Kedis­tan vous présen­tait récem­ment Le Haïd­outi Orkestar… Aujour­d’hui les kedi vous annon­cent la prochaine sor­tie de leur nou­v­el album “Babel Con­nex­ion”. Il va fal­loir atten­dre encore un peu… Il vien­dra avec le print­emps. C’est prévu pour le 28 avril.

Babel Con­nex­ion !

Babel…

Tout le monde se ser­vait d’une même langue et des mêmes mots” dit le livre de con­tes pour adultes le plus con­nu. Non, je ne vais pas faire un copi­er coller du chapitre “Genèse 11:8, 9”, mais résumer à ma façon,  les “faits” décrits dans le livre, qui expliquent com­ment s’est con­stru­ite brique par brique, la ville de Babel. Quand sa fameuse tour “qui pénètre les nuages” tit­ille le seigneur de l’u­nivers, l’ar­chi­tecte des nuages et des mon­des, le grand pro­gram­ma­teur de planètes en 3D, il tourne ses yeux vers Babel. Il com­prend alors, que ces petits hommes et femmes ont bien des idées, et de la con­ti­nu­ité dans leurs idées. “Ils con­stru­isent tout en bonne entente, parce qu’ils se com­pren­nent” grogna-t-il. “Si on les laisse faire, ils peu­vent con­stru­ire tout ce qu’ils voudront. Ecartelons donc leur lan­gage pour qu’ils ne se com­pren­nent plus les uns les autres !” C’est comme ça que la langue unique, partagée, par­lée et com­prise par toutes et tous fut con­fisquée et les femmes et les hommes se virent dis­per­sés sur la sur­face de la Terre, comme des lentilles qui se pro­jet­tent d’un pot cassé, en confettis.

Voilà com­ment ce con­te explique, pourquoi et de quelle façon, l’hy­pothé­tique pro­to-langue nous fut retirée. Si depuis la belle lurette on ne se com­prend pas et qu’on se tape dessus pour un oui pour un non, ce serait à cause de cette inter­ven­tion d’un mau­vais joueur.

Nous savons déjà comme il est dif­fi­cile de se com­pren­dre. Nous savons aus­si, que par­ler la même langue est sou­vent insuff­isant pour s’en­ten­dre… Mais la langue, est-elle indis­pens­able pour se com­pren­dre ? N’y a‑t-il pas d’autres moyens ? Qui ne s’est jamais trou­vé seul et pris­on­nier de sa langue natale, au milieu des con­ver­sa­tions dans une autre langue ? Et là, il y a les regards, le recours aux gestes, on se débrouille comme on peut. Mais il y a un autre moyen, qui a la force d’ar­pen­ter les émo­tions comme les chemins, ce qui le rend uni­versel et essen­tiel : la musique.

Chaque série de notes, chaque mélodie, porte en son sein, for­cé­ment quelque chose qui nous par­le, qui nous rap­pelle, en quelque sorte nous appar­tient. Quand la musique sub­merge en cas­cade, deux êtres, se croisent for­cé­ment au moins sur un sou­venir, une sen­sa­tion ou une émo­tion qui leur est com­mun. Deux êtres, même incon­nus l’un à l’autre, même très dif­férents, puis trois, puis qua­tre, ensuite beau­coup… C’est dans ce moment de partage qu’on devient, ce qui est banale­ment appelé “le pub­lic”, qui est en vérité, une fois ensem­ble à tra­vers la musique, une entité unique. Et si cha­cun s’ex­prime à sa façon, en tapant des mains et du pied, en sec­ouant les épaules, en dansant dans la joie, par­fois en lais­sant couler des larmes mélan­col­iques, c’est affirmer son “appar­te­nance”. C’est “se connecter”.

La musique est une des plus puis­santes passerelles pour se ren­con­tr­er, se trou­ver, partager, ressen­tir et avec un peu de volon­té on se remet à con­stru­ire. On con­stru­it l’empathie, on con­stru­it l’at­ten­tion, le partage, l’ami­tié, l’amour, voire des châteaux en Espagne, ou encore des tours de Babel qui per­cent les nuages.

Si la musique peut être la clé pour “se con­necter”, celle du Haïd­outi Orkestar, poly­glotte, trans-cul­tures, et irré­sistible­ment chaleureuse, est, je dirais, un sacré trousseau de clés ! Rien d’é­ton­nant donc que le nou­v­el album s’ap­pelle “Babel Connexion”.

