Abdul­lah Öcalan, leader des Kur­des, n’avait pas eu de con­tact avec ses avo­cats depuis le 27 juil­let 2011, avec sa famille depuis le 6 Octo­bre 2014. Les ren­con­tres avec la délé­ga­tion İmr­alı avaient cessé depuis 5 avril 2015.La dernière entre­vue remon­tait à une ren­con­tre avec le Comité européen pour la préven­tion de la tor­ture effec­tué le 28–29 avril 2016.

Les Kur­des étaient inqui­ets de son sort, surtout après la ten­ta­tive de coup d’Etat du 15 juil­let dernier.

Bien que les dates prob­a­bles avaient été annon­cées aux médias comme pou­vant être les 14 ou 18 sep­tem­bre, le frère d’Abdullah Öcalan, Mehmet a fait une vis­ite à la prison d’İmralı, hier, le 11 septembre.

Mehmet Öcalan avait ensuite quit­té l’île sans faire de déc­la­ra­tion. Mais le lende­main, il a fait un compte ren­du de sa ren­con­tre à Amed (Diyarbakır) dans les locaux du DBP, où se trou­vaient les 50 volon­taires en grève de la faim, et des députés HDP.

Mehmet Öcalan, après deux ans sans con­tact avec son frère, a pu pass­er une heure avec lui. Mehmet a pré­cisé qu’Öcalan est détenu dans cette prison avec trois autres cama­rades, et a trans­mis son message :

Nous con­tin­uons à tra­vailler ensem­ble. Oui, notre déten­tion en isole­ment con­tin­ue certes, mais ici, nous n’avons pas de prob­lèmes physiques. Nous con­tin­uons comme avant. Nous avons de temps en temps des con­tacts entre nous. Il n’y a pas de problème.

Nous avons des pro­jets. Si l’Etat est prêt pour ces pro­jets, nous pou­vons les finalis­er en 6 mois. Nous ne con­sid­érons pas anéan­ti le proces­sus de réso­lu­tion [précé­dent]. Croyez-moi, il a dit cela…

J’ai trans­mis les mes­sages des amis d’ici, du HDP aussi.

Il a dit que le prob­lème kurde, est un prob­lème dif­fi­cile, et n’est pas un prob­lème de 20, 40 ans, mais de 100 ans. Il a dit que si l’Etat était sincère, ce prob­lème serait résolu jusqu’à main­tenant, autant de gens ne seraient pas morts. Je n’arrive pas à dormir, en Turquie, tous les jours une trentaine de per­son­nes meurent. Ce pays ne mérite pas cela. Des gens qui ont la moin­dre con­science doivent penser à cela.

Abdul­lah Öcalan :

Nos pro­jets sont prêts. Dans six mois nous pou­vons résoudre la sit­u­a­tion. Cette guerre est une guerre aveu­gle. Ce n’est pas une guerre où l’un peut vain­cre l’autre. Elle peut con­tin­uer encore 80 ans. C’est dom­mage pour les gens qui meurent. Il faut main­tenant que ce sang et ces arment cessent.

La réso­lu­tion ne peut pas être uni­latérale. La plus grande par­tie revient à l’Etat. Si l’Etat veut, ce prob­lème ne con­tin­uera pas. En con­cer­nant l’être humain, ce sujet occupe l’actualité partout au monde. Je le dis, je le répète. Si l’Etat est un Etat de droit, il peut envoy­er le plus rapi­de­ment pos­si­ble les avo­cats, et si néces­saire les délé­ga­tions précé­dentes. Bien­tôt c’est les fêtes. Si tous les jours il y a des gens qui meurent, ces fêtes ne peu­vent pas être des fêtes. Je souhait­erais de bonnes fêtes, mais ce n’est même pas moral. Tout est dans nos mains. Nous pou­vons trou­ver une solu­tion. Tout le monde, des organ­i­sa­tion démoc­ra­tiques aux par­tis poli­tiques, des intel­lectuels aux démoc­rates, toutes les per­son­nes qui pensent humain, souhait­ent et atten­dent la réso­lu­tion de ce problème.

Après la prise de parole de Mehmet Öcalan, Ley­la Güven, Co-prési­dent du DTK, a déclaré au nom des grévistes, qu’ayant des nou­velles d’Abdullah Öcalan, la grève de la faim pre­nait fin ce 8ème jour.

Les pop­u­la­tions kur­des, tant celles du Kur­dis­tan turc, des quartiers des grandes métrop­o­les, que celles du Roja­va vont se sen­tir soulagées d’une grande angoisse. Les Kur­des de la dias­po­ra égale­ment. La “fer­veur” autour du leader kurde est à la mesure des répres­sions subies, et on peut penser qu’il est préférable pour l’E­tat turc de lever là une “soupape”, alors qu’il est sur plusieurs fronts, et que son admin­is­tra­tion est affaib­lie et en restruc­tura­tion depuis les purges. Cela ne l’a pour­tant pas empêché d’ar­rêter et de démet­tre de leurs respon­s­abil­ités des maires et élus en grand nom­bre cependant.

Ce compte ren­du d’une com­mu­ni­ca­tion enfin avec Öcalan, n’ap­porte pour­tant pas de renou­veau poli­tique. Il con­firme pour les direc­tions du PKK, la volon­té déjà affir­mée de ren­voy­er la balle dans le camp d’Er­do­gan, pour la reprise immé­di­ate du “cessez le feu” et des “négo­ci­a­tions”, rompues uni­latérale­ment par le régime AKP en 2015.

Il est prob­a­ble que le leader kurde ait reçu con­signe de ne pas faire de cette ren­con­tre une “tri­bune”, sous peine de voir son isole­ment pro­longé, ce qui expli­querait le peu d’in­for­ma­tions livrées.

L’é­tape suiv­ante, reste plus que jamais, la recherche de la réou­ver­ture des négo­ci­a­tions de paix. Le gou­verne­ment AKP sem­ble pour­tant lui tourn­er le dos.


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