Jina (Mah­sa) Ami­ni fut assas­s­inée le 16 sep­tem­bre par la police des moeurs irani­enne, pour une mèche de cheveux qui dépas­sait… Cela fait déjà deux mois et l’onde de choc mobilise encore.

Hom­mage poé­tique de Del­phine Durand.

Jina Amini

Tu es comme une jeune fille battue
A qui on dit pleure moins fort
Entre tes joues creuses
Un brasier
Tes lèvres saignent
Tu ordonnes aux ombres
Et la beauté qui ne sut
Jamais s’abandonner
Aux men­di­ants endormis
Ta cham­bre se brise au ser­vage des larmes
Dans la nuit sans vertèbres

Presque d’éternité
Presque de mort
Sous ton masque de cire
Les papil­lons blessés
Sont des filles poursuivies
Sous leurs voiles

De tes yeux coulent
La volon­té éphémère
Des dieux du vide
Où que tu naisses
Tu march­es et tu oublies
Ton âge immaculé
Non ne sec­oues pas
Les portes du temps
Tes os plus profonds
Que la démence
Inviolables
Comme des puits de famine
Les années
Les marées
Œuvrent sur tes lèvres
A créer un sourire

L’ombre pétri­fiée
Qui te colle à ta peau
S’échappe
Pour prêter serment
A la nuit sans limites
Alors pleure moins fort

Tan­dis que le temps coule
En mille miroirs
Tu restes
Une rose fraîche enterrée
Une fuite d’oiseaux épais
Faits de sang vivant

Tu sculptes le râle de la neige au point d’être consumée
Dans l’ordre hal­lu­ciné des deuils qui te précède
Tu ne cess­es d’être un miroir déchiré

Del­phine Durand

Dans la rubrique lit­téra­ture, vous pou­vez aus­si lire : Revue Apulée #7 : Un vrai trésor…


Image à la Une : Naz Oke — adoptart.net

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Delphine Durand
Poétesse
His­to­ri­enne de l’art, mys­tique, poète, lais­sons au pluriel mag­nifique les mots de l’invisible… Del­phine est ontologique­ment présente dans la seule per­durable présence de l’art. Après des études de théolo­gie et de philoso­phie, elle choisit l’histoire de l’art mais son cœur ner­va­lien l’entraine vers des univers fan­tas­ma­tiques et sauvages, et enfin la poésie où nous sommes tous libres.