Quand j’ai fait part de toute cette réflex­ion à Syl­vain, le bat­teur-per­cus­sion­niste du groupe, il m’a rap­pelé leur récent con­cert au BAAM, “Bureau d’Ac­cueil et d’Ac­com­pa­g­ne­ment des Migrants”. “C’é­tait tout à fait ça” m’a dit-il, “Il y avait des femmes et hommes qui venaient d’Éry­thrée, de Soudan, d’Afghanistan, il y avait des Français­Es… et cha­cune, cha­cun trou­vait quelque chose qui lui par­lait. Le but c’é­tait la ren­con­tre et on s’est toutes et tous réelle­ment rencontréEs…”

*


Présentations…

Une fan­fare-orchestre des Balka­ns fondée en région parisi­enne en 2004, par le bat­teur-per­cus­sion­niste Syl­vain Dupuis. Le groupe tient son nom du bul­gare : les ‘Haïd­ou­tines’ s’ap­parentaient à des brig­ands aux grands cœurs, sorte de Robin des bois qui com­bat­taient l’Empire Ottoman.

Le fon­da­teur du groupe, eth­no­mu­si­co­logue de for­ma­tion, pas­sion­né des musiques du monde, a réu­ni le bul­gare Krassen Lutzkanov (Kaval, sax­o­phone) et le serbe tsi­gane Jasko Ram­ic (accordéon) ain­si que Yann Mar­tin et Mar­tin Sac­cardy (trompette), Gaël Fajeau (soubas­so­phone) à la sec­tion cuiv­re. Le trompet­tiste fran­co-libanais Ibrahim Maalouf vien­dra régulière­ment apporter sa couleur sur cer­tains album et live de l’orchestre, tout comme quelques grands noms du jazz dont, Didi­er Mal­herbe et Nico­las Genest.

La sin­gu­lar­ité du pro­jet se des­sine avec l’ar­rivée du chanteur turc Zeki Ayad Çölaş dont la voix appa­raît déjà, en 2007, sur “Balkan Heroes” le pre­mier album du Haïd­outi Orkestar. Avec ce choix, le pro­jet du groupe s’affine et se fédère autour de la volon­té com­mune de créer des passerelles entre les musiques turques et balka­niques. Dès lors, ce pre­mier album reçoit un bel accueil de son pub­lic et de la presse comme en témoignent ces quelques lignes extraites du Cour­ri­er des Balkans :

L’oreille tournée vers le pat­ri­moine musi­cal légué par l’Empire ottoman, c’est avec un esprit d’ouverture que le Haïd­outi Orkestar abor­de les sons balka­niques, les inter­ro­geant et les renou­ve­lant, pour don­ner à enten­dre une musique qui mêle habile­ment influ­ences tra­di­tion­nelles et sonorités plus modernes.’

Le troisième album inti­t­ulé ‘Dogu’, sor­ti en 2012 élar­git ses fron­tières encore plus loin à l’Est, en fouil­lant les réper­toires des musiques azéris, kur­des, syro-libanais­es et arméni­ennes et con­firme surtout toute l’originalité et la vivac­ité dont l’Haïdouti Orkestar est empreinte. L’album reçoit un excel­lent accueil cri­tique et béné­ficiera d’un trois clés de la part du mag­a­zine Télérama :

Plus ori­en­tal que jamais, leur melt­ing-pot cuiv­ré se pare de couleurs lyriques inédites, sou­vent lan­goureuses, par­fois mélan­col­iques, qui font ressor­tir le beau tim­bre gut­tur­al de Zeki Ayad Çölas.’

A l’o­rig­ine, fidèles aux “tra­di­tion­nels” des Balka­ns et de la Turquie, le réper­toire du ‘Haïd­outi’ évolue au fil des ans. Désor­mais l’écri­t­ure met en avant sa volon­té de métiss­er tra­di­tion et moder­nité, Ori­ent et Occi­dent. Pour preuve, le Haïd­outi fût le pre­mier orchestre à repren­dre en ver­sion fan­fare le célèbre titre du chanteur Kurde Sivan Per­w­er : ‘Cane cane’ (in Dogu). Idem pour Bint el Cha­l­abiya, la chan­son-mon­u­ment de Fairuz, revis­itée savam­ment par l’orchestre qui en pro­pose une ver­sion cuiv­rée. Tout comme ‘Duch­manya’, ce morceau tra­di­tion­nel de Macé­doine chan­té par Ibrahim Tatlis­es qui devient à son tour ’cuiv­ré’ une fois passé dans la maniv­elle de l’Orkestar.

