Erdoğan a enfin pu s’en­tretenir avec le chef d’É­tat sor­tant améri­cain lors du som­met du G20 à Hangzhou. Barack Oba­ma lui aurait promis, ce dimanche 4 sep­tem­bre, que “les États-Unis aideraient la Turquie à traduire en jus­tice les respon­s­ables de la ten­ta­tive de coup d’É­tat du 15 juil­let dernier. Erdoğan a donc remer­cié pour le “sou­tien”.

Lors de ces som­mets diplo­ma­tiques de “haut vol”, des con­férences de presse con­v­enues ont tou­jours lieu.

À cette occa­sion, Erdoğan et Oba­ma se sont effor­cés de ne rien laiss­er paraître des “incom­préhen­sions” qui avaient ten­du les rela­tions après le putsch man­qué, et la suite du coup d’É­tat civ­il réussi.

Assur­ant respecter l’É­tat de droit,  Tayyip Erdoğan a pour­tant remis le cou­vert sur la ques­tion de l’ex­tra­di­tion de Fethul­lah Gülen, dont nous n’avons plus besoin de décrire quel “pré­texte” il con­stitue pour la pour­suite des opéra­tions de purge en Turquie.

La Turquie va trans­met­tre de nou­velles infor­ma­tions aux États-Unis”, a déclaré Erdoğan. En retour, le patron encore en place de la Mai­son-Blanche a fait savoir que l’ex­tra­di­tion demandée ne se ferait pas “sans preuve incon­testable de son impli­ca­tion”… Recep Tayyip Erdoğan a égale­ment cri­tiqué le sou­tien mil­i­taire des États-Unis aux Unités de pro­tec­tion pop­u­laire (YPG), pour­tant aux pre­mières loges de la coali­tion inter­na­tionale de lutte con­tre Daech en Syrie.

Il faut avoir une atti­tude cohérente vis-à-vis de toutes les organ­i­sa­tions ter­ror­istes.

Il a ensuite jus­ti­fié l’in­ter­ven­tion mil­i­taire de la Turquie, mem­bre de l’OTAN, dans le Nord de la Syrie à Jer­ablus, en par­lant de la “néces­sité d’empêcher la for­ma­tion d’une cein­ture ter­ror­iste autour de la Turquie”, met­tant ain­si en porte-à-faux les Améri­cains, qui con­sid­èrent tou­jours le PKK comme un groupe “ter­ror­iste”, tout comme l’ensem­ble des dirigeants de ce G20. Ils ont pour­tant tous instru­men­tal­isé le mou­ve­ment kurde, se gaus­sant des “vic­toires mil­i­taires” récentes. Ce sont les FDS qui per­dent des com­bat­tantEs, mais les ser­vices spé­ci­aux occi­den­taux qui seraient selon eux les “chevilles ouvrières”.

On sait pour­tant quel chan­tage à l’aide et à l’arme­ment est pra­tiqué à l’en­con­tre de ces “ter­ror­istes tou­jours offi­ciels sur les listes internationales”.

En réal­ité, nous savons bien qu’a­muser la galerie lors de con­férences de presse ne con­stitue qu’une toute petite par­tie de cet ice­berg diplo­ma­tique. Les tri­pa­touil­lages se font ailleurs, les petits accords entre amis aus­si. Et ceux-là ne man­quent pas autour de l’of­fen­sive turque de Jarablus, en cours depuis plus d’une semaine.

Et c’est l’ob­jet essen­tiel de cet arti­cle : la déser­tion diplo­ma­tique autour du mou­ve­ment kurde et du Roja­va, à grand ren­fort d’in­tox­i­ca­tion médi­a­tique, qui est en train de pren­dre forme, tout en lais­sant la Turquie s’en­fon­cer dans le noir, pour mieux repren­dre la main ensuite.

Alors que tous les gou­verne­ments lais­sent faire l’of­fen­sive de l’ar­mée turque, sous le pré­texte de “sécuri­sa­tion des fron­tières con­tre les ter­ror­ismes”, s’est dess­inée au G20 une pos­si­bil­ité d’en­tente entre puis­sances inter­na­tionales et régionales, qui s’ac­corderaient à gel­er pour un temps les posi­tions en Syrie, et surtout à ressus­citer l’idée d’une fac­tion com­bat­tant pour une “Syrie libre” qui soit plus mal­léable que les FDS. On en voit déjà appa­raître les barbes, plus cour­tes que de cou­tume, dans des “reportages” com­plaisam­ment trans­mis aux chaînes d’in­for­ma­tion con­tin­ues, assor­ties d’u­ni­formes et d’arme­ment neufs. Les sup­plétifs de la Turquie, adoubés par les ser­vices améri­cains, font office de tam­pon diplo­ma­tique entre l’OTAN et Assad, sous la bien­veil­lance d’un Pou­tine qui lais­sera pour­rir la sit­u­a­tion, dès lors que le tra­vail de désta­bil­i­sa­tion du Roja­va sera lancé. Les “Syriens libres” pro­poseraient un “com­pro­mis” avec Bachar d’i­ci quelques mois qu’on en serait même plus éton­nés. Le mou­ve­ment kurde, sauf à faire d’énormes con­ces­sions qu’il n’en­vis­age même pas, est con­damné à la résis­tance con­tre tous, pour sauve­g­arder le Rojava.

On se croirait dans une mau­vaise théorie du com­plot, mais les arrange­ments sont pour­tant là, et la Turquie s’y colle, en espérant revenir dans le jeu diplo­ma­tique, ou dans le pire des cas, obtenir enfin sa “zone tam­pon” anti-kurde…

Bien sûr, per­son­ne ne pour­rait être con­tre un énième cessez-le-feu, en attente…

Daech, pour le moment, pra­tique plutôt l’évite­ment, sachant très bien que per­son­ne ne se ris­quera à aller plus loin en péri­ode élec­torale améri­caine. La France suit, ou se couche, dans cette par­tie de pok­er menteur, c’est selon.

L’UE se préoc­cupe de ses arrange­ments sur les réfugiés.

Aucun média ne relaie les assas­si­nats de civils, pour­tant nom­breux. Cir­culez, y a rien à voir…

Le cynisme des “Nations” peut par­fois met­tre en rage les kedi human­istes que nous sommes, et nous pouss­er dans des arti­cles sans fond.

KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.