Dif­férents bil­lets sur­gis­sent, tous ayant des points com­muns, con­tre le Roja­va. C’est un peu comme si cer­tains relayaient par écrit l’ir­rup­tion des chars turcs en Syrie, con­tre les com­bat­tantEs kurdes.

En pleine offen­sive turque sur le sol syrien à par­tir de Jer­ablus, il est donc utile de re-pub­li­er cette réponse à un arti­cle d’août, qui sem­ble curieuse­ment pré­par­er l’ ”opin­ion publique” à une offen­sive médi­a­tique “anti-PYD”, afin sans doute de mieux faire pass­er la pilule de l’a­ban­don des Kur­des par la diplo­matie française, déjà bien entamé depuis la mi-2015.

D’autres brûlots “anti-PYD et anti-PKK” sur­gis­sant ces derniers jours, sous la plume d’un ex-mem­bre de cab­i­nets min­istériels sous Mit­ter­rand, et tou­jours “spé­cial­iste” occulte, nous font penser que cela va s’ac­centuer. L’ar­ti­cle de cet émi­nent poli­to­logue, “Com­ment le PKK de Cemil Bayık a trahi les Kur­des de Syrie” est tout bon­nement un procès à charge con­tre le Roja­va, reprenant toutes les bonnes feuilles de bas caniveau.

Est-il encore utile de pré­cis­er que nous ne serons jamais, à Kedis­tan, des “béni-oui-oui” de l’in­for­ma­tion, ni des défenseurs zélés de l’i­nad­mis­si­ble. Et tout proces­sus poli­tique a ses lim­ites, ses insuff­i­sances, ses cri­tiques néces­saires, indis­pens­ables, surtout quand il s’ag­it du Roja­va, encer­clé par la guerre. Tout acteur poli­tique à l’œu­vre dans ces proces­sus doit être passé au crible. Et les kedi ne s’at­tachent pas si facilement.

Mais quand il s’ag­it de don­ner du “bril­lant”, à par­tir d’une posi­tion médi­a­tique élevée, qui se dit indépen­dante, ou celle d’un spé­cial­iste “chercheur”, pour jus­ti­fi­er en tant que soi-dis­ant “spé­cial­istes” l’a­ban­don diplo­ma­tique en rase cam­pagne du mou­ve­ment kurde, nous ne pou­vons pas laiss­er passer…

De son côté, la presse turque aux ordres glo­ri­fie la valeureuse offen­sive “pour la sécu­rité aux fron­tières”, et dans la grande panique de l’u­nité nationale, même les kémal­istes s’y joignent…

Nous aurons aus­si bien­tôt, après le G20, un fes­ti­val d’im­ages de la Syrie et des désor­mais “rem­plaçants des Kur­des” : les “valeureux bar­bus syriens libres” com­bat­tant aux côtés de la Turquie et des forces spé­ciales… Un “rap­proche­ment des points de vue” est en cours, paraît-il.

Faute de réponse encore rédigée au bil­let du “Pro­fesseur des uni­ver­sités en his­toire du Moyen-Ori­ent con­tem­po­rain à Sci­ences Po, Paris”, qui ne le mérit­erait guère, voici la réponse disponible à l’article de Medi­a­part« En pointe con­tre Daech, le PYD kurde divise la pop­u­la­tion syri­enne » qui fut don­née par un auteur du Kedis­tan, sur son blog Medi­a­part, en août.


Raphaël Lebru­jah 18 août 2016

Je voudrais com­mencer par exprimer mon pro­fond respect pour le tra­vail de la rédac­tion de Medi­a­part, notam­ment sur les nom­breux scan­dales qu’ils ont con­tribué à faire éclater, par­fois con­tre vents et marées. J’ai tou­jours des désac­cords avec cer­taines des posi­tions poli­tiques que défend par­fois la rédac­tion mais cela ne me dérange pas car cela par­ticipe du débat d’opinion. Un jour, Fab­rice Arfi de Medi­a­part avait dit sur un plateau télé après la démis­sion du min­istre fraudeur Cahuzac qu’il s’agissait d’une « vic­toire de l’information sur la com­mu­ni­ca­tion ». Aujourd’hui, Medi­a­part a pub­lié un arti­cle de com­mu­ni­ca­tion et non d’information sur le con­flit syrien et notam­ment sur la ques­tion kurde. Il me sem­ble impor­tant de répon­dre à cet arti­cle qui affirme des choses en con­tra­dic­tion totale avec la réalité.

