitaire – Eve Couturier, réalisatrice radio et artiste sonore – Olivier Delorme, romancier et historien – Diacritik, web magazine – Sebastien Doubinsky, écrivain – Annie Drimaracci, auteure et peintre – Eugène Durif, auteur – Pierrette Epsztein, professeur de lettres et écrivain – Claude Favre, poète – Maria Ferragu, libraire – Festival de cinéma de Douarnenez – Chantal Flament, bibliothécaire – Nathalie Jehan, assistante maternelle, amoureuse de la liberté et de la poésie – Joël Jouanneau, auteur et metteur en scène – Clotilde Hesme, comédienne – Marie Huot, auteur de livres de poésie – Sabine Huynh, poète, écrivain, traductrice – Xavier Lainé, écrivain – Mona Latif-Ghattas, écrivain – Roxanne Lebrun, comédienne – Anne Lefèvre-Balleydier, journaliste – Joelle Losfeld, éditrice – Virginie Lou-Nony, écrivaine – Valérie Manteau, éditrice et écrivaine – Christine Marcandier, journaliste et maître de conférences en littérature française – Laurent Margantin, auteur et traducteur – Jean-Michel Maulpoix, écrivain et professeur à la Sorbonne nouvelle – Danielle Maurel, journaliste littéraire – Simone Molina, poète et psychanalyste – Ricardo Montserrat, écrivain et dramaturge – Jean-Jacques M’µ, éditeur ABC’éditions Ah Bienvenus Clandestins ! – Valia Nicoltzeff, éditions aux Pieds nus en mouvement – Dominique Ottavi, poète – Sara Oudin, traductrice et poète – Yann Patin de Saulcourt, blogueur et militant pour la paix – Christian Perrot, journaliste – Eric Pessan, écrivain – Hélène Peytavi, peintre – Serge Quadruppani, écrivain – Valérie Rouzeau, poète et traductrice – Jacques Serena, auteur – Jean-Pierre Siméon, poète et dramaturge – Marie-Anne Thil, journaliste à France-Arménie – Caroline Troin, association Rhizomes – Antigone Trogadis, écrivain – Thomas Vinau, écrivan – Sarah Voisin, marionnettiste et ateliers d’écriture – Et l’équipe du magazine web Kedistan. Mais est-il utile de le préciser…

L’interminable liste

Ahmet Abakay, né en 1950, jour­nal­iste et écrivain. Son dernier livre, Les derniers mots de Hoşana, paru en 2013, est un por­trait de sa mère qui lui a révélé, quelques jours avant sa mort, ses orig­ines arméni­ennes, restées secrètes durant 82 années. Turque alévie mais une Arméni­enne. Non, elle n’était pas cette Turque ale­vie pour laque­lle tout le monde la pre­nait. En osant ren­dre publique l’histoire de sa famille, cer­tains de ses proches l’ont répudié et men­acé l’écrivain de repré­sailles. Ahmet Abakay est aus­si prési­dent de l’Association des Jour­nal­istes Pro­gres­sistes. A ce titre, il a déclaré : « Ceux qui ne sont pas proches du gou­verne­ment ne peu­vent pas sur­vivre dans les médias. Les pro­fes­sion­nels des médias vivent main­tenant dans la ter­reur». Il a fait l’ob­jet de pour­suites judi­ci­aires pour avoir par­ticipé à la cam­pagne de sol­i­dar­ité du jour­nal Özgür Gün­dem.
Ahmet Abakay, Les derniers mots d’Hoşana sur Ovipot

