Pour une fois, la presse européenne s’est faite l’é­cho des frappes turques con­tre les forces du YPG du Roja­va ces jours derniers.

Des bom­barde­ments ciblés ont en effet été effec­tués en dif­férents points, en qua­si simul­tanéïté avec des attaques de Daech dans les mêmes zones !

Ras­surez vous, selon les rap­ports pub­liés, les cibles touchées sont bien celles visées, c’est à dire les posi­tions kur­des en Syrie.

Ces frappes, tout comme des mou­ve­ments frontal­iers, font suite aux mis­es en garde d’Er­do­gan, proférées à moult occa­sions, con­tre les quelques aides en armes et la ten­ta­tive du YPG de franchir la ligne rouge fixée par le gou­verne­ment turc, qui du coup per­me­t­trait de fer­mer défini­tive­ment tout couloir de Daech vers la Turquie.

C’est aus­si une manière de ras­sur­er les ultra nation­al­istes pour les prochaines élec­tions, en réaf­fir­mant que la Turquie n’ac­ceptera jamais à ses fron­tières ce qu’elle com­bat à l’in­térieur, c’est à dire une prise en main par des pop­u­la­tions, certes à majorité kurde, mais pas que, de leurs des­tins régionaux. Amal­gamer le Roja­va, le ter­ror­isme, la soit dis­ant volon­té de divi­sion de la nation à l’Est, dans une pro­fes­sion de foi élec­torale, et y ajouter quelques bombes, pour faire bonne mesure, peut encore piller quelques voix aux ultra nationalistes.

A cet égard, Erdo­gan vient de faire une prise de guerre, puisqu’il a débauché le pro­pre fils d’un dirigeant du MHP.

C’est enfin la suite logique de la vis­ite aux prin­ci­paux dirigeants européens, et la con­créti­sa­tion du deal passé avec la chancelière alle­mande, au sein même du Palais d’Ankara, le cul dans les trônes dorés. En effet, depuis le temps qu’Er­do­gan par­le de zone tam­pon, pile poil dans cette région, et qu’il envis­agerait bien d’y établir un deux étoiles pour réfugiés syriens, avec les finances promis­es (3 mil­liards), il était temps de mon­tr­er qu’il en était capable.

Alors on dira que les mou­ve­ments con­joints de Daech étaient juste oppor­tunistes, et même pas là pour don­ner le change.

Le gou­verne­ment turc a en effet revendiqué les frappes pour ce qu’elles sont, un coup de semonce en direc­tion du Roja­va. C’est donc offi­cielle­ment une pre­mière revendiquée, depuis le début du dou­ble jeu soutenu par l’Otan. Pour­tant, c’est comme ça depuis juin, et tout le monde le sait bien.

Comme on a eu ni Pou­tine ni Oba­ma au télé­phone, on ne peut vous trans­met­tre des réac­tions crédi­bles. Dans la purée des com­mu­niqués et con­tre com­mu­niqués de guerre en Syrie, nous préférons ne rien choisir non plus.

Ce qui nous importe davan­tage, c’est la men­ace sur le Roja­va que fait peser le peu de réac­tions à ce test grandeur nature d’Erdogan.

Une journée mon­di­ale pour Kobane est fixée au 1er novem­bre, date aus­si des élec­tions en Turquie.

Et s’il faut souhaiter quelque chose lors de cette journée, c’est bien la sat­is­fac­tion d’une demande, celle de l’étab­lisse­ment d’un cor­ri­dor de rup­ture dans le blo­cus, afin de per­me­t­tre l’aide d’ur­gence, l’aide human­i­taire, la recon­struc­tion, hors de toute présence de l’ar­mée turque.

Et pour les états européens qui se tirent une balle dans le pied en pas­sant des marchés de dupes avec ce gou­verne­ment AKP assas­sin, nous nous posons tou­jours la même lanci­nante ques­tion : quelle sera leur réac­tion si demain ce sont des réfugiés turcs qui se joignent aux syriens, du fait même de leur politique ?

On ne savait pas ?

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