Chroniques de la révo­lu­tion kurde”, est le jour­nal télévisé présen­té par Ron­ahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. (La semaine dernière excep­tion­nelle­ment il n’ y a pas eu d’émis­sion). Voici celle du 16 au 22 avril 2017.


Il s’agit donc d’une émis­sion d’informations régulière, en langue française, que vous retrou­verez ici, chaque semaine, en parte­nar­i­at avec Kedistan.


Gros Titres :

  • TURQUIE — RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL
  • RÉFÉRENDUM DU 16 AVRIL — FRAUDES MASSIVES
  • RÉFÉRENDUM DU 16 AVRIL - L’ACCUEIL DES RÉSULTATS
  • BAKUR-KURDISTAN DU NORD - PRISONS : FIN DE LA GRÈVE DE LA FAIM
  • TURQUIE - LES ARRESTATIONS SE POURSUIVENT
  • BAKUR-KURDISTAN DU NORD — SOUS LA BOTTE D’UN ÉTAT-VOYOU
  • ROJAVA-SYRIE DU NORD — OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
  • RAQQA ET TABQA — DES MILLIERS DE RÉFUGIÉS ET DE PERSONNES DÉPLACÉES
  • RAQQA - L’ASSEMBLÉE CIVILE EST EN PLACE
  • ROJAVA-SYRIE DU NORD — ATTAQUES RÉPÉTÉES DE LA TURQUIE
  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — LIBÉRATION DES FEMMES ÉZIDIES

TURQUIE
RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL

Le référen­dum de dimanche dernier s’est donc offi­cielle­ment clô­turé sur une courte vic­toire du « oui » pour le change­ment de con­sti­tu­tion. Ce scrutin qui per­met au prési­dent Erdo­gan de con­cen­tr­er encore davan­tage de pou­voirs entre ses seules mains s’est tenu dans un cli­mat de répres­sion généralisée.
Le prési­dent de Turquie, Recep Tayyip Erdo­gan, a jeté toutes ses forces pour arracher le « oui » à ce référen­dum. Rap­pelons donc les con­di­tions dans lesquelles ce scrutin s’est tenu. L’Etat d’urgence a per­mis au régime de faire taire tous les détracteurs du change­ment de con­sti­tu­tion. Les deux co-prési­dents du par­ti HDP et 14 députés ont été empris­on­nés avec des mil­liers de cadres et de respon­s­ables, élus ou non, des par­tis HDP et DBP.
Les jour­nal­istes et les intel­lectuels ont égale­ment été priés de se taire s’ils ne souhaitaient pas, à l’instar de cen­taines de leurs col­lègues, rejoin­dre les sin­istres pris­ons du régime.
La pop­u­la­tion du Kur­dis­tan du nord a aus­si été men­acée. Pour dis­suad­er cette pop­u­la­tion qui, lors des élec­tions lég­isla­tives du 7 juin 2015, avait ouvert la porte du par­lement turc au par­ti HDP, le régime AKP a mul­ti­plié les destruc­tions com­plètes de villes et de villages.

Des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été mas­sacrés dans des con­di­tions atro­ces, entre autre dans les caves de l’horreur à Cizre, où ils ont brûlés vifs.

Dessin de Zehra Dogan
Com­bat­tante mas­sacrée, exposée nue dans la rue

Tout le monde garde aus­si en mémoire ces femmes tor­turées à mort par les sol­dats et aban­don­nées nues dans la rue.
C’est donc une pop­u­la­tion pro­fondé­ment trau­ma­tisée qui a dû se ren­dre une fois de plus aux urnes.

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Dans les vil­lages proches de Bitlis, comme à Başan, les titres de pro­priété des habi­tants ont été con­fisqués quelques jours avant le référen­dum. Comme le dénonçait Hamza Özkan, admin­is­tra­teur du HDP à Bitlis, on a promis aux habi­tants qu’ils récupér­eraient leurs titres si le résul­tat des urnes était le « oui »

RÉFÉRENDUM DU 16 AVRIL
FRAUDES MASSIVES

Le jour du référen­dum, de très nom­breux cas de fraude et d’intimidation ont été sig­nalés. Et puis, l’YSK, qui a en charge l’organisation du proces­sus élec­toral, a soudaine­ment décidé d’accepter les bul­letins de vote qui n’étaient pas préal­able­ment cachetés, ouvrant ain­si la porte à une fraude d’ampleur qui porte sur des mil­lions de bulletins.