Mais qu’était donc cette campagne pour Özgür Gündem ?  Kedistan 16/03/2017

Necmiye Alpay est née en 1946. Elle est lin­guiste, auteure et tra­duc­trice du français vers le turc. Elle a étudié les sci­ences poli­tiques à Ankara et obtenu un doc­tor­at en économie à l’université de Paris-Ouest-Nan­terre-La Défense, en 1978. Elle a pub­lié plusieurs ouvrages sur la langue turque, con­sacrant beau­coup d’énergie à amélior­er la qual­ité du turc écrit. Elle a aus­si traduit des livres d’Edward Saïd, Lénine, Paul Ricœur et René Girard.
Necmiye Alpay s’est beau­coup engagée pour défendre la lib­erté d’expression en Turquie, tout en mil­i­tant pour la paix entre la Turquie et le PKK, le Par­ti des tra­vailleurs kur­des, con­sid­éré comme une organ­i­sa­tion ter­ror­iste par le pou­voir. Elle a été empris­on­née 136 jours à par­tir du mois d’août 2016 et libérée après l’audience du 29 décem­bre 2016. Elle demeure men­acée de prison pour sa col­lab­o­ra­tion avec le jour­nal Özgür Gün­dem, aujourd’hui inter­dit. Lors de l’audience du 14 févri­er 2017, les pro­cureurs ont demandé la peine max­i­male de huit ans pour “pro­pa­gande d’une organ­i­sa­tion ter­ror­iste” et “divul­ga­tion de com­mu­niqués de presse de l’organisation”, en se référant au PKK. Son procès n’est pas ter­miné et une qua­trième audi­ence est prévue pour le 22 juin 2017.

• Les articles de Kedistan sur Necmiye Alpay

 Ahmet Altan est né en 1950, très con­nu en Turquie comme romanci­er et comme jour­nal­iste, rédac­teur en chef pen­dant plusieurs années pour le jour­nal Taraf, mais aus­si chroniqueur pour Hür­riyet et Mil­liyet. Il n’en est pas à sa pre­mière incul­pa­tion et s’il est aujourd’hui der­rière les bar­reaux, c’est après avoir été mis en garde à vue, relâché puis arrêté une sec­onde fois le 22 sep­tem­bre 2016, avec de lour­des charges : lui et son frère Mehmet sont accusés d’avoir con­tribué à la ten­ta­tive de coup d’État de juil­let 2016, et d’être mem­bres d’une organ­i­sa­tion ter­ror­iste – com­prenez FETÖ et la con­frérie Gülen.
Il faut dire que depuis des années, le pou­voir turc tente en vain de faire taire Ahmet Altan : une ving­taine d’actions en jus­tice lui ont été inten­tées pour ses écrits, dont sept l’opposant à l’actuel prési­dent Recep Tayyip Erdoğan. Alors l’occasion était trop belle. Même si le pré­texte à l’arrestation des deux frères ne tient franche­ment pas la route : ils sont accusés d’avoir délivré des « mes­sages sub­lim­inaux annonçant la ten­ta­tive de coup d’État », au cours d’une émis­sion télévisée qui avait eu lieu la veille, soit le 14 juil­let, et où ils étaient les invités de la jour­nal­iste Nazlı Ilı­cak, arrêtée elle dès le 29 juillet.
Deux de ses romans, devenus best sell­ers en Turquie, ont été traduits et pub­liés aux édi­tions Actes Sud : Comme une blessure de sabre, en 2000, et L’Amour au temps des révoltes, en 2008.

Dossier spécial Ahmet Altan sur Kedistan

Mehmet Altan est né en 1953 à Ankara. Jour­nal­iste, auteur et uni­ver­si­taire, empris­on­né lui aus­si depuis sep­tem­bre 2016. Sept mois et pas de date annon­cée pour son procès, alors qu’il est accusé d’avoir con­tribué à la ten­ta­tive de coup d’État de juil­let 2016, et d’appartenir à la con­frérie Gülen. Aupar­a­vant, il a obtenu un doc­tor­at en rela­tions inter­na­tionales à la Sor­bonne et pub­lié, à par­tir des années 80 une ving­taine d’ouvrages. L’un d’eux porte sur l’assassinat du jour­nal­iste Hrant Dink, un autre sur les liens qui unis­sent le nation­al­isme et le ban­ditisme. Autant de sujets dan­gereux à abor­der en Turquie.
Le site de Mehmet Altan (en turc)


Sara Aktaş est une jeune poète kurde, auteur de deux recueils et mem­bre du Con­grès des Femmes Libres. Elle a pub­lié deux recueils de poésie. Elle a été empris­on­née le 14 décem­bre 2016 et mise en lib­erté con­di­tion­nelle le 21 mars 2017, privée de son passe­port et con­damnée à neuf ans de prison. Elle est accusée d’être une fig­ure de proue du KCK (Union des Com­mu­nautés du Kur­dis­tan), branche urbaine du PKK et a été arrêtée à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, alors qu’elle se rendait en Alle­magne avec un faux passeport.

