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Selahattin Demirtaş, l’ex co-président du Parti démocratique des peuples (HDP), emprisonné depuis 6 ans dans la prison d’Edirne, a publié un texte questionnant l’attentat commis dimanche 13 novembre 2022, dans l’avenue Istiklal, quartier Taksim très fréquenté, qui a fait 81 blessés et enlevé 6 vies.
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Dimanche, il y a eu dans l’avenue Istiklal, un massacre sauvage qui nous a toutes et tous attristés, profondément. Nous ne connaîtrons peut être jamais les véritables objectifs de cet attentat terroriste, ni les auteurs, ni les forces derrière eux. Tout comme les milliers de massacres brutaux dans le monde, cette attaque terroriste sera oubliée, se perdra dans l’obscurité des profondeurs de la politique.
Mon expérience juridique et politique m’a appris ceci : “Concentre-toi sur la vérité cachée, pas sur ce qui t’est montré !”
Nous ne pouvons pas considérer ce massacre brutal indépendamment des élections, d’une importance historique, qui se tiendront en 2023, ni des guerres de pouvoir régionales et mondiales, ni du choc des centres des pouvoirs politiques internes de la Turquie. Il est possible de faire des analyses multidimensionnelles sous chacun de ces titres.
Lorsque j’ai vu cette information à la télévision, ma mémoire m’a ramené dans le passé récent.
Sans porter d’accusation sur qui que ce soit, sans mettre personne sous le doute, je voudrais tout simplement questionner. Peut-être que les autorités apporteront des réponses satisfaisantes et que nous serons soulagés.
Date : 21 mars 2022, lieu : Yüksekova (Hakkari). Lors d’un contrôle sur le véhicule d’un policier, on trouve 52 kg d’explosif.
Dans la soirée du même jour, concernant cet événement grave, le ministre de l’intérieur Süleyman Soylu fait une déclaration extrêmement laxiste, en simplifiant la situation et la montrant comme une chose ordinaire, et noyant le poisson. Dans une émission télévisée à laquelle il assiste, il dit à propos de ce fonctionnaire surpris avec 52 kilos d’explosifs, “C’est un type très gênant, il a été voleur de câbles“1, ainsi il banalise le sujet, et le clôt.
Je pense que, celui qui a fait arrêter ce policier à la sortie de Yüksekova, était un autre centre de pouvoir au sein de l’ État. Ou peut être, parce que celui-ci, s’étant mêlé à l’affaire, ils furent “obligés de l’arrêter”.
Il est évident qu’il y a là une situation qui aiguise la curiosité. Maintenant, je ne fais que poser des questions :
1- De qui ce policier a‑t-il reçu les 52 kilogrammes d’explosifs ? Pourquoi n’y a‑t-il eu encore aucune déclaration ?
2- Qui était le destinataire des 52 kilogrammes d’explosifs, à Istanbul ? Pourquoi n’y a‑t-il eu encore aucune déclaration ?
3- Pourquoi le policier n’a-t-il pas été plutôt suivi, et arrêté à Istanbul, avec le destinataire ?
4- Pourquoi Soylu a‑t-il révélé les informations sur l’opération dans la soirée du même jour ? La possibilité que des destinataires d’Istanbul s’enfuient n’a-t-elle jamais été envisagée ? Ou bien, justement leur évasion était-elle visée ?
5- En dehors des 52 kilogrammes d’explosifs saisis, y a‑t-il d’autres explosifs qui n’ont pas été pris et qui ont été amenés à Istanbul de la même manière ?
6- À qui appartenait la bombe qui a explosé à Istiklal ?
Comme je disais, je ne fais que demander.
Et je continue.
7- En atterrissant à Istanbul, avec de la poussière encore sous ses pieds, pourquoi Süleyman Soylu a‑t-il révélé à la hâte, la source de la bombe qui a explosé à Istiklal, alors que lui, était à Idlib, comme Kobanê et Afrin ? Ou, souhaite-t-on préparer l’infrastructure d’une opération transfrontalière en Syrie avant les élections ?
8- Qui est réellement cette personne arrêtée comme poseuse de bombe, annoncée comme “ayant reçu une formation aux renseignements”, et qui s’est comportée comme si elle disait littéralement “je suis là, arrêtez-moi”, et qui, lorsqu’elle fut arrêtée, avait l’air d’un canard perdu, sur lequel on avait passé un t‑shirt avec l’inscription “New York” et pris en photo ?
9- Au nom de qui a‑t-elle commis cet attentat ?
Seules des autorités judiciaires indépendantes et des autorités d’enquête impartiales peuvent révéler les réponses à ces questions. Bien sûr, si vous pouvez trouver ces autorités en Turquie…
Il est essentiel de connaître la vérité sous tous ses aspects afin de révéler clairement toutes les forces obscures qui souhaiteraient bénéficier des conséquences politiques de ce massacre brutal.
Enfin, terminons par deux questions :
10- Un attentat aussi brutal pourrait-il aujourd’hui être perpétré au cœur d’Istiklal, sans le soutien de l’État ?
11- Le président Erdoğan, afin de ne plus avoir à dire “Nous avons été trompés”, à l’avenir, ressent-il le besoin d’étudier à la loupe, la méthode, le timing, et les détails de cet attentat terroriste ?
Ou trouve-t-il suffisant, les déclarations émises après cet attentat ?
Selahattin Demirtaş
Prison d’Edirne
Aussitôt après l’attentat, l’avenu Istiklal fut décorée de 1200 drapeaux turcs…
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