Accusé d’in­sulte envers les mem­bres du Con­seil élec­toral suprême (YSK), pour les avoir qual­i­fiés de “crétins” Ekrem İmamoğlu, actuel maire d’Is­tan­bul metro­pole , a été con­damné à 2 ans, 7 mois, 15 jours de prison avec sur­sis. Un appel est déposé. Ain­si, le chemin d’une inter­dic­tion de poli­tique lui est ouvert. Les dis­cus­sions et polémiques sur ce sujet se pour­suiv­ent donc avec inten­sité, puisqu’il appa­rais­sait comme can­di­dat pos­si­ble à la prési­dence de Turquie.

Mais ce qui est main­tenant cer­tain, c’est que le “Palais” a déclaré son plan d’une façon encore plus active.

Bien que cer­tains jour­nal­istes et sources proches du régime, et cer­tains députés de l’AKP, con­tin­u­ent d’u­tilis­er des phras­es telles que “ce n’é­tait pas si bon pour nous”, la déci­sion d’hi­er ne peut pas être une déci­sion prise à l’ex­térieur du Palais.

La ques­tion la plus dis­cutée est qu’avec lcette déci­sion, le “Palais” a choisi de désign­er Ekrem İmamoğlu comme can­di­dat prési­den­tiel d’op­po­si­tion préféré au nom de la “Table des Six”, coor­di­na­tion poli­tique établie en févri­er 2022, par le Par­ti répub­li­cain du peu­ple (CHP), le Bon Par­ti (IYI), le Par­ti de la félic­ité (SP), le Par­ti démoc­rate (DP), le Par­ti de la démoc­ra­tie et du pro­grès (DEVA) et le Par­ti du futur (GP), c’est à dire tout ce qui “s’op­pose” pour la con­quête du pou­voir, face à la coali­tion actuelle. Le HDP s’est bien sûr tenu à l’écart.

Il n’y a pas d’empêchement à dire qu’İm­amoğlu est le can­di­dat d’une alliance nationale et nation­al­iste, et quelque part le can­di­dat de “l“État sacré”… L’an­ci­enne min­istre de l’In­térieur (1996–1997) et prési­dente du Bon Par­ti, Mer­al Akşen­er est bien sûr, l’une des per­son­nes les plus sat­is­faites de la déci­sion de cette can­di­da­ture désignée. La République de Turquie pour­suiv­rait ain­si son chemin habituel, en enta­mant son deux­ième siè­cle d’ex­is­tence, le 29 octo­bre 2023, autour du dénom­i­na­teur com­mun décrit par la devise bien con­nue “Si la ques­tion est la Patrie, le reste n’est que détails”, alliant aujour­d’hui, sou­verain­istes et mem­bres de l’Al­liance de la nation, coali­tion élec­torale de 2018.

Evidem­ment, ce qui lie les seg­ments poli­tiques sou­verain­istes, nation­al­istes, peu importe qu’ils soient du côté du régime ou opposants, c’est “la peur des Kur­des”. Nul ne souhaite, en aucun cas, être con­fron­té à ses crimes passés ou ses lâchetés actuelles, ni que ces crimes soient claire­ment dénon­cés. La République turque, n’a pas d’autre plan, aucune approche pour résoudre le prob­lème kurde, ni d’ailleurs, un plan de solu­tion en ce qui con­cerne les travailleur.es, les femmes, les minorités.

Il n’y a rien que cette unité ne puisse faire, sauve­g­arder les domaines de priv­ilèges et de rentes, qu’elle main­tient grâce au “monisme”, bâti sur la base de la “race” turque fan­tas­mée, de la turcité et de l’is­lam sunnite.

Cette intel­li­gence étatiste est effrayée même devant les pro­pos de Kemal Kılıç­daroğlu, prési­dent du CHP, qui ose un petit élan bien mièvre “nous fer­ons face au passé, aux crimes de l’é­tat”.

Pour ces raisons, İmamoğlu qui ne déviera jamais d’un pouce de la fameuse devise “Si la ques­tion est la Patrie, le reste n’est que détails”, qui suiv­ra en quelque sorte le chemin tra­di­tion­nel sans créer de prob­lème, devient bel et bien le can­di­dat d’E­tat le plus appro­prié pour les prochaines élec­tions, pour la survie de la turcité éter­nelle, si le régime ne parvient pas à lui bar­rer la route.

Cette con­damna­tion est à la fois un essai pour le com­bat­tre, et une recon­nais­sance du Palais qui le légitimise ainsi.

A moins de 15j de 2023, chaque jour réservera cer­taine­ment ses “sur­pris­es”.


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Ercan Jan Aktaş
Auteur
Objecteur de con­science, auteur et jour­nal­iste exilé en France. Vic­dan retçisi, yazar, gazete­ci. Şu anda Fransa’da sürgünde bulunuy­or. Con­sci­en­tious objec­tor, author and jour­nal­ist exiled in France.