Nous avons reçu un joli cadeau au Kedistan !

Un enreg­istrement de Keçê Kur­dan, chan­té le 26 août dernier, à Aix-en-Provence, par les mem­bres de chorales révo­lu­tion­naires de France, d’Es­pagne et d’Angleterre ! 

Les cho­ristes dédi­ent leur chanson :

A toutes les femmes kur­des qui lut­tent en Syrie, en Turquie, en Irak ou en Iran. Nous voulons les soutenir dans leurs com­bats con­tre la bar­barie et l’obscurantisme religieux, con­tre les préjugés sex­istes et patri­ar­caux et con­tre l’interminable répres­sion de l’Etat turc.”

Sur leur demande et avec l’aimable autori­sa­tion de toutes et tous les cho­ristes, les kedi sont heureux de pass­er leur mes­sage musical…
Mer­ci à elles, mer­ci à eux !

Vous voulez les paroles ? Les voilà, suiv­ies de la traduction

Keçê Kurdan
Keçê biner çerxa cîhan
Zor girêdanê me re zor
Jin çûne pêş pir dixwînin
Êdi qelem ket çûne şûr
Keçê em dixwazin bi me re werin şêwre
Dilo em dixwazin bi me re werin cengê
Haye haye em keçikê kurdan in
Şêrin em cengin em hêviya merdan in
Haye haye em külilkê kurdan in
Derdê nezana berbendi serhildanî
Serê xwe rake keça kurdan
Dil û cigerim heliyan
Ka niştiman ka azadî
Ka dayika me sêwîyan

* * *

Fille kurde
Fille fais-toi voir au monde entier
Des choses dures vous attendent
Les femmes vont de l’avant et étudient
A partir de maintenant, à la place de l’épée vient la plume [crayon]
Fille, nous voulons que vous veniez avec nous à la rencontre
Fille, nous voulons que vous veniez avec nous à la guerre
Hé, hé, Nous sommes les filles kurdes
Nous sommes des lionnes, nous sommes des combattantes,
Nous sommes l’espoir des braves hommes
Hé, hé, Nous sommes les fleurs kurdes
La peine des ignorants oppresseurs, la rébellion
Soulève ta tête fille kurde
Mon cœur, mon être ont fondu
Où est le pays ? où est la liberté ?
Où est la mère de nous orphelins ?
(traduction de Gülay)

Cette chan­son a for­cé­ment eu des prob­lèmes avec la jus­tice et la Turquie…

Elle se trou­ve dans le pre­mier album stu­dio de la chanteuse Aynur Doğan. Cet album qui porte d’ailleurs comme nom le titre Keçê Kur­dan, est sor­ti en 2004, et il a été inter­dit et retiré de la vente en févri­er 2005 suite à une déci­sion du tri­bunal, qui avait pour motif : « Encour­ager les filles kur­des à com­bat­tre dans les mon­tagnes, donc faire de la pro­pa­gande d’organisation illé­gale ». L’in­ter­dic­tion a été sup­primée, six mois plus tard, en septembre.

En 2007, une radio FM a dif­fusé Keçê Kur­dan et, cette fois le Pro­cureur d’Adana a ouvert un procès à son encon­tre pour « séparatisme ». Mehmet Arslan, le respon­s­able de la radio, qui risquait une peine de prison de 4 ans et 6 mois, a été acquit­té. Après tout, l’al­bum était pro­duit et dis­tribué avec l’au­tori­sa­tion du Min­istère de Culture…

En 2008, Keçê kur­dan, a été inter­prétée par Aynur et une célèbre chanteuse turque, Ajda Pekkan, sur scène et pour l’album « Güldünya Şarkıları », Chan­sons de Güldünya1pro­duit pour financer et soutenir la ligne d’appel « Urgence vio­lence inter­fa­mil­iale » sor­ti le jour mon­di­al de « lutte con­tre la vio­lence faite aux femmes ».

Voici, l’interprétation de la chanteuse Aynur Doğan.

Ce qui est curieux dans le fait que Keçê Kur­dan se trou­ve de temps à autre devant la jus­tice, est que Grup Yorum, l’avait inter­prétée dans son album Cesaret déjà en 1992… C’est assez éton­nant qu’une chan­son jouée, écoutée depuis 13 ans, puisse com­mencer à déranger d’un coup en 2005 et créer un polémique poli­tique. Pour com­pren­dre une chan­son qui par­le aux femmes, qui les appelle à faire la “guerre”, non pas spé­ciale­ment avec la kalach­nikov, mais aus­si avec “la plume”, et à être la peine des “igno­rants oppresseurs”, il faut regarder cer­taine­ment un peu plus haut que ses à pri­ori et son nom­bril national…

Sur ce, allez, on remet une couche avec Gurup Yorum !

N’ou­blions pas que Keçê Kur­dan a été com­posée par le deng­bêj, poète et écrivain kurde Şivan Perwer…

Kardeş Türküler, une ver­sion live…

En sur­fant Inter­net sur la vague de Keçe kur­dan, je décou­vre bien sur les pro­pos sec­taires et haineux des gens qui ne sup­por­t­ent pas la cul­ture, la musique et même l’ex­is­tence des “autres”, mais aus­si des avis émouvants :

Je suis tur­coph­o­ne alors ne com­prends pas un mot des paroles, mais peu importe, car il est impos­si­ble de ne pas se laiss­er envahir par cette chan­son entrainante et se join­dre à la danse. C’est une de ces chan­sons rares qui me don­nent cette envie de bouger. S’il y a un halay (danse en ronde) dans les envi­rons, je plonge dedans, je par­ticipe aux zıl­gıt (youy­ou).”

Une ver­sion récente… une sur­prise de Haïd­outi Orchestar 

Nous avons com­mencé avec une ver­sion à dimen­sion transna­tionale, ter­mi­nons donc avec une autre…

Bien sur si vous tenez tou­jours assis…
Tou­jours avec Aynur… mais là, c’est une mag­nifique inter­pré­ta­tion avec Ibrahim Kei­vo et Mor­gen­land Cham­ber Orches­tra au Fes­ti­val Osnabrück en 2012…
Ca vaut le coup de détour !


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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.