Zehra Doğan • Reportage depuis sa prison, avec Sara Aktaş 4/9/2017-

İlh­am Bakır est né à Bitlis en 1968. Il est auteur de théâtre, jour­nal­iste et scé­nar­iste, enseignant à l’école d’art de Diyarbakır. Il a réal­isé plusieurs doc­u­men­taires et court-métrages, et écrit plusieurs pièces de théâtre. Il a été con­damné à une peine de 15 mois de prison avec sur­sis pour avoir par­ticipé à la cam­pagne de sol­i­dar­ité du jour­nal Özgür Gün­dem.

Ilham Bakır, courte biogra­phie sur Kam­er­aarkası (en turc)

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Nur­can Baysal, jour­nal­iste, blogueuse, auteure engagée pour la paix et le respect des droits humains. Elle est fon­da­trice de l’Institut des sci­ences poli­tiques et sociales à Diyarbakır, sa ville natale, où elle essaie de lut­ter con­tre l’exclusion par la pau­vreté. Sur son blog, elle a racon­té avec beau­coup de réal­isme les mas­sacres com­mis par les Forces Spé­ciales de la police turque à Cizre, dans le sud-est de la Turquie. Des réc­its qui ont été égale­ment pub­liés sur le site de Kedis­tan. Nur­can Baysal a notam­ment pub­lié un livre d’entretiens sur les pop­u­la­tions yézidis en Turquie. Elle a fait l’ob­jet de pour­suites judi­ci­aires pour avoir par­ticipé à la cam­pagne de sol­i­dar­ité du jour­nal Özgür Gün­dem.

Témoignages sur Cizre  sur Kedistan 07/03/2017

Cen­giz Baysoy est auteur et jour­nal­iste, notam­ment pour le jour­nal Demokratik Moder­nite. C’est aus­si un com­mu­niste engagé, spé­cial­iste de Marx et pas­sion­né de philoso­phie. Il a pub­lié un livre sur Marx et l’autonomie com­mu­nal­iste, et par­ticipé à un ouvrage col­lec­tif sur la dialec­tique des class­es sociales. Il a été con­damné le 14 févri­er 2017 à quinze mois de prison avec sur­sis et à 6000 lires turques d’amende, pour avoir été lui aus­si « rédac­teur en chef de garde » pour le jour­nal Özgür Gün­dem.

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Hasan Cemal est loin d’être un incon­nu en Turquie. Né en 1944, il a été rédac­teur en chef de Cumhuriyet, l’un des prin­ci­paux quo­ti­di­ens turcs, et de Sabah avant d’écrire pour Mil­liyet. En 2013, il démis­sionne du jour­nal Mil­liyet qui a refusé de pub­li­er sa chronique suite à l’intervention de Recep Tayyip Erdo­gan, alors Pre­mier min­istre. Hasan Cemal fait par­tie de ces rares intel­lectuels qui, au début des années 2000, ont ten­té de faire recon­naître le géno­cide arménien. C’est que son grand-père lui-même, Cemal Pasha, a par­ticipé à ce géno­cide. Il a organ­isé et super­visé la dépor­ta­tion et l’extermination de cen­taines de mil­liers d’Arméniens et de Syr­i­aques. Alors pour se débar­rass­er de ce pesant héritage, Hasan Cemal s’est ren­du à plusieurs repris­es en Arménie, notam­ment au mémo­r­i­al du géno­cide d’Erevan, la cap­i­tale du pays. Et en 2012, en réponse à l’assassinat du jour­nal­iste turc et arménien Hrant Dink, il a pub­lié un ouvrage sur son par­cours, 1915: le Géno­cide arménien. Hasan Cemal doit faire face à plusieurs procès, dont un pour avoir été rédac­teur en chef d’un jour d’Özgür Gün­dem, dans le cadre d’une cam­pagne de sol­i­dar­ité pour ce quo­ti­di­en qui a été inter­dit le 16 août 2016, au pré­texte de faire la pro­pa­gande et d’être l’organe de presse du PKK. Dans cette procé­dure, il a été con­damné à 6000 lires turques d’amende (env­i­ron 1500 €). En octo­bre 2016, Hasan Cemal s’est vu retir­er sa carte de presse par la Direc­tion chargée des médias (BYEGM), dépen­dant des ser­vices du Pre­mier min­istre. Ce 14 févri­er, les pro­cureurs ont réclamé con­tre lui une peine allant jusqu’à huit ans de prison. Hasan Cemal, le con­damnant d’ores et déjà à 15 mois de prison avec sur­sis, pour “pro­pa­gande d’une organ­i­sa­tion ter­ror­iste” avec son arti­cle inti­t­ulé “Fehman Hüseyin”, tout en étant acquit­té pour l’autre chef d’accusation (“apolo­gie du crime et des crim­inels”). Pour mémoire, Fehman Hüseyin est l’un des prin­ci­paux acteurs du Par­ti des Tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK). Et Cemal a beau­coup tra­vail­lé sur la longue his­toire de la ques­tion Kurde.