Cela fait trois ans que j’étudie le con­flit syrien, sur lequel j’ai écrit de nom­breux arti­cles très doc­u­men­tés sur mon blog, et après six mois de pré­pa­ra­tion j’ai réus­si à pass­er la fron­tière irako-syri­enne il y a six mois en tant que jour­nal­iste et passé un mois au Kur­dis­tan syrien. Je me per­me­ts donc de répon­dre dans ce con­texte aux affir­ma­tions de l’article de Medi­a­part en ques­tion et de son auteur, Pierre Puchot.

Le prob­lème com­mence avec le titre. Ce n’est pas le régime par ses mas­sacres et sa répres­sion sans lim­ite qui divise la « pop­u­la­tion » (laque­lle ?). Ce ne sont pas les rebelles dits « mod­érés » qui divisent en décap­i­tant un gamin pales­tinien de 12 ans, en fil­mant leur acte de cru­auté comme la brigade Al-Zen­ki soutenue par les États-Unis, le Qatar, l’Arabie saou­dite et la Turquie. D’après le titre déjà, c’est le PYD qui divise alors que les mil­ices qui lui sont rat­tachées n’ont ni décapité d’enfant ni organ­isé de mas­sacre de masse. On induit déjà le lecteur en erreur. Le PYD (Par­ti de l’union démoc­ra­tique) est le prin­ci­pal par­ti kurde syrien et l’un de ses représen­tants les plus effectifs.

L’auteur pour­suit : « [en 2012]Le PYD, lui, se con­cen­trait sur une unique zone à « libér­er » : le Kur­dis­tan. Il n’affichait aucun espoir de libér­er la Syrie tout entière. »

Revenons un peu en arrière : le PYD est un par­ti kurde ani­mé par la même idéolo­gie que le PKK : le con­fédéral­isme démoc­ra­tique. Les Kur­des ont subi de nom­breux mas­sacres et géno­cides au cours de leur his­toire, la Syrie d’Assad leur étant hos­tile. Plusieurs révoltes kur­des ont frap­pé le pays dans les années 2000 et ont été dure­ment réprimées. La langue kurde était inter­dite, ceux qui la pra­ti­quaient risquaient l’apatridie. Le résul­tat : 300 000 à 400 000 Kur­des se sont retrou­vés apa­trides. Ain­si, juste avant la révolte de 2011 en Syrie, le PYD défendait une ligne paci­fiste con­tre la lutte armée en Syrie, red­outant les mas­sacres. En 2012, il deve­nait clair que le régime tombait en lam­beaux, un accord a donc été négo­cié pour que celui-ci quitte les régions à majorité kurde. Le régime pari­ait sur le fait que cela con­duirait à des com­bats entre rebelles arabes et kur­des. Le PYD, lui, cher­chait à pro­téger les zones kur­des de poten­tiels mas­sacres et géno­cides – elles y avaient été par­ti­c­ulière­ment exposées dans le passé. Le PYD a déclaré qu’il prendrait par­tie, régime ou rebelles, pour ceux qui lui accorderaient l’autonomie réclamée. Le régime et les rebelles ont refusé unanime­ment. Parce que tant ces rebelles que le régime étaient com­posé en majorité d’Arabes et qu’ils étaient racistes (à l’exception de quelques groupes rebelles très minoritaires).

