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C’est toujours un plaisir, par temps de guerre ou de paix, de donner la parole à notre amie Carol Mann.
Le Covid 19, une zone de guerre ?
L’ennemi n’est peut-être pas seulement un microbe invisible, mais un système politique impitoyable qui a démontré ses limites. Et la rhétorique martiale a été utilisée pour cacher l’échec total de nos sociétés actuelles face à une crise qui aurait dû faire ressortir le meilleur des institutions bien huilées et du progrès scientifique.
Mes recherches sur le destin des femmes dans les zones de guerre que j’entreprends depuis plus d’un quart de siècle m’ont amenée à réfléchir aux références constantes à la guerre faites par nos politiciens pendant cette pandémie de Covid 19 en cours.
J’ai demandé à Azra, ma grande amie à Sarajevo, de comparer la situation avec le siège féroce qu’elle a vécu il y a 25 ans. Elle a ri : “Les hommes politiques qui parlent de guerre n’ont aucune idée de ce qu’ils disent. Oui, ayant plus de 65 ans, mon mari et moi ne sommes pas autorisés à quitter notre appartement. Alors notre fille ou nos voisins livrent des colis de nourriture à la porte. Mais cette fois, nous pouvons communiquer avec notre famille tout le temps, nous avons plein de provisions et surtout nous projeter dans l’avenir et construire des projets”.
S’il est évident que nous ne sommes pas en présence d’un conflit armé réel, assistons nous à une guerre véritable comme le prétendent les médias et les politiques ? Dans ce cas, qui est exactement l’ennemi identifiable ? Ce n’est pas uniquement ce virus évanescent mais vicieux, voilà qui est clair.
La rhétorique martiale a été utilisée par les dirigeants du monde entier pour justifier des mesures extrêmes et souvent contradictoires, effaçant les frontières entre les espaces personnels et publics, contrôlés d’une manière qui provoquerait des émeutes à tout autre moment. Dans ce cas particulier, ça rappelle la “guerre contre la terreur”, qui a permis les forces d’ordre d’intervenir sans avertissement contre des individus et directement dans leurs foyers.
> La suite est à lire sur son blog Mediapart (gratuitement bien sûr !)
Carol Mann est sociologue et spécialiste de l’étude du genre et conflit armé, chercheuse associé au L.E.G.S. Paris VIII.
Elle est également fondatrice de l’association Women in War