Journalistes, feuilleton des condamnations Kedistan 15/2/2017
Hasan Cemal : Turquie, la République de la peur Kedistan 15/3/2017

İlh­an Sami Çomak est né en 1973. Il était encore étu­di­ant en géo­gra­phie à Istan­bul lorsqu’il a été arrêté, en 1994, à l’âge de 22 ans. Kurde, accusé d’avoir volon­taire­ment incendié une forêt, pour cou­vrir la fuite de com­bat­tants du PKK, il est empris­on­né depuis 23 ans et a passé toutes ces années à écrire. Sept livres de poèmes ont ain­si vu le jour, pub­liés à compte d’auteur. L’un de ces recueils s’appelle Can­tique écrit par les chats, un autre Bon­jour la terre. İlh­an Çomak écrit égale­ment des let­tres ouvertes, sou­vent dif­fusées sur les réseaux soci­aux, pour expli­quer les mau­vais traite­ments qu’il endure en prison : «Je n’ai rien fait pour mérit­er une peine si lourde. Tout au long de ma garde-à-vue, j’ai été tenu empêché de dormir et tor­turé. Les policiers m’ont dit qu’ils allaient tuer mon frère, vio­l­er ma soeur. Je porte encore aujourd’hui les séquelles et les cica­tri­ces des tor­tures. Un jour, ils nous ont emmenés quelque part et nous ont mis des bidons dans les mains. Ils avaient con­vo­qué la presse. Ils ont annon­cé que j’avais incendié des forêts. Ils ont pré­ten­du que j’avais provo­qué la plu­part des incendies d’İstanbul. C’était impos­si­ble même pour un drag­on. J’ai con­testé, mais ils m’ont que le juge allait rectifier.»

• Les articles de Kedistan sur İlhan Çomak

Arzu Demir, est jour­nal­iste pour les agences ETHA et ANF. Elle a été con­damnée à six ans de prison pour avoir écrit deux livres d’entretiens et de reportages sur des citoyens kur­des. Après une audi­ence, qui s’est déroulée au Tri­bunal Pénal n°13 d’Istanbul, Arzu Demir, accusée de «pro­pa­gande pour organ­i­sa­tion ter­ror­iste», «éloge de crime et de crim­inels» et «inci­ta­tion au crime», a écopé de 3 ans de prison, pour cha­cun de ses deux livres : Devrim­in Roja­va Hali, sur le proces­sus révo­lu­tion­naire au Roja­va et Dağın Kadın Hali, sur la place des femmes par­mi les com­bat­tants. Paru en 2014, ce dernier ouvrage con­tient des entre­tiens avec onze mil­i­tantes du PKK. C’est seule­ment après sa 7ème réédi­tion que le Tri­bunal d’Istanbul a décidé de l’interdire et qu’il soit retiré des rayons des libraires. « Dans mon livre, écrit-elle, j’ai par­lé de la tristesse que les femmes ressen­tent en lais­sant une vie der­rière elles, en “mon­tant à la mon­tagne”, de la colère qu’elles ressen­tent envers la vio­lence qu’elles ont vécue depuis leur enfance, la force que la mon­tagne leur a apporté, la sol­i­dar­ité qu’elles ont con­stru­ite face à la dom­i­na­tion mas­cu­line, le sen­ti­ment de ne pas appartenir aux villes… Tout cela est la réal­ité. En résumé, pour ce livre, j’ai fait du jour­nal­isme. Je suis allée, j’ai vu, j’ai par­lé, et j’ai écrit. J’ai écrit la réalité.»

Arzu Demir, 6 ans de prison pour 2 livres Kedistan 27/01/2017

Nail Demir, poète kurde empris­on­né depuis 1993. Grave­ment malade suite à des tor­tures, souf­frant des yeux et sans accès aux soins médi­caux, il a entamé une grève de la faim en mars, soutenu par sa femme et sa famille. Nous avons très peu d’informations sur lui, et seule­ment deux pho­togra­phies dont une anci­enne et l’autre, plus récente, avec sa femme.