L’auteur ne s’arrête pas là avec ses rac­cour­cis : « Le PYD a avant tout cher­ché à éten­dre sa zone d’influence et a sou­vent pactisé avec le régime pour y par­venir, au détri­ment des rebelles, y com­pris pen­dant le siège d’Alep cet été. »

L’auteur oublie de pré­cis­er que dans le cas d’Alep, les rebelles « mod­érés » ont bom­bardé le quarti­er kurde d’Alep pen­dant huit mois sans inter­rup­tion. Dans les groupes qui ont bom­bardé, on trou­ve les égorgeurs d’enfant cités plus haut, ou Ahrar al-sham, qui sont des salafistes-nation­al­istes coupeurs de mains soutenus par la Turquie ou encore l’Arabie saou­dite. Le seul véri­ta­ble résul­tat de ces bom­barde­ments a été les cen­taines de civils tués ou blessés. Alors quand le régime a fait fuir ces groupes de rebelles des zones proches du quarti­er kurde, les com­bat­tants kur­des se sont tout sim­ple­ment fau­filés dans brèche pour pren­dre des posi­tions qui ser­vaient comme base à des bom­barde­ments con­tre la pop­u­la­tion du quarti­er kurde d’Alep. Les Kur­des, eux, n’ont pas ciblé les pop­u­la­tions civiles des zones arabes. Mais peut-être est-ce un détail de l’histoire?

L’article pour­suit : « Lors du soulève­ment de 2011, le par­ti kurde est perçu par beau­coup de Syriens − y com­pris chez les Kur­des, par­mi lesquels il est alors très impop­u­laire − comme une organ­i­sa­tion con­tre-révo­lu­tion­naire, accusée non seule­ment de par­ticiper à la répres­sion des man­i­fes­ta­tions mais aus­si d’avoir assas­s­iné l’opposant kurde Assad Meshaal al-Tam­mo. Par le passé, le PYD a même large­ment aidé le régime syrien à étouf­fer les reven­di­ca­tions kur­des en Syrie, en focal­isant son dis­cours sur la ques­tion des Kur­des de Turquie. »

Déjà l’auteur est télé­pathe, il arrive à savoir ce que les Kur­des syriens pen­saient en 2011, car il sait que le PYD est impop­u­laire auprès des Kur­des en 2011 (com­ment ?). Le fils d’Assad Meshaall al-Tam­mo accuse le régime d’avoir assas­s­iné son père, mais le PYD est déjà con­damné par l’auteur. De plus, les YPG, impul­sés à l’origine par le PYD, sont for­més pour résis­ter au régime dans la clan­des­tinité suite aux émeutes de 2004 au Kur­dis­tan syrien. C’est une mil­ice d’autodéfense for­mée pour résis­ter con­tre les occu­pants arabes du régime, qui oppressent les Kur­des. Mais vis­i­ble­ment l’auteur l’ignore ou l’« oublie ».

Con­tin­uons : « Par la suite, le PYD a régné sans partage. Il con­trôle la plu­part des organ­i­sa­tions politiques. »

Je ne savais pas qu’il con­trôlait les organ­i­sa­tions poli­tiques du Kur­dis­tan syrien. Le PYD est vrai­ment sur­puis­sant. C’est peut-être pour cela qu’au Kur­dis­tan syrien, il y a six mois de cela, j’ai vu des man­i­fes­ta­tions de l’opposition organ­isées par l’ENKS (Kur­dish Nation­al Coun­cil) qui n’éprouvait vis­i­ble­ment aucune inquié­tude en man­i­fes­tant son mécon­tente­ment. C’est peut-être pour cela que j’ai vu des représen­tants du PDK‑S, grand rival du PYD qui prône une alliance avec les islamistes syriens con­tre le régime, au con­seil lég­is­latif de Cizîre avec 24 autres organ­i­sa­tions poli­tiques issues du trot­skisme, du marx­isme ou de la droite bour­geoise. Je suis impres­sion­né de la capac­ité de manip­u­la­tion du PYD qui a réus­si à me faire croire qu’ils étaient fausse­ment en désaccord…

« Ses revenus − 10 mil­lions de dol­lars men­su­els −, issus majori­taire­ment du gaz et du pét­role, sont prin­ci­pale­ment réin­vestis dans l’effort de guerre, et son ter­ri­toire s’étend petit à petit, au détri­ment par­fois des zones con­trôlées par les rebelles. »