Dès 7 heures du matin, les bureaux de vote étaient ouverts dans le Kur­dis­tan du nord. Peu de temps après, les pre­miers rap­ports tombaient : dans le dis­trict de Gür­pinar, à Van, des sol­dats et des gardes de vil­lages ont men­acé les assesseurs de l’école d’Hoşap de leurs armes. « On fera écrouler cette école sur vous, ont-ils dit aux électeurs, les menaçant pour qu’ils votent “oui” »

*

A Suruç, le député AKP Ibrahim Yildiz est entré accom­pa­g­né d’une ving­taine d’hommes en armes dans l’école Haci Mah­mut Yavuz Ana­to­lian où se tenait le bureau de vote de l’urne 1180.

Pen­dant que les électeurs étaient tenus à l’extérieur, le député et l’un de ses com­pagnons ont rem­pli l’urne de bul­letins qu’ils avaient emmenés avec eux. Un témoin a même cer­ti­fié que l’un des hommes armés a affir­mé au député : « on en met encore une cen­taine, t’inquiète pas, il ne se passera rien ! »

Au final, pour ce cas pré­cis de l’urne 1184, sur 360 électeurs inscrits, 240 ont été vot­er. Et 400 bul­letins ont finale­ment été sor­tis de l’urne.

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A Ankara, dans le dis­trict de Sin­can, un assesseur a été filmé alors qu’il met en série des cachets sur les bul­letins après la fer­me­ture du bureau.

https://www.youtube.com/watch?v=Q5ol-VZV5rE

A Muş, dans le vil­lage de Çat­başi, les électeurs ren­traient dans l’isoloir accom­pa­g­nés de Mehmet Koçlar­dan, un fer­vent sou­tien local de l’AKP. Le prési­dent du bureau et ses assesseurs n’ont rien trou­vé à y redire.

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Si mal­gré tout, les électeurs votent « non », on peut tou­jours rassem­bler les bul­letins et aller les détru­ire un peu plus loin, comme ici dans un chantier de con­struc­tion de Suruç, ou des quan­tités de bul­letins cachetés ont été déchirés et puis abandonnés.

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L’essentiel des fraudes provient de ce que le bureau cen­tral des élec­tions, le YSK, a pris la déci­sion en cours d’élection de valid­er tous les bul­letins qui n’avaient pas été préal­able­ment cachetés. C’est ce qui a per­mis de rem­plir les urnes de bul­letins préal­able­ment cachetés en faveur du « oui », une fraude qui con­cern­erait jusqu’à 2 mil­lions et demi de bul­letins suspects.

Comme le souligne Kemal Özki­raz, du cen­tre AKAM (Cen­tre pub­lic de recherche eurasi­enne), un mil­lion de bul­letins ont été annulés et 2 mil­lions et demi d’autres bul­letins, illé­gaux car non cachetés, ont été validés. Or, dit-il, les obser­va­teurs s’accordent pour dire que tous les bul­letins sans cachet étaient en faveur du « oui ». Et le chercheur de douter forte­ment d’une sim­ple coïn­ci­dence. D’autant plus que la grande majorité des bul­letins non cachetés prove­naient des régions kurdes.

RÉFÉRENDUM DU 16 AVRIL
L’ACCUEIL DES RÉSULTATS

Sitôt les résul­tats offi­ciels con­nus, trois par­tis poli­tiques ont offi­cielle­ment intro­duit une demande d’annulation du référen­dum auprès du bureau cen­tral des élec­tions, le YSK. Sans sur­prise, celui-ci a rejeté les deman­des, provo­quant dans tout le pays dans une vague de manifestations.

Offi­cielle­ment, il y a donc un taux de par­tic­i­pa­tion de 83,3%, avec 24.325.985 voix pour le « oui » au change­ment et 23.189.021 voix pour le « non ».
La dif­férence est très faible : 48,6% con­tre 51,4%. Soit 1.136.964 voix. Un chiffre bien en deçà du nom­bre de bul­letins litigieux.

Immé­di­ate­ment après la procla­ma­tion, le prési­dent Erdo­gan a été félic­ité par la branche syri­enne d’Al-Qaïda, le front Ahrar al Sham, qui dans un com­mu­niqué affectueux, félicite « son frère Erdo­gan » et lui souhaite du suc­cès pour relever la Turquie et le monde de l’Islam.