Dihaber, arti­cle du 16 mars 2017 (en turc)

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Ragıp Duran, né en 1954, jour­nal­iste et auteur. Il a étudié le droit en France, avant de tra­vailler comme jour­nal­iste dans dif­férents pays, à Lon­dres, Ams­ter­dam ou Boston. Il a été cor­re­spon­dant pour l’AFP en Turquie, puis pour Libéra­tion, sous le pseu­do de Musa Akdemir. Il a déjà été empris­on­né pen­dant sept mois et demi en 1998, pour avoir pub­lié en 1994 un arti­cle dans Özgür Gün­dem (qui, déjà fer­mé à l’époque par décret, avait pris le nom d’Özgür Ülke). Pro­fesseur d’éthique jour­nal­is­tique à l’université de Galatasaray à Istan­bul, il fut désigné, en 1991, «jour­nal­iste de l’année» par l’Association des droits de l’homme de Turquie et reçut, en 1997, le prix de la lib­erté d’expression de l’organisation Human Rights Watch. Il est l’auteur de qua­tre livres (un sur la guéril­la en Afghanistan, en 1980, un autre sur les «médi­amor­phoses», en 2000). Il fait l’ob­jet d’un procès pour sa par­tic­i­pa­tion à la cam­pagne de sol­i­dar­ité d’Özgür Gün­dem. Audi­ence prévue le 9 mai prochain.
Arti­cles de Ragıp Duran pub­liés dans Libération


Ayşe Düzkan est née en 1959 et vit à Istan­bul. Elle est jour­nal­iste et auteure et une fig­ure de proue du fémin­isme en Turquie. Grande lec­trice d’Anaïs Nin et Hen­ry Miller, Elle a écrit qua­tre livres. Aucun d’eux n’a été traduit en français. Elle a écrit dans les jour­naux Radikal et Mil­liyet et tient des chroniques lit­téraires dans plusieurs sup­plé­ments heb­do­madaires. Elle fait l’ob­jet d’un procès pour sa par­tic­i­pa­tion à la cam­pagne de sol­i­dar­ité d’Özgür Gün­dem. Audi­ence prévue le 9 mai prochain..

 

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Aslı Erdoğan est née en 1967. Ecrivaine avant tout, roman­cière et poète, elle vit et tra­vaille à Istan­bul après avoir séjourné à Cra­covie ou St-Nazaire, grâce à des bours­es d’écriture. Empris­on­née en août 2016 pour ses chroniques et son sou­tien au jour­nal Özgür Gün­dem, elle est aus­si con­nue en Turquie pour ses com­bats en faveur de la paix, des réfugiés et des minorités per­sé­cutées par l’État turc. Libérée sous con­trôle judi­ci­aire le 29 décem­bre 2016, elle ne peut quit­ter la Turquie et attend la qua­trième audi­ence de son procès, prévue le 22 juin, encour­ant la prison à vie. Ses let­tres de prison ont per­mis d’alerter, en Europe et au Cana­da, sur la sit­u­a­tion des jour­nal­istes et écrivains en Turquie. Cinq de ses livres ont été traduits aux édi­tions Actes Sud.

Dossier spécial Aslı Erdoğan sur Kedistan

Turhan Günay est l’un des cri­tiques lit­téraires les plus respec­tés en Turquie. Empris­on­né depuis le 31 octo­bre 2016, avec d’autres jour­nal­istes de Cumhuriyet, l’un des prin­ci­paux quo­ti­di­ens indépen­dants en Turquie. Dans une let­tre ouverte pub­liée par Libéra­tion en jan­vi­er, Yig­it Ben­er posait la ques­tion : « Qui aurait cru que Turhan Günay, rédac­teur en chef depuis plus d’un quart de siè­cle du sup­plé­ment livres de Cumhuriyet, le plus vieux quo­ti­di­en laïque du pays, serait en fait un dan­gereux «ter­ror­iste», à la fois «putschiste islamiste» et «séparatiste kurde» ?» Une forte mobil­i­sa­tion des écrivains et édi­teurs turcs a eu lieu en sa faveur, lors de la foire du livre d’Istanbul, en novem­bre 2016. A cette occa­sion, prenant la parole au nom du PEN Club de Turquie, Hay­dar Ergülen a demandé la libéra­tion immé­di­ate de Tur­ban Gunay et de tous les auteurs emprisonnés.