En 2016, le groupe a l’honneur d’être invité par Ibrahim Maalouf pour enreg­istr­er la bande orig­i­nale inté­grale du film ‘La Vache’, réal­isé par Mohamed Hami­di, dans lequel Jamel Deb­bouze et Lam­bert Wil­son se parta­gent l’affiche. Le film est un suc­cès total, faisant plus d’un mil­lion trois cent mille entrées en France et s’exportant dans toute l’Europe, en Amérique du Sud et au Cana­da. Le groupe sera même invité à jouer durant la Céré­monie de clô­ture du Fes­ti­val de Cannes 2016, enflam­mant sans com­plexe et avec sa joie com­mu­nica­tive le Palais des Festivals.

Haïdouti OrkestarC’est dans cette con­ti­nu­ité que « Babel Con­nex­ion », leur qua­trième album stu­dio, sor­ti­ra le 28 avril 2017 via Tchek­chou­ka / l’Autre Dis­tri­b­u­tion. Du slam engagé, scan­dé par Rou­da (Le Vieux Bateau de Bois) ; un hom­mage aux femmes, et en par­ti­c­uli­er kur­des, chan­té par Edi­ka Gun­duz (Keçe kur­dan) ; de l’ethno jazz avec le pianiste Bozan Z (Tcha­gri) et le trompet­tiste Nico­las Gen­est (Saalouni Nas) ; de la gui­tare con­go­laise avec Olivi­er Tshi­man­ga (Mala Papri­ka)… Et pour la pre­mière fois, des textes en français inter­prétés avec brio par le turque Zeki Ayad Çölaş.

En plus de cette foi­son­nante créa­tiv­ité et de plusieurs tournées à tra­vers l’Europe, plusieurs mem­bres du groupe par­ticipent égale­ment l’écri­t­ure d’autres com­po­si­tions telles que : ‘Ker­van’ de Krassen Lutkanov, ‘Krassen­it­sa’ de Jasko Ram­ic et ‘Sev­daya Dair’ d’Alon Peylet et Zeki Ayad Çölas.

Les membres de Haïdouti Orkestar :

Syl­vain Dupuis (France) : Tapan, batterie
Krassen Lutzkanov (Bul­gar­ie) : Kaval, saxophone
Jasko Ram­ic (Tsi­gane de Ser­bie) : Accordéon
Zeki Ayad Çölas (Turquie) : Chant, saz
Denys Danielides (France) : Soubassophone
Pierre Rigopou­los (Grèce) : Der­bou­ka, rek
Mar­tin Sac­cardy (France) : Trompette
Char­lotte Auger, Manel Girard, Alon Peylet (France) : Tubas
Nuria Rovi­ra Salat (Espagne) : Danse

Ont joué ou ont croisé la route du Haïd­outi Orkestar : Radoslav Myr­i­anov, Simon Andrieux, Gilles Garin, Gaël Fajeau, Fab­rice Mar­tinez, Alban Sar­ron, Stéphane Danielides, Julien Oury, Miroslav Pesic, Ivi­ca Bog­dan­ic, Lau­rent Clou­et, Was­sim Hal­lal, Adri­an Ior­dan, Nenad Elmaz, Ibrahim Maalouf, Didi­er Mal­herbe, Bachar Mar Khal­ife, Amar Chaoui, Hac­er Toruk, Sanaa Moulali, Yann Martin.

  • La Vache (Quad, Mis­ter Prod, har­mu­nia mun­di) Ibrahim Maalouf et Haïd­outi Orkestar, 2016
  • Dogu (L’Autre Dis­tri­b­u­tion) fea­tur­ing Didi­er Mal­herbe, Ibrahim Maalouf), 2012
  • Tek Tek (L’Autre Dis­tri­b­u­tion) fea­tur­ing Ibrahim Maalouf), 2009
  • Ben­abar, Infréquentable (invité spé­cial sur plusieurs titres), 2008
  • Com­pi­la­tion Balkan Fever (Wagram) avec Taraf de Haidouks, Emir Kus­turi­ca, Goran Bre­gov­ic… 2008
  • Balkan Heroes (L’Autre Dis­tri­b­u­tion), 2007
  • Les Balka­ns réu­nis, 2005

Deux titres faisant par­tie de l’al­bum, pour vous don­ner l’eau à la bouche…

 

Pour plus...
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