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Şehrib­an Aslan et Zeynep Durgut, jour­nal­istes de Jin News ont arpen­té les rues de Diyarbakır, men­acées par le coronavirus.

Les riches se protègent, les pauvres travaillent pour eux

Nous avons arpen­té les rues de Diyarbakır, observé les dif­fi­cultés aux­quelles les gens font face, et avons écouté leurs soucis. Les habi­tantEs de Diyarbakır réagis­sent et soulig­nent le fait qu’au­cune amélio­ra­tion économique ne soit faite : “les rich­es se pro­tè­gent mais les pau­vres tra­vail­lent pour leur faire gag­n­er de l’ar­gent”.

Le coro­n­avirus (Covid-19) qui a apparu pour la pre­mière fois en Chine comme une nou­velle pandémie, con­tin­ue à s’é­ten­dre. Le coro­n­avirus présent dans plus de 200 pays, a été repéré en Turquie chez un pre­mier patient, le 10 mars. En un mois, en Turquie le nom­bre de cas a dépassé les 50 milles, et le nom­bre des per­son­nes décédées, les milles. Dans le cadre des mesures pris­es, la sor­tie des per­son­nes de plus de 65 ans, et de moins de 20 ans a été inter­dite. Tou­jours dans le cadre de ces mesures, suite à la déci­sion soudaine du Min­istère de l’In­térieur, le soir du 10 avril, un cou­vre-feu de deux jours, con­cer­nant le week-end, a été déclaré dans 30 métrop­o­les et à Zongul­dak, où la mal­adie qui atteint les poumons est intensive.

Dans les rues de Diyarbakır, que nous avons arpen­tées avant l’in­ter­dic­tion, nous avons observé les dif­fi­cultés aux­quelles les habi­tantEs font face, et avons écouté leurs soucis.

Les foules habituelles dans les rues

Dans les rues que nous avons vis­itées aux heures de midi, nous ren­con­trons des femmes et enfants qui sor­tent du bureau de poste. De nom­breuses per­son­nes, en faisant la queue sans pren­dre le mesure de dis­tance sociale, risquent leur vie, pour obtenir l’aide très lim­itée qui leur sera don­née. Par ailleurs, nous croi­sons dans ces mêmes rues, des per­son­nes qui por­tent des masques [obtenus ou con­fec­tion­nées] avec leurs pro­pres moyens, qui enroulent les châles en se cou­vrant leur vis­age jusqu’au nez, ou encore qui ne por­tent ni masques, ni gants. Nous avançons vers le marché de quarti­er à Diclekent, dis­trict du Kayapı­nar. Alors que nous nous atten­dions à voir moins de pas­santEs dans ces rues, nous sommes éton­nées de ren­con­tr­er encore plus de monde.

Les gants et masques sont enlevés et remis maintes et maintes fois !

Lorsque nous arrivons sur le marché, nous con­sta­tons que même si les vendeurs des étals appa­rais­sent comme ayant pris quelques pré­cau­tions, il est vis­i­ble que celles-ci sont erronées et insuff­isantes. Les per­son­nes qui tra­vail­lent der­rière les étals, por­tent des masques et gants, mais, cepen­dant, les enlèvent et remet­tent de nom­breuses fois. Ain­si, ces object de pro­tec­tion per­dent leurs fonc­tions et intérêt.

Notre situation est facile à comprendre”

Lorsque nous nous appro­chons  d’un vendeur de légumes et deman­dons quelle est leur sit­u­a­tion, il nous dit “comme vous voyez, notre sit­u­a­tion est évi­dente. Nous sommes oblig­és de tra­vailler du matin au soir, sous la pluie, dans la boue et le froid. Nous essayons à la fois de nous pro­téger et de pro­téger les clients. Nous sommes oblig­és de porter des gants et des masques, mais ce n’est pas pos­si­ble, nous les enlevons et remet­tons plusieurs fois dans la journée. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut appel­er cela hygiénique, mais nous essayons de faire attention”.

L’Etat travaille pour les nantis”

Nous allons près d’une femme qui fait des cours­es, et nous lui deman­dons ce qu’elle pense de la foule dans le marché. “Ils dis­ent qu’ils ont pris des pré­cau­tions mais nous voyons aujour­d’hui, dans le marché, que ces pré­cau­tions ne ser­vent à rien. Tant qu’il n’y a pas un cou­vre-feu, ces gens vont con­tin­uer à faire des cours­es et tra­vailler. Les nan­tis se pro­tè­gent, mais les pau­vres tra­vail­lent, font gag­n­er de l’ar­gent aux rich­es. Aujour­d’hui, moi aus­si je peux être por­teuse saine, tous ceux et celles qui vendent ou achè­tent ici, peu­vent l’être, mais nous ne le savons pas. Dans ce pays, l’E­tat tra­vaille pour les nan­tis, mais la sit­u­a­tion des pau­vres est évi­dente” dit ‑elle en réagissant.

Pour­tant l’E­tat devrait s’oc­cu­per de nous…”

Lors de nos échanges, un vendeur d’œufs rejoint la con­ver­sa­tion et demande : “Nor­male­ment nous devri­ons rester à la mai­son et l’E­tat devrait nous soutenir, mais, dans ce pays, tout se fait à l’en­vers. C’est nous qui tra­vail­lons et faisons vivre l’E­tat. Je vends tous les jours, dans le marché d’un quarti­er dif­férent . Tous les jours nous nous trou­vons en face de mil­liers de per­son­nes. Allez vous pro­téger ! Les fac­tures, les loy­ers s’en­tassent, com­ment peut on les payer ?”

Il faut que tout le monde voie dans quelles conditions nous travaillons”

Nous avançons dans le marché, et les vendeurs nous hèlent : “Sœurs, prenez nous en pho­to, mon­trez notre sit­u­a­tion pour que tout le monde voie dans quelle sit­u­a­tion nous sommes. Ils nous dis­ent de rester à la mai­son. Si on reste à la mai­son qui va sub­venir aux besoins des enfants, qui va pay­er nos fac­tures, nos loy­ers ? Dans ce pays, pour le compte des pau­vres, il n’y a que la mort.”

Nous con­sta­tons avec quelle inten­sité les pop­u­la­tions por­tent cette crainte de ne pas pou­voir pay­er, en pleine crise pandémique, les loy­ers, l’élec­tric­ité, le gaz naturel, et nous vous lais­sons en tir­er votre avis.


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