Pre­mière­ment, le PYD ne tire pas de revenu de la rente pétrolière – c’est l’administration autonome du Roja­va qui le touche. Deux­ième­ment, quand je me suis ren­du au Roja­va, 90 % des pom­pes à pét­role était à l’arrêt, tous ceux qui ont fait le voy­age Simal­ka-Qamis­lo vous le diront. Elles sont à l’arrêt parce que le Roja­va (Kur­dis­tan syrien) ne peut l’exporter : il est à la fois sous embar­go de la Turquie et du Kur­dis­tan d’Irak par le PDK (frère du PDK‑S). Troisième­ment le pét­role est sub­ven­tion­né et non taxé. Un plein coûte env­i­ron un euro, et c’est comme cela que le PYD se ferait son argent ? Intéressant…

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Encore un fla­grant délit d’ignorance ou de men­songe : « Depuis 2015, le PYD est véri­ta­ble­ment perçu comme un enne­mi par l’opposition syri­enne arabe. »

C’est faux, la guerre avec l’opposition a com­mencé pen­dant l’été 2013 lorsque le Front Al-Nos­ra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, renom­mé depuis Front Fatah al-sham, a attaqué des YPJ, com­bat­tantes femmes kur­des, parce qu’elles « ne por­taient pas le voile ». Par la suite, le front Al-Nos­ra sera rejoint dans son agres­sion des femmes et des Kur­des par Daech (qui ne fai­sait pas encore cav­a­lier seul), l’ensemble des mil­ices islamistes et salafistes et… la majorité de l’ASL (Armée syri­enne libre). Les rebelles « mod­érés » ne sup­por­t­aient vis­i­ble­ment pas la vue de femmes libres sans voile… Mais selon l’auteur, c’est vis­i­ble­ment la faute du PYD et des femmes com­bat­tantes. Misog­y­nie quand tu nous tiens…

« Pre­mière­ment, c’est la pre­mière fois que le PYD occu­pait une région à majorité arabe (Tell Rif’at) con­trôlée non pas par l’État islamique, mais par la rébel­lion ; deux­ième­ment, en prenant Tell Rif’at, le PYD épaulait le régime dans sa stratégie d’encerclement des quartiers rebelles d’Alep, désor­mais privés d’accès au poste fron­tière turc de Bab al-Sala­ma ; les faits se sont repro­duits à l’identique lors de la récente fer­me­ture de la route du Castel­lo, qui rav­i­tail­lait Alep est par le nord-ouest, le PYD ayant une nou­velle fois coopéré avec le régime.»

Encore faux. Pen­dant les com­bats de l’été 2013 avec l’opposition, les Kur­des se sont emparés de zones mixtes voire à majorité arabe dans le can­ton de Cizîre, mais pas­sons. L’auteur a vis­i­ble­ment des prob­lèmes de doc­u­men­ta­tion. Quand les Kur­des ont pris Tell Rif’at, la voie de rav­i­taille­ment de Bab Al-Sala­ma était déjà blo­quée, par con­séquent cela ne changeait rien à la sit­u­a­tion d’Alep. De plus, les Kur­des n’ont pas avancé sur Tell Rif’at seuls, il l’ont fait avec des brigades de l’ASL qui s’était alliées aux mil­ices kur­des comme Jaysh al-Thuwar (l’armée des révo­lu­tion­naires) à majorité arabe, turk­mène, etc. j’ai déjà répon­du plus tôt sur Alep.

« Out­re le prob­lème de stratégie mil­i­taire et d’alliance avec un régime qui bom­barde la pop­u­la­tion au TNT, sur­git la ques­tion d’un dif­férend idéologique très pro­fond : l’opposition arabe est en majorité con­ser­va­trice ou islamiste, là où le PYD est marx­iste et laïc. »

Out­re la stratégie de sou­tien de l’auteur à des rebelles « mod­érés » qui mas­sacrent des Kur­des, des soufis, des chré­tiens et des alaouites mais aus­si des Arabes sun­nites et des enfants… vis­i­ble­ment c’est un prob­lème que le PYD soit laïc et marx­iste ! Allah Akbar ! Con­ver­tis­sons-nous à l’islamisme et devenons con­ser­va­teurs ! Forçons les femmes à porter le niqab et coupons la main des voleurs. En com­para­i­son, les mil­i­tants du PYD, qui a aboli la peine de mort et la tor­ture dans les zones qu’il con­trôle, sont vrai­ment des kou­fars (mécréants). Sans commentaire…

