Beaucoup ont présenté la 24e édition de ce rassemblement culturel kurde comme une manifestation contre la politique du président turc Erdoğan. Bien que cela soit vrai, ce n’est qu’un des nombreux aspects de ce festival.
Pour commencer, le festival a rassemblé environ 30 000 Kurdes. C’est considérable, comparé à la population kurde présente en Europe d’environ 1,5 million d’individus. C’est comme si en France un festival rassemblait, reporté sur notre population de 67 millions de personnes, 1 300 000 personnes. Il s’agit d’un événement majeur qui a lieu tous les ans depuis 1992.
Cette année, le terrain réservé pour le festival était trop petit, nous étions de fait très « unis ». La police était mobilisée comme « jamais elle ne l’a été » m’ont rapporté des Kurdes, pour cet événement, notamment avec déploiement d’hélicoptères. Les organisateurs demandaient régulièrement de ranger les drapeaux du PKK, que sortaient des festivaliers, car ce dernier est interdit en Allemagne.
Mise à part la politique d’Erdogan qui était fortement critiquée, les Kurdes réclamaient des nouvelles d’Abdullah Öcalan dit « Apo », qui est considéré comme un leader pour des millions d’entre eux. De lui, ils n’ont reçu ni signe ni preuve de vie depuis avril 2015. Des coups de feu dans son île-prison ont été entendus, le soir du coup d’État, ce qui renforce bien sûr l’inquiétude des Kurdes « apoïstes », concernant son état de santé.
Le festival s’est déroulé à quelques pas de la cathédrale de Cologne.
Les Kurdes sont venus au festival en famille, portant parfois des habits traditionnels, certains inspirés par la guérilla kurde des HPG (Forces de défenses du peuple, affilié au PKK), les mêmes qu’on peut voir lors des fêtes annuelles de Newroz (Nouvel An kurde).
La foule s’est tue, levant la main, doigts en V en signe de victoire, au moment de la commémoration des martyrEs tombéEs pour la liberté du Kurdistan.
Les marcheurs pour la libération d’Öcalan, qui se déplacent à travers l’Europe, furent à l’honneur à la tribune après avoir été acclamés par la foule dès leur arrivée.
Les costumes traditionnels étaient à l’honneur.
Entre deux spectacles défilaient à la tribune des personnalités. Celui-ci est un un anglais venu apporter son soutien au peuple kurde.
Après des chants traditionnels, un groupe de rock kurde passe sur la scène.
Saleh Muslim, co-président du PYD, principal parti kurde de Syrie, dit à propos de l’intervention turque en Syrie : « La Turquie sera défaite, comme Daech le sera avant elle. »
Selahattin Demirtaş, co-président du HDP, principale formation politique de gauche et pro-kurde de Turquie, a dénoncé les deux coups d’État : celui des militaires et celui d’Erdoğan, contre la démocratie. Le HDP est à ce jour le seul à dénoncer les purges d’Erdogan, les autres partis parlementaires accompagnant de fait l’état d’urgence.