Mais mis à part l’organisation Al-Qaï­da, le suc­cès du référen­dum voulu par Erdo­gan n’a pas soulevé une vague d’enthousiasme tant en Turquie qu’à l’étranger.
Trois par­tis, le HDP, le CHP et le par­ti Vatan ont donc inter­pelé le YSK pour qu’il annule le référen­dum suite à toutes les fraudes constatées.

10 mem­bres sur les 11 qui com­posent ce bureau et qui ont une voix délibéra­tive ont estimé mer­cre­di que tous les bul­letins non cachetés étaient mal­gré tout valides.

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Michael Link, le directeur du bureau pour les insti­tu­tions démoc­ra­tiques et les droits de l’homme de l’OSCE, l’organisation pour la sécu­rité et la coopéra­tion en Europe, a regret­té que le gou­verne­ment turc ne tienne pas compte du rap­port de l’OSCE, un rap­port cri­tique qui dénonce le manque d’opportunités pour les ten­ants du « non » à faire val­oir leurs raisons dans les médias, la cou­ver­ture médi­a­tique ayant été toute entière dévolue aux respon­s­ables du régime.
C’est un référen­dum qui, dénonce encore l’OSCE, ne cadre pas avec les stan­dards du Con­seil de l’Europe.

Pour Michael Link, qui a pro­posé un recomp­tage des voix, si la Turquie ne coopère pas avec l’OSCE, elle ne pour­ra pas éviter d’être cri­tiquée par d’autres Etats et organ­i­sa­tions et elle n’échappera non plus aux con­séquences politiques.

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En atten­dant, dans tout le pays, des man­i­fes­ta­tions ont éclaté pour dénon­cer les fraudes et la val­i­da­tion des bul­letins de vote litigieux par l’YSK.
A Istan­bul, mais aus­si dans la province d’Izmir, d’Eskişehir, à Kocaeli, à Adana ou à Çanakkale, des man­i­fes­ta­tions ont dénon­cé le référen­dum et le régime d’un seul homme d’Erdogan.

BAKUR-KURDISTAN DU NORD
PRISONS : FIN DE LA GRÈVE DE LA FAIM

Dans plus de 30 pris­ons turques, les pris­on­niers poli­tiques avaient lancé une grève de la faim pour pro­test­er con­tre les con­di­tions d’incarcération et con­tre l’isolement imposé à Abdul­lah Öcalan, dans sa prison d’Imrali. Après plus de 65 journées de grève, le KCK, l’union des com­mu­nautés kur­des, a appelé les pris­on­niers à met­tre un terme à cette grève d’une ampleur inégalée.

La grève de la faim des pris­on­niers poli­tiques dans les pris­ons de Turquie avait com­mencé dans la prison de Şakran, à Izmir, il y a 68 jours. Très vite, cette grève de la faim s’était éten­due dans d’autres pris­ons. Mar­di, on dénom­brait plus de 300 pris­on­niers qui menaient une grève inin­ter­rompue de la faim dans 33 prisons.
Les pris­on­niers revendi­quaient la fin de l’isolement du leader kurde Abdul­lah Öcalan et le respect de leurs droits les plus élé­men­taires dans leurs prisons.

A Şakran, les pris­on­niers com­mençaient à avoir de graves prob­lèmes de san­té. Prob­lèmes d’audition, maux de tête, ver­tiges. L’un d’eux, Şir­van Bilik, crachait du sang.

L’union des com­mu­nautés kur­des, le KCK, a alors appelé ce mar­di les pris­on­niers à met­tre un terme à cette grève de la faim. L’objectif des pris­on­niers poli­tiques a été atteint : le ren­force­ment de la lutte démoc­ra­tique con­tre le fas­cisme du régime AKP-MHP. Grâce à cette grève de la faim, le KCK estime que les reven­di­ca­tions por­tant sur l’isolement d’Ocalan, les pres­sions subies par les détenus en prison, les opéra­tions de géno­cide poli­tique menée con­tre les respon­s­ables du DBP et du HDP ain­si que les attaques fas­cistes menées con­tre la pop­u­la­tion ont été remis­es à l’agenda. C’est pourquoi cette grève de la faim qui com­mençait main­tenant à s’approcher de la fron­tière entre la vie et la mort devait être arrêtée immédiatement.
Dès le lende­main mer­cre­di, les grévistes de la faim met­taient un terme à leur action.