« En dehors des dji­hadistes, l’opposition syri­enne aspire à un sys­tème poli­tique fondé sur le mul­ti­par­tisme, là où le PYD rétablit ce qui s’apparente à un régime de par­ti unique. »

Les islamistes qui veu­lent appli­quer la charia sont pour le mul­ti­par­tisme ? Soit, mais seule­ment entre Arabes sun­nites et dans ce cas pré­cis cela exclut beau­coup de monde en Syrie. De plus, l’accusation faite au PYD de vouloir instau­r­er un par­ti unique est le fruit, soit du men­songe, soit d’une igno­rance crasse. Encore une fois, il y a vingt-cinq par­tis représen­tés au par­lement du can­ton de Cizîre dont des adver­saires de longue date du PYD, que l’on ne peut pas soupçon­ner de le soutenir. En annexe les par­tis en question.

« À ce fos­sé cul­turel et poli­tique au sein de l’opposition syri­enne s’ajoute un autre prob­lème, plus grave et con­sub­stantiel au pro­jet poli­tique du PYD : l’antagonisme turc. Les raids et les bom­barde­ments de l’armée turque se sont mul­ti­pliés depuis douze mois, Ankara con­sid­érant le PYD comme la branche armée du PKK (…).En Syrie et au Kur­dis­tan turc, le gou­verne­ment turc est bien décidé à lui faire la chas­se pour cass­er le rêve d’un Kur­dis­tan autonome et unifié. »

Si je com­prends bien, le prob­lème c’est que la Turquie qui sou­tient des mas­sacreurs de Kur­des, d’alaouites et de chré­tiens soit con­tre le Kur­dis­tan syrien ? Le prob­lème, ce ne serait pas plutôt la Turquie qui s’installe de jour en jour dans la dic­tature ? Les Kur­des n’auraient-ils pas davan­tage besoin de sou­tien dans leur autodéter­mi­na­tion que la Turquie, qui n’a tou­jours pas recon­nu l’autonomie du peu­ple kurde et qui les mas­sacre au moment où ces lignes sont écrites ?

« La rela­tion du PYD avec le PKK est elle-même tein­tée de rival­ités politiques. »

Out­re que l’auteur donne en lien un site d’analyse pro-turc et raciste envers les Kur­des, le PYD est la branche syri­enne des pro-PKK. Quand j’étais là-bas, de très nom­breux cadres des YPG/YPJ étaient mem­bres du PKK et avaient servis dans la guéril­la en Turquie. Ce com­men­taire est vrai­ment d’une igno­rance profonde.

« Le par­ti démoc­ra­tique du Kur­dis­tan (PDK) irakien craint les vel­léités d’expansion du PYD au Kur­dis­tan irakien, où il est venu en aide aux pesh­mer­gas débor­dés face aux exac­tions de Daech con­tre les Kur­des yézidis. »

Faux, les YPG/YPJ ne sont pas venus en aide aux pesh­mer­gas débor­dés con­tre Daech dans le Shen­gal. Ils sont venus en aide aux Kur­des yézidis (minorité païenne) en train de se faire mas­sacr­er par Daech suite à l’abandon de posi­tion des pesh­mer­gas du PDK dans le Shen­gal. Dans leur fuite, ces mêmes pesh­mer­gas ont con­fisqué les armes que pos­sé­daient des Kur­des yézidis. Aujourd’hui, Mar­soud Barzani, chef de file du PDK, est pour­suivi en Irak pour com­plic­ité de géno­cide puisque rien ne jus­ti­fi­ait mil­i­taire­ment 
par­lant ce repli précipité.

« À l’inverse, le PYD syrien red­oute l’influence du KRG en Syrie. Il a récem­ment refusé que des Kur­des syriens qui s’étaient ren­dus au Kur­dis­tan irakien pour s’entraîner, ne repassent la fron­tière en sens inverse. »

Ce n’était pas n’importe quels Kur­des syriens. Ils se sont entraînés dans les mil­ices pro-Barzani. Je pense que les lecteurs peu­vent com­pren­dre que le PYD ne soit pas très ouvert au fait d’accueillir des gens financés par un indi­vidu soupçon­né de com­plic­ité de géno­cide envers une minorité kurde païenne.

