Directement concernés par les séismes en Turquie et en Syrie, nous aurions pu passer des heures à relayer l’atroce actualité qui conduit à parler de plus de cinquante mille morts et disparus. Une actualité pleine de souffrances endurées par les populations et de cynisme, avec lequel le régime a réagi, fuyant toute responsabilités et se réfugiant derrière “la plus grande des catastrophes jamais connue”, comme si elle était tombée du ciel.
Qui connait le passé tellurique de la Turquie et la façon dont les régimes corrompus y ont toujours fait face, sait aussi que celui en place avait en son temps instrumentalisé celle de la proximité d’Istanbul avant de s’empresser à son tour, d’oublier toutes les bonnes résolutions de prévention et de faire à nouveau du “bâtiment” la vache à lait des corruptions et de la “croissance”.
Il y aurait tant à dire sur la surmortalité enregistrée, causée par l’appât du gain et l’ignorance volontaire permettant d’écarter les surcoûts de la prévention en matière sismique, tout autant que sur l’impréparation conduisant à l’indigence des secours dans les premiers jours.
Sur ces questions, nous nous faisons le relai d’émissions de radio qui ont cherché à aller plus loin. Nous vous présentons ici un choix parmi celles-ci, qui apporte des éléments de réflexion sans entrer dans une géopolitique hasardeuse, ce qui n’est pas le cas de toute la série.
Le premier podcast a le mérite d’un retour sur le passé qui éclaire la place prise par le capitalisme bétonneur corrompu dans la “croissance” turque de ces dernières années. Le régime en a fait à la fois une marque de fabrique et l’enrichissement de ses affidés, avec un mépris total pour la prise en compte des risques sismiques. En ce sens, la catastrophe prend toute une dimension de responsabilité humaine, que ce régime politique tente de masquer.
Épisode 1 : L’Etat turc face à ses responsabilités
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Le deuxième podcast aborde les conditions abominables que vivent les “réfugiés syriens” en Turquie, dont la condition était déjà peu enviable avant les séismes. Le total dénuement s’ajoute aux discriminations, à la xénophobie, à l’exploitation. Désignés comme boucs émissaires, comme “pilleurs”, placés au second rang souvent sur l’urgence des secours, ils sont instrumentalisés par toutes les forces politiques, à l’exception notable du HDP, qui plus est à l’approche des élections.
Épisode 2 : Les sinistrés otages du régime syrien
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Nous aurions pu choisir de parler de tous les scandales qui ont émaillé les premiers secours, du sort des enfants orphelins aujourd’hui confiés souvent à des sectes religieuses, de la totale confusion des états civils et de la façon dont le régime va l’utiliser pour les prochaines élections, des profiteurs de l’aide humanitaire, des tentacules de la corruption d’état au coeur même des dispositifs d’aide, du dénuement total des rescapé.es, des chiffres sous-estimés, et en face, des élans de vraie solidarité, malgré toute l’amertume et la désolation.
Mais nous devons avouer que toute cette boue ne nous a pas poussé dans ces moments à écrire, le sentiment de se sentir inutile au loin restant prégnant.
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