Meral Şimşek, autrice, aujourd’hui enfin en “sécurité” en Allemagne, après bien des péripéties, fait toujours l’objet de poursuites par l’Etat turc. Kedistan en avait décrit une partie, et a traduit certains extraits de ses publications.
Elle est devenue, elle aussi, une amie de coeur et de loin, pour l’équipe de Kedistan.
En hommage, ce texte que je partage ici…
Le soleil même m’écorche
J’avance pour peupler la nuit
Je suis la brûlure et le hurlement du muscle
L’eau mutilée de mes larmes
Change le sens de la lumière
Ici se tient la frontière
Qui me frôle de ses conjurations
Opaques
Je n’ai jamais vu un boucher aussi
Enthousiaste
Que ce fou qui sculpte
Le vide de mon thorax
Et qui s’appelle néant
Je fixe la tâche sur le mur
Demain le sang aura séché
Ni sueur
Ni larme
Qui invente la solitude
De son mensonge
Séquestrée en mes cavités d’effroi
Je suis remplie d’os et de siècles
Je vacille face à la lumière
Je suis le centre fixe du sang coagulé
La faim qui ne cicatrise jamais
Et le néant me dit
Je suis l’amant d’un ciel de terreur
Multipliant le haut squelette
Du déchirement
De la morsure
Je fixe la tâche au plafond
La mort vient
Le printemps rend hommage
Au sépulcre
Avec un fort relent
J’étouffe de folie
Je pense à mon amour
Où est mon amour
Enfermé lui aussi
Je suis ouverte
Comme la nuit sans eau
Je suis trahie
Par la dérision des abattoirs
Nul ne s’avance pour offrir
La lumière sans rênes
Au clair cauchemar
Je n’ai plus à penser ma forme
J’ai tous les âges du rêve
Delphine Durand
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Image à la Une : Naz Oke — adoptart.net
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