« L’antagonisme entre Kur­des de Syrie et d’Irak se pro­longe d’une autre divi­sion, au sein du pays cette fois, entre le PDK de Mas­soud Barzani, soutenu par les États-Unis, et le par­ti (UPK) du prési­dent irakien, Jalal Tal­a­bani, proche de l’Iran, où agit égale­ment une minorité kurde. »

L’UPK proche de l’Iran ? Alors pourquoi les pesh­mer­gas de l’UPK se sont-ils bat­tus il y a quelques semaines de cela avec des mil­ices pro-irani­ennes à Tuz Khurmatu ?

« Tout l’enjeu pour le PYD aujourd’hui est d’installer durable­ment son admin­is­tra­tion autonome sur un ter­ri­toire unifié. Il espère ain­si émerg­er comme une entité ayant la capac­ité de lim­iter l’influence des autres par­tis kur­des sur son ter­ri­toire et se présen­ter à l’extérieur comme le relais le plus sta­ble sur le ter­ri­toire syrien. »

Bien enten­du, le PYD n’a pas de pro­jet poli­tique et ne cherche qu’à asseoir son pouvoir…

Tant d’amalgames, d’omissions, d’« oubliés », de non-dits et autres grossièretés. L’alliance PYD-régime est telle­ment opérante que pen­dant que j’écris cet arti­cle (à la date du 18 août), le régime bom­barde les quartiers kur­des de la grande ville d’Hassaké, « con­trôlée » par le PYD. Vis­i­ble­ment, c’est une alliance « explo­sive ». Autant dire que c’est quelque chose qu’il faut nuancer très forte­ment. Les deux par­tis ne s’entre-tuent pas pour la seule et bonne rai­son qu’ils ont cha­cun un enne­mi à com­bat­tre en pri­or­ité : le régime syrien, les rebelles et le PYD, Daech. On ne compte plus les affron­te­ments à Has­saké et Qamis­lo ces derniers mois entre le régime et les mil­ices du YPG/YPJ. De plus, en 2013, le régime a lancé des assauts vio­lents con­tre Cheikh Maq­soud à Alep.

Vis­i­ble­ment, l’auteur de cet arti­cle est soit un incom­pé­tent soit un grossier menteur. Dans tous les cas, c’est une fla­grante dés­in­for­ma­tion et « com­mu­ni­ca­tion » con­tre l’information, comme pour­rait dire Fab­rice Arfi de Medi­a­part, qui se fait au détri­ment de gens comme ses col­lègues, qui font un tra­vail d’investigation sérieux, ou encore moi, qui suis par­ti sur le ter­rain pour con­stater de mes pro­pres yeux la réal­ité du con­flit au Kur­dis­tan syrien. Je pré­cise que je suis un fidèle abon­né de Medi­a­part depuis plus de deux ans main­tenant. J’aimerais que mon argent ne tombe pas dans la poche de « jour­nal­istes » qui écrivent de telles sornettes.


En annexe, la liste des partis et organisations représentés à l’assemblée législative de Cizîre. Ce document a été obtenu par notre travail de terrain.
Parties and organizations in Democratic Self-Administration Note: (Each party or organization have two representatives and they must be a woman and a man).  The total number of the parliament now is 101 members. These are the parties: 1- Kurdish Left Party in Syria 2- Democratic Kurdish Left Party-Sy 3- Kurdistan Democratic Alparty-Sy 4- National Free Federation Party-Sy, before it was (Democratic Kurdistan Party-Sy). 5- Democratic Federation Party PYD 6- Syrian Democratic Kurdish party 7- Democratic Kurdish Peace party-Sy 8- Democratic Kurdish National Rally-Sy 9- Liberal Kurdistan Federation 10- Kurdistan Communist party 11- Alkhider Kurdistan party 12- Syriac Federation party 13- Democratic Kurdistan Change party 14- Communist Labor Party 15- Young Syriac party 16- Syriac Cultural Association 17- Syriac Academic Federation 18- Syriac woman Federation 19- Syriac Language Commission 20- S.T.A.R Union Organization 21- Syrian Woman Initiative 22- Women Jurists of West Kurdistan 23- Revolutionary Young women Organization 24- Administration of Diplomatic Relations of west Kurdistan 25- People’s Council of west Kurdistan 26- Civil Society Organization of Building state and citizens 27- Sara organization for anti-Violence against Woman 28- Democratic Society Movement TEV-DEM 29- Kurdish Supreme Commission 30- Kurdish Strategic Studies Center 31- National Kurdish Students Confederation 32- Revolutionary Young men Movement 33- Revolutionary Young women Movement 34- Girke-Legeh Cultural Forum 35- Peace and National reconciliation Movement 36- Democratic Muhalmees Young men 37- Yezidi House 38- Pluralistic Society Movement 39- Kurdistan Democratic Change Movement 40- Kaskay Organization of Environment Protection 41- Economic Development Council of West Kurdistan 42- Mardeneh Family 43- Brotherhood Council 44- Shorash Organization of woman 45- Kurdish Youth Union 46- Students Affairs Organization 47- Child’s Rights Protection Organization 48- National Coordination Commission 49- Arabic National Commission 50- Independents People. Tuesday 22/12/2015