*

Dans la prison de Sin­can, à Ankara, les respon­s­ables de la prison n’ont pas per­mis aux pris­on­niers de con­sul­ter un médecin au terme de leur grève de la faim. Pire, ils les ont men­acés en leur affir­mant qu’ils ne les mèn­eraient pas à l’hôpital, et qu’ils pay­eraient le fait d’avoir par­ticipé à la grève de la faim.

https://www.youtube.com/watch?v=mvgOhIAL5NE

Cette action dans les pris­ons a con­nu un reten­tisse­ment jusqu’en Europe. En France, mais aus­si en Alle­magne, aux Pays-Bas et en Suisse, des man­i­fes­ta­tions de sou­tien ont per­mis de faire con­naitre le sort réservé aux pris­on­niers poli­tiques de Turquie.

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L’élan de sol­i­dar­ité avec les grévistes s’est égale­ment propagé dans l’ensemble du Kur­dis­tan. Cette jeune femme ézi­die, Kur­dê Ali, con­damne les atroc­ités de l’Etat turc et toutes les insti­tu­tions inter­na­tionales, l’Europe en pre­mier lieu, qui restent muettes devant une grève de la faim qui dure depuis plus de 60 jours.

Kur­dê Ali salue de la part des femmes de Sen­gal les pris­on­niers qui par­ticipent à la grève et elle ajoute qu’elles aus­si par­ticiper­ont à cette grève, si c’est nécessaire.

TURQUIE
LES ARRESTATIONS SE POURSUIVENT

Les arresta­tions de jour­nal­istes et de respon­s­ables poli­tiques se pour­suiv­ent en Turquie. Mais main­tenant, en plus du tra­di­tion­nel motif « d’appartenance à une organ­i­sa­tion ter­ror­iste », les policiers jus­ti­fient les arresta­tions en accu­sant ceux qu’ils privent de lib­erté de chercher à provo­quer des inci­dents « du type de Gezi » à l’approche du pre­mier mai.

Ce ven­dre­di, à Izmir, les forces de police ont mené des raids à domi­cile chez des mil­i­tants du Par­ti social­iste des opprimés (ESP), de la fédéra­tion des asso­ci­a­tions de la jeunesse social­iste (SGDF) du par­ti Halkev­leri, du par­ti ÖDP Lib­erté et sol­i­dar­ité ain­si que chez des lecteurs du mag­a­zine Kaldiraç. Toutes les portes ont été frac­turées. La police a accusé les mil­i­tants d’incitation à des inci­dents de type Gezi avant le pre­mier mai, avec l’excuse du référendum.

A Agri, la porte-parole de l’assemblée des femmes et la députée du HDP, Madame Dilan Dirayet Taşdemir, a été arrêtée ce jeu­di alors qu’elle suiv­ait l’audition au tri­bunal de Diyarbakir de la députée d’Hakkari Sel­ma Irmak.

Une autre députée du HDP, Bur­cu Çelik, de Muş, a été arrêtée ce mar­di. Avec son arresta­tion, il y a main­tenant 14 députés du par­ti HDP sous les verrous.

Bur­cu Çelik et Dilan Dirayet Taşdemir

 

Du côté de la presse, de nou­velles arresta­tions ont encore eu lieu cette semaine aus­si. Le rédac­teur Ali Ergin du jour­nal en ligne Sendika.org a été arrêté ce jeu­di suite à la cou­ver­ture qu’il a don­née sur le référen­dum de dimanche. Les autorités lui reprochent de délégitimer les résul­tats du référen­dum et de vouloir organ­is­er des manifestations.

La jour­nal­iste Meltem Oktay, de l’agence de presse Dihaber avait été empris­on­née puis relâchée à la mi-août. La cour suprême a cepen­dant con­fir­mé sa peine de prison de 2 ans et 4 mois pour avoir osé cou­vrir le cou­vre-feu de Nusey­bin. En Turquie, dénon­cer les agisse­ments de l’armée et de la police, c’est répan­dre de la pro­pa­gande ter­ror­iste. Elle a donc été ré-enfer­mée à la prison de Gebze.

Enfin, il y a eu cette perqui­si­tion chez Abdur­rah­man Gök, de l’agence Dihaber égale­ment. Comme il n’était pas chez lui au moment de l’arrivée des policiers, il a été som­mé de se ren­dre de son plein gré à l’unité anti-ter­ror­iste de la police

Gök avait doc­u­men­té l’assassinat de l’étudiant kurde Kemal Kurkut lors du Newroz ce 21 mars.

