A mon âge, la presbytie a depuis longtemps corrigé ma myopie. Mais, en apprenant ce qu’un Consul européen a dit de la Turquie et d’Istanbul, je mesure soudain combien mes lunettes doivent me tromper. Parce que la France, qui rayonne jusqu’à Istanbul, a toujours raison n’est-ce pas ?
Voici ces propos du Consul de France à Istanbul. Extraits :
Les Turcs n’ont pas changé. Leur générosité est toujours présente tout comme leur hospitalité et leur affection envers les enfants. Les Turcs sont toujours aussi fiers de leur pays et de leur histoire, et ils ont raison de l’être. La Turquie n’a donc pas changé, mais elle a évolué et s’est considérablement modernisée.
Il suffit de voir Istanbul qui a pris une dimension incroyable dans tous les sens du terme. C’est devenu une véritable ville mondiale qui attire tous les talents, toutes les énergies. Istanbul est rempli d’énergies, que ce soit dans le domaine de la création, de l’art ou encore de l’entreprise comme l’illustre d’ailleurs l’essor économique du pays.
La Turquie reste donc fidèle à elle-même, mais continue de se renouveler. C’est un pays qui regarde devant lui. Ceci s’explique notamment par cette foi qu’ont les Turcs en un avenir meilleur. C’est la grande force de ce pays et de sa population.
Les Turcs n’ont pas changé.
Je confirme… Leur nationalisme connaît des paroxysmes, mais c’est vrai, l’école, là, a bien fait son travail. Elle a formé depuis des générations des portes drapeau fiers et heureux d’être turcs, dès la petite enfance. Et Erdoğan sait comment s’y prendre pour le rappeler en permanence. Pour la générosité et l’hospitalité, les fauteuils du Palais sont accueillants visiblement, et les fesses consulaires doivent s’y sentir bien. Je suppose qu’il ne parle pas du petit peuple, qu’il ne fréquente guère, et voit défiler pourtant dans son consulat, des journées entières, pour se voir refuser leurs visas. La France est en effet moins accueillante et hospitalière. Un point de marqué !
La Turquie a évolué et s’est modernisée.
C’est vrai qu’elle a ces temps derniers progressé dans son affection pour les enfants. Elle ne tue plus que des enfants kurdes ou syriens. Les autres, elle abaisse pour eux la majorité sexuelle et leur donne du travail dans des ateliers clandestins. C’est un progrès pour tout le monde, et surtout pour leurs exploiteurs… Bon, c’est vrai, je râle tout le temps.
Nous avons un métro, des ponts, un tunnel, des supermarchés qui ouvrent, ferment, et se ré-ouvrent ailleurs. Les immeubles et les tours poussent comme des champignons, les routes et les échangeurs mènent à des aéroports qui remplacent les forêts, nous avons enfin des pénuries d’électricité…
La modernité est là, et bien là. Les minettes enturbannées lisent le Coran dans le bus sur leur I‑Phone et parlent fort en restant assises pendant que les vieux comme moi regardent ailleurs. Les drapeaux ne sont plus en coton mais en synthétique et prennent des dimensions incroyables… Tout ça, je le vois bien. La Turquie devient européenne depuis que le Sultan s’en occupe.
Et les talents, les énergies… Tous ces universitaires “ignares et obscurs” qui sont attirés par la noirceur des prisons soudain, avec la main de policiers pleins d’énergie. Il a raison le Consul, là encore. Pourquoi leur laisser leur passeport, à ceux qui, licenciés sans indemnités ni droits à retraite, ne verraient plus qu’on attire leur talent et voudraient se faire la belle en Europe ? Oui, ces talents, comme elle sait les conserver à l’ombre, pour ne pas qu’ils s’abîment…
Et l’entreprise, aaahh l’entreprise, inch’allah, comme elle bétonne bien l’entreprise, comme elle est libre et entreprenante, quand elle fait partie de la famille… Elle en emplit des boîtes à chaussures l’entreprise ! Et le Bilal savait si bien autrefois les faire passer en Italie. Aujourd’hui, la modernité, c’est la banque française, façon de rester fidèle à soi-même et de renouveler les comptes.
Le Sultan regarde l’avenir de 2023, centenaire de la “révolution nationale”. Il la voit libérale, ottomane dans sa façon de dominer le monde, bigote et bien nationaliste, sa Turquie. On pourrait le dessiner de profil, avec un croissant derrière lui, qui regarde la Mecque du côté des banques suisses… avec, à ses côtés, la figure d’une “mère”. Oh non, pas de celles qui recherchent leur fils et filles disparuEs, mais de celles qui promettent des enfants, comme c’est leur “fonction”.
Je ne sais pas trop à quelle occasion ce rétenteur de visas français a prononcé son ode à la Turquie moderne, mais j’ai le sentiment qu’il aurait mieux fait de se taire, plutôt que présenter ses voeux. Je sens que je vais regarder le Consulat autrement, quand je passerai devant. J’en connais qui vont y apporter des portraits d’Erdoğan, pour remercier.
Mais, j’y pense, il a peut être crû qu’en disant tant de belles choses, il éviterait les balles d’un policier grincheux.
Si vous voulez en savoir plus, et surtout lire ceci, “Mais cette tentative putschiste a montré aussi la maturité démocratique du peuple turc ainsi que la force de ses institutions.”, toujours de la bouche du Consul, allez donc faire un tour par là et vous verrez qu’on peut dire qu’il est “resté français1”.
Petite note de Kedistan : nous comprenons aisément le courroux du fait qu’il ne s’agit pas d’une déclaration “diplomatique” convenue dans une réunion officielle, mais d’une interview donnée à une feuille de chou à destination des francophones de Turquie, où rien ne l’obligeait à faire dans les louanges, et où il aurait pu se contenter de raconter “sa” vie.
En anglais : Turkey • When the French Consul Shines the Teacher’s Apple