Ce bil­let avait reçu une réponse de l’au­teur de l’ar­ti­cle ini­tial, que voici :

Com­men­taire

Cher abon­né,

Mer­ci pour votre bil­let – écrit suite à notre arti­cle En pointe con­tre Daech, le PYD divise la pop­u­la­tion syri­enne – qui présente néan­moins de maintes erreurs factuelles et approx­i­ma­tions. Quelques rapi­des répons­es donc, pour éviter d’induire les lecteurs vers de fauss­es pistes comme vous le faites, en adop­tant un point de vue exclu­sive­ment pro-PYD. Un point méthodolo­gie tout d’abord : Je passe sur le ton péremp­toire de votre bil­let et les accu­sa­tions à l’emporte-pièce qu’il con­tient pour vous pré­cis­er que l’article est basé sur un tra­vail de ter­rain, notam­ment lors d’un reportage en sep­tem­bre de 2012 à Afrin et ses envi­rons, où j’ai tiré une par­tie de mes sources, et d’autres en Syrie et en Turquie, com­plétés par de nom­breux entre­tiens depuis la créa­tion de Medi­a­part en 2008. Point de « télé­pathie » donc, sim­ple­ment du tra­vail de veille et d’enquête jour­nal­is­tique, auprès de mil­i­tants kur­des du PYD, mais aus­si d’autres sen­si­bil­ités politiques.

Sur le fond, ensuite. De fait, vous con­tester le titre. Si le PYD divise en Syrie, c’est en rai­son, comme je l’explique dans l’article, de sa col­lab­o­ra­tion avec le régime syrien avant… et après la révo­lu­tion entamée en mars 2011, en fonc­tion de ses intérêts poli­tiques et mil­i­taires. Il n’y a pas grand scoop ici, seule­ment une don­née con­stante de ce con­flit syrien, jusqu’à aujour­d’hui pen­dant la bataille d’Alep. Vous rap­pelez d’ailleurs vous-même pour l’accord passé en 2012 par le PYD avec les troupes de Damas.

Faire ensuite de la rébel­lion un amas d’égorgeurs sans scrupule comme vous le faites ne tient pas debout, vous sem­blez oubli­er les dizaines de mil­liers de Syriens qui se sont bat­tus et se bat­tent pour la chute de la dic­tature de Bachar El Assad, au prix de leur vie. Sous-équipée, ne par­venant pas à pren­dre le dessus à l’été 2012, l’Armée Syri­enne Libre s’est depuis décom­posée et le con­flit s’enlisant, l’appel au Dji­had a amené quan­tité de dji­hadistes étrangers à se bat­tre en Syrie. La rébel­lion est aujourd’hui pro­téi­forme, per­son­ne ne le con­teste, nous en faisons état à chaque arti­cle ou presque (et notam­ment ici).