Kemal Korkut, quelques min­utes avant son exécution.

Peut-être pour laiss­er de la place en prison à tous ces nou­veaux arrivants, les autorités judi­ci­aires turques ont relâché 15 mem­bres de Daesh qui avaient été arrêtés dans la province de Konya le 11 avril. De nom­breux doc­u­ments de l’organisation Daesh avaient pour­tant été trou­vés chez eux lors de leur arresta­tion, mais ils ont néan­moins tous été libérés après leur audi­tion devant les juges ce mercredi.

BAKUR-KURDISTAN DU NORD
SOUS LA BOTTE D’UN ÉTAT-VOYOU

Saim Uçan tué, Abdul­halit Taş blessé à Van

Les pop­u­la­tions du Kur­dis­tan du nord subis­sent quo­ti­di­en­nement la vio­lence de l’Etat turc.
Les destruc­tions de maisons se pour­suiv­ent, et la police se sent suff­isam­ment pro­tégée par le régime que pour men­er les actions les plus vio­lentes et les plus insensées.

A Van, mar­di soir, deux véhicules blind­és de la police ont écrasé dans deux endroits dif­férents de la province des pas­sants qui se prom­e­naient en rue. Sur l’avenue Iki Nisan et dans la zone TOKI d’Edremit, Saim Uçan, 28 ans a été tué sur le coup et 5 autres pas­sants blessés, dont l’un, Abdul­halit Taş, est tou­jours dans un état critique.

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Gev­er

A Gev­er (Yük­seko­va), dans le dis­trict d’Hakkari, les démo­li­tions de maisons ont repris après la pause de l’hiver. Seules les maisons sur lesquelles est inscrit «  cette mai­son est impliquée dans un dossier judi­ci­aire » sont épargnées. Les habi­tants de Gev­er avaient com­mencé à répar­er leurs maisons endom­magées, mais voilà qu’on les re-détru­it pour de bon.

Dans la province d’Igdir, 24 maisons ont égale­ment été démolies sous le con­trôle des gen­darmes ce jeu­di. Les habi­tants du petit vil­lage de Kijik sont dés­espérés. Ils habitent là depuis plusieurs généra­tions, depuis 150 ans. Leurs maisons détru­ites, les habi­tants sont restés aban­don­nés dans la rue, sans solution.

ROJAVA-SYRIE DU NORD
OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »

Les Forces démoc­ra­tiques syri­ennes pour­suiv­ent les opéra­tions mil­i­taires pour repren­dre la cap­i­tale de Daesh en Syrie, la ville de Raqqa.
Cette semaine, les FDS ont pro­gressé au nord de la ville de Raqqa. A Tabqa, de vio­lents com­bats opposent tou­jours les FDS au Daesh, pris dans une nasse.

https://www.youtube.com/watch?v=nsmshRNTdUY

Dans la ville de Tabqa, là où se trou­ve ce bar­rage gigan­tesque qui ali­mente en eau et en élec­tric­ité tout le nord de la Syrie, les FDS ont encer­clé la ville et pénètrent main­tenant dans le cen­tre, en créant des couloirs d’évacuation pour les civils.

Les com­bats à Tabqa sont par­ti­c­ulière­ment vio­lents. De nom­breuses con­tre-offen­sives du Daesh ont été repoussées, notam­ment de nom­breuses attaques-sui­cide dans les quartiers Alexan­dria et Ayed al-Sageer.
Rien qu’entre lun­di et jeu­di, 67 mem­bres de Daesh ont été con­fir­més tués pen­dant les com­bats urbains à Tabqa.

Pour venir en aide aux FDS de Tabqa, le con­seil mil­i­taire de Min­bij a envoyé 200 de ses com­bat­tants dès lun­di. Comme l’explique Givara Min­bij, le com­man­dant de cette force de 200 hommes, leur sou­tien est une tâche de loy­auté. Le con­seil mil­i­taire de Min­bij se sent redev­able devant les FDS et n’oublie pas les sac­ri­fices que les FDS ont con­sen­tis pour libér­er leur ville.

Et la joie des habi­tants libérés est énorme, comme on peut le voir sur ces images.