Mon cher Turhan, que d’inepties meur­trières par Yiğit Ben­er, Libéra­tion, 1/1/2017


Kadri Gürsel est né en 1961, à Istan­bul. Auteur et édi­to­ri­al­iste renom­mé de poli­tique inter­na­tionale, prési­dent de l’International Press Insti­tute basé à Vienne, il est une fig­ure de proue d’un jour­nal­isme aus­si exigeant qu’indépendant, auteur d’un ouvrage en 1996, Ceux de la mon­tagne. Plus récem­ment, il a écrit «Turquie, année zéro», paru aux édi­tions du Cerf en févri­er 2016. Kadri Gürsel est devenu une des cibles récur­rentes du pou­voir : il a été licen­cié par le quo­ti­di­en Mil­liyet en juil­let 2015 pour un tweet con­tre le prési­dent Erdo­gan, et tra­vaille depuis mai 2016 pour Cumhuriyet. C’est à ce titre qu’il a été arrêté le 31 octo­bre 2016, avec une dizaine d’autres jour­nal­istes du même titre.
Son livre : Turquie année zéro, aux édi­tions du Cerf


Nazlı Ilı­cak est née en 1944 à Ankara. Auteure d’une dizaine d’essais, jour­nal­iste et femme poli­tique, elle a fait ses études dans un lycée fran­coph­o­ne puis à l’Ecole des Sci­ences Poli­tiques et Sociale, à Lau­sanne. Elle a été élue députée en 1999, avant d’être inter­dite de poli­tique pen­dant cinq ans en 2001. Accusée d’appartenir au mou­ve­ment güleniste, elle est détenue depuis fin juil­let 2016 à la prison pour femmes de Bakırköy.

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Nadire Mater est jour­nal­iste à Bianet, essay­iste et fémin­iste. Elle a pub­lié, en 2009, La Rue est belle : que s’est-il passé en 68 ? Lors d’un entre­tien avec le mag­a­zine Express, Nadire Mater expli­quait : « La rue est un lieu de lib­erté, un lieu où l’on recherche la lib­erté. En tant que femme, je com­pre­nais mieux que la rue sig­nifi­ait la lib­erté et je le ressen­tais davan­tage. Ce n’est pas pour rien que les femmes investis­sent la rue. La rue est aus­si un lieu de tristesse. Nous étions aus­si dans la rue pour dire adieu à nos cama­rades qui furent assas­s­inés à par­tir de 1968, et nous y sommes tou­jours.» Elle a com­paru le 27 juin 2016 pour avoir été, comme tant d’autres, «rédac­teur en chef de garde» d’Özgür Gün­dem, et a été con­damnée à quinze mois de prison avec sur­sis et à une amende de 6000 lires turques (1500 euros) pour sa par­tic­i­pa­tion, en ver­tu de l’article 7/2 de la loi antiter­ror­iste sur la «pro­pa­gande pour une organ­i­sa­tion terroriste».
La Rue est belle : que s’est-il passé en 68 ? par Emine Özcan, Bianet, tra­duc­tion Georges Festa.
Mehmedin Kitabı de Nadire Mater, Istan­bul, 2003, édi­tions Metis


Ahmet Nesin, jour­nal­iste, écrivain et défenseur des droits humains, fils de l’écrivain Aziz Nesin. Essay­iste avant tout, il a pub­lié plus d’une douzaine d’ouvrages. Le 7 juin 2016, il est «rédac­teur en chef de garde» d’Özgür Gün­dem et le 20 juin 2016, il est placé en déten­tion sur déci­sion de la pre­mière cour de paix du dis­trict d’Istanbul, le temps de l’enquête sur son impli­ca­tion pré­sumée dans une affaire de pro­pa­gande ter­ror­iste, accusé d’avoir pris part à une cam­pagne de sol­i­dar­ité envers le jour­nal Özgür Gün­dem : au nom du plu­ral­isme, 56 per­son­nal­ités se relaieront, entre mai et août 2016, pour pren­dre sym­bol­ique­ment la direc­tion de ce jour­nal per­sé­cuté par la jus­tice. Détenu dans la prison Metris. Le 1er juil­let 2016, la 14e cour pour les lour­des peines a ordon­né sa libéra­tion pro­vi­soire. Il a quit­té la Turquie pour se réfugi­er en France, où il avait déjà trou­vé refuge entre 2003 et 2009. Il ne s’est donc pas ren­du aux audi­ences du 8 novem­bre 2016 et du 21 mars 2017, au palais de jus­tice d’Istanbul, encour­ant une peine de prison de 14 ans et demi.