Votre sou­tien au PYD vous égare là encore : le PYD a bien com­bat­tu la rébel­lion à plusieurs repris­es depuis 2011. Autre point : où est-il écrit ensuite dans l’article que le fait que le PYD serait marx­iste pose prob­lème dans l’absolu, comme vous nous le reprochez, accu­sant Medi­a­part de pren­dre le par­ti de ce que vous désignez comme les « Islamistes » ? Ce posi­tion­nement idéologique mar­que seule­ment, comme je l’écris dans l’article, une diver­gence de fond entre le PYD et la rébel­lion. De manière générale, cet arti­cle n’est ni pro, ni anti-PYD, il dresse un panora­ma de la sit­u­a­tion poli­tique en Syrie, comme d’autres avant lui, par le prisme du PYD. De manière général, le but de notre tra­vail n’est pas de pren­dre par­ti, mais de décrire la sit­u­a­tion d’un con­flit devenu extrême­ment com­plexe. S’engager côté kurde comme vous le faites n’aide pas à com­pren­dre la situation.

Pour les don­nées chiffrées enfin, elles ont été col­lec­tées par plusieurs chercheurs et sont publiques. Elles fig­urent notam­ment dans ce remar­quable tra­vail –déjà cité dans l’article- sur l’administration de PYD depuis 2012 de Dary­ous Aldar­wish sur les dynamiques locales en Syrie.

Je vous en recom­mande la lec­ture, ain­si que le tra­vail du chercheur Thomas Pier­ret, auteur de la cita­tion dans notre article.


Et ces extraits de la réponse à la réponse :

C’est intéres­sant de n’avoir rien d’autre à dire que “je suis un par­ti­san du PYD”. Allons voir vos sources. Mis à part mon tra­vail de ter­rain plus récent de qua­tre ans par rap­port au vôtre, mes sources citées en bas de l’ar­ti­cle…  Mais quelles sont vos sources?

Le rap­port que vous citez est un doc­u­ment émanant de l’U­nion européenne, dont la grande majorité des États sont des alliés direct de la Turquie, en par­ti­c­uli­er dans la lutte con­tre le PKK, et par ric­o­chet la branche syri­enne qui est le PYD (que cer­tains États sou­ti­en­nent très par­tielle­ment et depuis très peu de temps par peur de Daech…).

Mais au moins quelqu’un véri­fie vos sources, et j’ai con­tin­ué, notam­ment sur le pét­role. Votre source sur la manne pétrolière du PYD et ses 10 mil­lions de dol­lars s’ap­puie sur une cita­tion du rap­port, voir ici, qui s’ap­puie sur des “médias indépen­dants” jamais cités. On a stricte­ment aucune idée de quel média il s’ag­it. Donc, j’ai regardé l’au­teur, il s’ag­it de Dary­ous Al-Dar­wish qui est chargé des rela­tions du “Syr­i­an Cen­ter for Tran­si­tion­al Jus­tice”, un organ­isme financé par des pays comme la Turquie, la France, etc. Donc de nom­breux pays ayant con­duit au mal­heur des Kur­des, soit en ayant établi les traités, comme Syke-Picot, qui ont con­damné les Kur­des à être sans État, comme la France, ou encore la Turquie qui colonise et mas­sacre les Kur­des depuis près d’un siè­cle… Vous n’avez même pas diver­si­fié vos sources. Un rapi­de coup d’oeil sur Wikipé­dia aurait même pu pour­tant vous aider. C’est très déce­vant, ce n’est pas du jour­nal­isme, c’est de la pro­pa­gande, vos sources. Et je passe encore sur beau­coup de choses.

Pour finir, Thomas Pier­ret est con­nu pour être un chercheur ori­en­té qui a tou­jours soutenu la par­tie de l’op­po­si­tion arabe (et raciste) syri­enne.… Les lecteurs com­pren­dront vite le prob­lème de ce genre d’« ana­lyste » quand on voit la sit­u­a­tion trois ans plus tard avec une offen­sive majeure sur Alep dom­inée par le Front Fatah Al-sham, anci­en­nement Al-Nos­ra, branche d’Al-Qaï­da en Syrie.

Le plus scan­daleux c’est que vous ne par­lez jamais des mas­sacres que subis­sent les Kur­des. Comme si leurs réprésen­tants, le PYD, ne fai­saient eux qu’opprimer.

La suite à lire sous l’article original du blog.…

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