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Autour de Raqqa, les FDS ont entre­pris une opéra­tion visant à couper en deux la poche qu’occupe le Daesh au nord de la ville.
Et les pertes de Daesh sont là aus­si fort impor­tantes. Dimanche, 24 mem­bres de l’organisation crim­inelle tombaient. Lun­di, 13 autres corps étaient retrou­vés dans le vil­lage de Misharfa.

Ven­dre­di, presque tout le vil­lage de Tichrine était repris, coupant ain­si les forces de Daesh en deux.
Lors des opéra­tions mil­i­taires des FDS, la pri­or­ité est tou­jours axée sur la sécu­rité des pop­u­la­tions civiles.

Des mil­liers de ces civils ont ain­si pu s’enfuir sur un pont con­stru­it par les FDS pour leur per­me­t­tre de se ren­dre vers des zones sécurisées.

https://www.youtube.com/watch?v=RqVxLHzgTDo

RAQQA ET TABQA
DES MILLIERS DE RÉFUGIÉS ET DE PERSONNES DÉPLACÉES

Les com­bats pour repren­dre les deux cen­tres de Tabqa et de Raqqa au Daesh se font de façon lente, pour éviter de met­tre les civils en dan­ger et pour éviter de détru­ire leurs maisons.

En atten­dant la libéra­tion com­plète de la région, des mil­liers de per­son­nes déplacées sont relo­cal­isées dans des camps, où l’aide human­i­taire se fait rare.

Ils sont des dizaines de mil­liers à devoir se ren­dre dans des zones sécurisées, le temps que les FDS libèrent leurs villes et vil­lages avant de pou­voir y retourner.

Nom­bre de ces réfugiés se ren­dent vers la ville d’Ayn Issa ou vers le camp de Kara­ma. Mal­heureuse­ment, les besoins élé­men­taires de toutes ces per­son­nes ne sont pas tou­jours ren­con­trés. Les ressources disponibles pour leur venir en aide sont limitées.

Il faudrait absol­u­ment ouvrir un cen­tre médi­cal dans le camp de Karama.

A Ayn Issa, il y a actuelle­ment 3.000 per­son­nes déplacées. Le comité de l’administration du camp parvient à leur fournir du pain et de l’eau, mais les civils déplacés man­quent de tout, y com­pris de cou­ver­tures pour se pro­téger du froid.

Sal­ih El Xeb­dan, l’un de ces réfugiés, appelle les Nations Unies et les organ­i­sa­tions inter­na­tionales des Droits de l’homme à leur venir en aide. Chaque jour, il y a dans le camp d’Ayn Issa de 150 à 200 nou­veaux arrivants.

RAQQA
L’ASSEMBLÉE CIVILE EST EN PLACE

Sitôt les com­bats ter­minés, les citoyens de Raqqa pren­dront eux-mêmes leur sort en main. Pour don­ner corps à ce pro­jet démoc­ra­tique, il faut procéder à la for­ma­tion d’assemblées civiles. A Raqqa, c’est chose faite depuis mar­di. Cette assem­blée civile a déjà pris ses fonc­tions dans tous les vil­lages libérés.

C’est dans la ville d’ayn Issa, au nord de Raqqa, que la réu­nion pour la con­sti­tu­tion de l’assemblée civile de Raqqa a eu lieu ce mardi.

A cette réu­nion ont par­ticipé la co-prési­dente de l’assemblée démoc­ra­tique syri­enne, Ilhem Ehmed, des intel­lectuels ain­si que des représen­tants des admin­is­tra­tions autonomes de Gire Sipi, de Min­bij ain­si que plus de 110 délégués kur­des, arabes et turkmènes.

Les deux co-prési­dents élus sont Ley­la Mustafa et Şex Mehmud Şewax el-Bersan. 14 comités ont aus­si été con­sti­tués : il s’agit entre autres des comités des femmes, de la jus­tice sociale, de l’économie, de la sécu­rité, de l’éducation, de l’énergie, de la pro­preté publique ou des affaires sociales.

Le porte-parole des FDS, le colonel Talal Ali silo, a con­fir­mé qu’une fois la ville de Raqqa libérée de Daesh, toute l’autorité publique serait entière­ment con­fiée à cette assem­blée civile con­sti­tuée d’habitants de Raqqa.

Notons aus­si que Şex Omer Xem­ri, le leader de l’une des plus impor­tantes tribus de la région, a égale­ment par­ticipé à la réu­nion. Il a d’ailleurs été nom­mé au comité des rela­tions publiques.