Sevan Nişanyan est né en 1956 à Istan­bul. Il a étudié la philoso­phie et les sci­ences poli­tiques aux Etats-Unis avant de devenir enseignant, auteur, jour­nal­iste et lin­guiste, empris­on­né depuis trois ans pour son livre « La fausse République ». Plusieurs peines de prison pren­nent le pré­texte d’irrégularités sur le plan immo­bili­er, Sevan Nişanyan ayant ouvert, en 1995, plusieurs maisons d’hôtes dans le vil­lage de Şir­ince, à prox­im­ité du site d’Ephèse, où il restau­re d’anciennes maisons à l’abandon en respec­tant l’architecture tra­di­tion­nelle. Il est aus­si l’auteur d’un livre impor­tant sur les toponymes en Turquie, paru en 2010. En déten­tion, il a rédigé le pre­mier dic­tio­n­naire éty­mologique de la langue turque et des guides de voy­age. Il a aus­si écrit dans la presse (pour Taraf et Agos, le jour­nal fondé par Hrant Dink). Actuelle­ment incar­céré à la prison de Tor­bali, près d’Izmir.

Sevan Nişanyan, toujours en prison Kedistan 09/01/2016

Yıl­maz Odabaşı, est né en 1962. Kurde, il est jour­nal­iste et poète avant tout, écrivant dans les deux langues, kurde et turc. En 1984, son pre­mier recueil de poèmes est saisi. Par­al­lèle­ment à son activ­ité de poète, il pour­suit une car­rière de jour­nal­iste à Diyarbakir, écrivant aus­si des chroniques pour Cumhuriyet et Radikal. En 2000, son recueil de poèmes Rêve et vie lui vaut d’être empris­on­né pour 18 mois, au cours desquels il est fait mem­bre d’honneur du Pen Club sué­dois. L’écrivain a été égale­ment inculpé pour avoir «insulté» le tri­bunal lors de la pronon­ci­a­tion du ver­dict. Ses poèmes ont été traduits en alle­mand et en per­san, et un pre­mier roman est édité en 2004. Il s’est exilé en France pour échap­per aux con­damna­tions et pro­test­er con­tre un régime islamo-conservateur.
Un poète kurde quitte un pays amoureux de son bour­reau sur RTBF


Pınar Selek est née en 1971 à Istan­bul. Elle est soci­o­logue, écrivaine et fémin­iste. Pour échap­per au har­cèle­ment judi­ci­aire qui dure depuis juil­let 1998, presque vingt ans, elle a trou­vé refuge en Alle­magne puis en France. Elle a été tor­turée avant de se résoudre à l’exil. Qua­tre fois con­damnée à la prison à vie, qua­tre fois acquit­tée, elle est dans l’attente d’une cinquième con­damna­tion. Le 25 jan­vi­er 2017, après une attente qui a duré 19 années, le pro­cureur de la Cour de Cas­sa­tion a don­né son avis : il demande une con­damna­tion à perpétuité.
Le site de sou­tien à Pinar Selek, en français

Pınar Selek sur Kedistan

Ahmet Şık, jour­nal­iste et auteur de plusieurs livres. En 2011, c’est un livre décrivant les liens entre le mou­ve­ment Gülen et l’Etat, L’armée de l’Imam, qui lui avait valu d’être arrêté par la police. Le 29 décem­bre 2016, il est à nou­veau arrêté pour “pro­pa­gande ter­ror­iste” et “humil­i­a­tion en pub­lic, de la République de la Turquie, ses organes judi­ci­aires, ses mil­i­taires et son organ­i­sa­tion poli­cière”. Le Pro­cureur apporte comme “preuves” les tweets d’Ahmet Şık, ain­si que cer­tains de ses arti­cles dont un reportage avec Cemil Bayık, le respon­s­able du PKK, pub­lié le 14 mars 2015, trois arti­cles con­cer­nant les ser­vices secrets turcs et leur rôle dans le mas­sacre de Robos­ki, et les camions chargés d’arsenal mil­i­taire turc des­tinés à Daesh.
«Le gou­verne­ment a adop­té le pro­gramme d’une dic­tature.» C’est en sub­stance ce qu’a affir­mé Ahmet Şık, jour­nal­iste au quo­ti­di­en Cumhuriyet, lors de son audi­ence au tri­bunal d’Istanbul, ce mer­cre­di 15 févri­er. Il avait été arrêté le 29 décem­bre dernier. Une nou­velle audi­ence est prévue pour le 12 avril 2017.

