A Istanbul les femmes ont marché pour dire qu’elles sont contre l’état d’urgence et les coups d’Etat, sous la devise « La Paix est seule solution contre les coups d’Etat — Les femmes ne veulent pas la guerre »
La marche a débuté le jeudi soir, à 20h30 au Métro de Vezneciler. Le cortège est arrivé jusqu’à Saraçhane, devant la Mairie d’Istanbul Métropole, où un « tour de garde de démocratie » se déroulait déjà, réunissant les pro Erdogan.
Les pancartes exposaient des slogans comme « Nous ne voulons pas de vengeance, mais la Justice pour nous tous », « la Paix passe par sentir mutuellement les souffrances des autres », « La Paix, la Vérité et la Justice ne peuvent être reportées »
L’action des femmes s’est terminée par un sit-in sur place. La police spéciale est arrivée et demandé la dispersion des femmes. Le groupe pro-régime qui faisait leur « tour de garde de démocratie » a voulu lui aussi charger les femmes. Après ces moments de tension, le police a demandé à contrôler les pancartes et bannière, en précisant qu’il y avait eu des plaintes, notamment pour une pancarte portant le slogan « Et ce que les mêmes commandants ont fait à Cizre ? » L’ambiance s’est encore électrifiée. Ensuite, les femmes ont mis fin leur action.
« La Paix est seule solution contre les coups d’Etat — Les femmes ne veulent pas la guerre »
Dans cet après coup d’Etat, cette initiative de femmes pour la Paix, alors même que chaque jour continuent à descendre dans la rue des foules majoritairement masculines, et porteuses de haine et d’exclusion, sur fond de peur et de bigoterie, paraît extrêmement courageuse, même si la revendication de “Paix” n’a plus la force que celle d’avant coup d’Etat, puisqu’elle concernait essentiellement la guerre et les massacres à l’Est, et qu’aujourd’hui elle se fond dans le brouhaha indistinct de la condamnation du coup d’Etat et de la demande “d’union nationale”, qui fausse volontairement tout repère politique, alors que la société civile est plus que jamais atomisée.
Si la Paix est la seule solution contre les coups d’Etat, elle ne passera pas par une alliance “nationale” intégrant les causes de la guerre en son sein, que ce soit le nationalisme, le conservatisme bigot de l’AKP ou les refoulés génocidaires du kémalisme. La Paix passe par la voie d’une reconnaissance de la diversité de la Turquie, d’une rupture avec toutes les politiques qui y tournent le dos, que ce soit par nationalisme identitaire, même républicain, où identité religieuse dominante, où la femme n’a qu’un rôle de mère et d’objet domestique.
La Paix que réclamaient ces femmes, avec les pancartes telles que “Nous avons arrêté les chars, nous pouvons arrêter aussi les massacres”, plaide pour un retour du processus de paix, chose dont ne veut ni Erdogan, ni la pseudo opposition au parlement. Par la même, elles mettent le doigt là où la ‘gauche’ devrait se remettre en cause.