Dès jeu­di, l’assemblée com­mençait son tra­vail : elle a fait dis­tribuer 5 camions de farine aux migrants et aux habi­tants des vil­lages libérés près de Tabqa. C’était d’ailleurs la pre­mière fois que de l’aide était dis­tribuée aux vil­lages au sud de l’Euphrate.

Enfin, l’assemblée a lancé un appel solen­nel à la com­mu­nauté inter­na­tionale afin que les Nations Unies puis­sent venir en aide aux réfugiés de Raqqa. L’assemblée civile a rap­pelé qu’il y avait actuelle­ment 10.000 réfugiés en attente de soins et de nourriture.

ROJAVA-SYRIE DU NORD
ATTAQUES RÉPÉTÉES DE LA TURQUIE

En dépit de l’arrêt offi­ciel de l’opération mil­i­taire turque dans le nord de la Syrie, les attaques menées par les sol­dats turcs et par les ban­des armées soutenues par la Turquie se mul­ti­plient encore tout au long de la fron­tière entre la Syrie et la Turquie, ain­si que dans la région occupée de Shehba.

Les forces armées turques et les ban­des de mer­ce­naires qui les accom­pa­g­nent agressent chaque jour les pop­u­la­tions de Syrie.

Les habi­tants du can­ton kurde d’Afrin sont par­ti­c­ulière­ment touchés par ces attaques. Les vil­lages de Maranez, d’Ayn Deqne et de Vila Qadi ont été frap­pés cette semaine par des attaques aux armes lourdes.

Pour assur­er leur défense, les autorités du can­ton d’Afrin vien­nent de pro­mou­voir un deux­ième rég­i­ment de com­bat­tants YPG. 235 nou­velles recrues kur­des et arabes ont été for­mées à l’académie mil­i­taire du mar­tyr Şiyar.

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Dans la région de She­h­ba, les agresseurs turcs s’en sont pris aux vil­lages de Hesiyé, d’Um Hosh, de Her­bel et de Sheikh Isa.
L’attaque dans la région de She­h­ba a été repoussée par les forces du Jaysh al Thuwar.

Ismail Musa, le co-prési­dent de l’assemblée de She­h­ba, a expliqué que depuis la fin offi­cielle des opéra­tions mil­i­taires turques por­tant le nom « boucli­er de l’Euphrate », les zones libérées de She­h­ba sont con­tin­uelle­ment frap­pées. Pour le co-prési­dent, cela répond à deux objectifs.

Le pre­mier, c’est d’empêcher que les habi­tants des zones libérées ne puis­sent s’organiser et dévelop­per le sys­tème d’autogestion démoc­ra­tique mis en place partout ailleurs dans les régions libérées.

Le deux­ième objec­tif, c’est de déplac­er par la vio­lence tous les habi­tants de la région, Arabes et Turk­mènes com­pris afin de pou­voir installer là tous les crim­inels de guerre des dif­férents gangs armés ain­si que leurs familles.

OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
LIBÉRATION DES FEMMES ÉZIDIES

Une des raisons prin­ci­pales des com­bat­tants des FDS qui se bat­tent près de Tabqa et de Raqqa, c’est la libéra­tion des femmes ézi­dies cap­turées à Sen­gal et ven­dues comme esclaves sur les marchés de Raqqa et de Mossoul.

Au plus les FDS pro­gressent, au plus on parvient à faire sor­tir ces jeunes femmes de l’enfer dans lequel elles étaient plongées.

Au total, on compte déjà, depuis le début de l’opération « colère de l’Euphrate », 137 ézidis qui ont été sauvés, dont 70 femmes et 64 enfants.

Nes­rin Abdal­lah, la com­man­dante des unités YPJ, a encore accueil­li ce jeu­di 3 jeunes femmes ézi­dies qui vien­nent d’être libérées de leurs tortionnaires.

Tirko Gire Bali a 27 ans. Elle vient de Gir Shah­ba. Elle a été faite pris­on­nière du Daesh au moment où elle ten­tait de fuir Sengal.
Les mem­bres de Daesh leur ont dit : « les pesh­mer­ga vous ont ven­du con­tre de l’argent. Et au lieu de par­tir vers Kirkuk, nous sommes venus ici à Sengal ! »
Quant à Siham Khider Kha­laf ‚14 ans, elle a été ven­due 5 fois avant de par­venir à s’enfuir.

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