 Nouvelle prise d’otage, Ahmet Şık, journaliste Kedistan 31/12/2016
Ahmet Şık, jour d'audience pour l'affaire Oda TV Kedistan 16/02/2017

Yıldırım Türk­er est né en 1957 à Ankara, poète et écrivain, jour­nal­iste et scé­nar­iste. Il a traduit Jean Genet, Harold Pin­ter et Sam Shep­ard en turc. Il com­para­ît le 26 juin 2016 pour avoir été, une semaine, «rédac­teur en chef de garde» du jour­nal Özgür Gün­dem, c’est-à-dire, dans la bouche du pro­cureur, pour « pro­pa­gande pour une organ­i­sa­tion ter­ror­iste ». Le 7 mars 2017, il est con­damné à une peine de prison avec sur­sis d’un an, dix mois et quinze jours.
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Murat Uyurku­lak est né en 1972 à Aydın, en Turquie. Exclu de l’université, il exerce divers métiers de serveur, tech­ni­cien, tra­duc­teur, jour­nal­iste et édi­teur. Son pre­mier roman, Tol, pub­lié en 2002 en Turquie, a très vite été acclamé par la cri­tique, qui a vu en lui une nou­velle voix de la lit­téra­ture turque con­tem­po­raine. Adap­té au théâtre, Tol a con­nu un sec­ond suc­cès et a été traduit en français, pour être pub­lié aux édi­tions Galaade. Men­acé de prison pour son sou­tien au jour­nal Özgür Gün­dem, il a été con­damné le 7 mars 2017 à une peine de quinze mois avec sur­sis pour pro­pa­gande terroriste.
Murat Uyurku­lak sur le site de Galaade éditions


Eşber Yağ­mur­dere­li est écrivain et aveu­gle, dra­maturge et mil­i­tant des droits de l’homme. Arrêté pour la pre­mière fois en 1978, il a été con­damné à mort, une peine com­muée en prison à vie. Libéré à titre tem­po­raire, pour raisons de san­té, de novem­bre 1997 à juin 1998, il est retourné en prison. Il a déjà purgé qua­torze ans d’emprisonnement quand il est à nou­veau incar­céré en octo­bre 2004, pour vingt-trois ans. Son crime ? Avoir réu­ni un mil­lion de sig­na­tures pour la paix au Kur­dis­tan. Aujour­d’hui libre, il a par­ticipé à la cam­pagne de sol­i­dar­ité du jour­nal Özgür Gün­dem, et il a été à ce titre sous le coup de pour­suites judiciaires.
Eşber Yağ­mur­dere­li, écrivain, aveu­gle et pris­on­nier, Cour­ri­er Inter­na­tion­al, 31/03/2005


Deniz Yücel est né en 1973 en Alle­magne de par­ents turcs, ce qui lui vaut la dou­ble-nation­al­ité. Jour­nalise pour Die Welt, il a pub­lié deux livres en Alle­magne et a été arrêté lors d’un reportage en Turquie. Après treize jours de garde à vue, la jus­tice turque a ordon­né le 27 févri­er 2017 qu’il soit placé en déten­tion en l’attente de son procès. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison. En signe de sou­tien, Die Welt a pub­lié un édi­to­r­i­al inti­t­ulé : “Nous sommes Deniz” et 160 députés du Bun­destag ont signé une let­tre ouverte de protes­ta­tion. Une péti­tion en sa faveur cir­cule sous le hash­tag #Free­D­eniz. Un rassem­ble­ment sol­idaire a eu lieu dès le 28 févri­er 2017 devant l’ambassade de Turquie à Berlin, à l’appel de la Fédéra­tion des jour­nal­istes et des Verts.

Deniz Yücel, restera en prison Kedistan 28 février 2017

 

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