L’incident se serait passé le matin du 12 août, entre la côte Turque et l’archipel du Dodé­canèse, sur la rive de la com­mune Sefer­i­his­ar d’Izmir.

Selon des pêcheurs turcs présents sur les lieux, un bateau de garde-côtes grec est arrivé, a crevé un zodi­ac plein de réfugiés, et est immé­di­ate­ment repar­ti sans leur porter secours.

Les pêcheurs ont filmé la scène avec un télé­phone portable, tout en sec­ourant les réfugiés, et ont pub­lié la vidéo.
Le quo­ti­di­en turc Hür­riyet a dif­fusé cette bande vidéo sur son site inter­net, ce ven­dre­di matin, relayé en France par France Info, puis la plu­part des grands médias d’information..

Sur le zodi­ac, 35 hommes, 4 femmes, 8 enfants. 35 syriens, 12 irakiens. Tous ont pu être sec­ou­rus, en pre­mier lieu par les pêcheurs présents sur les lieux, puis par les garde-côtes turcs.

Les réfugiés ont témoigné auprès des garde-côtes que « le bateau mil­i­taire grec a arrêté leur zodi­ac, con­fisqué leur moteur et les bidons d’essence, et crevé leur bateau. » Ce qui cor­re­spond aux pro­pos fig­u­rant dans la vidéo.

Même si l’in­for­ma­tion n’est pas encore véri­fiée, et est donc à pren­dre avec pru­dence, elle con­corde hélas avec les témoignages, recueil­lis depuis de nom­breux mois, faisant état de remorquages for­cés vers les eaux ter­ri­to­ri­ales turques (En 2008, entre l’île grecque Midil­li et Ayva­lik, 23 réfugiés rescapés d’un bateau qui en con­te­nait 30, sec­ou­rus par les garde-côtes turcs, affir­maient déjà, que les garde-côtes grecs «avaient for­cé leur bateau à pren­dre la direc­tion de la côte turque, puis coulé le bateau en tirant dessus.»)

Le bateau grec sem­ble de plus, selon les témoignages des pêcheurs, avoir agi dans les eaux ter­ri­to­ri­ales turques, ce qui, si l’in­for­ma­tion se véri­fi­ait, ne devrait pas con­tribuer à apais­er les ten­sions entre les deux pays.

La Pré­fec­ture d’Izmir a pub­lié un com­mu­niqué faisant état de témoignages de réfugiés sec­ou­rus le 11 août 2015 sur la côte turque près de Eğril­i­man, com­mune de Çeşme (Izmir): « Un bateau avec des inscrip­tions en grec, occupé par des indi­vidus habil­lés en mil­i­taires, s’est rap­proché du zodi­ac. Ces hommes ont tiré 3 fois en l’air, puis crevé le bateau avec des bâtons en fer. Cer­tains réfugiés sont tombés dans la mer. Les hommes vêtus en mil­i­taires n’ont pas sec­ou­ru les hommes à l’eau, mal­gré leurs sup­pli­ca­tions, et sont par­tis. ».

Le témoignage d’un cap­i­taine de bateau de pêche turc affir­mait qu’un bateau de garde-côtes grec avait coupé le tuyau du moteur du zodi­ac des réfugiés, crevé le bateau.

Le même com­mu­niqué rap­porte égale­ment les témoignages des rescapés et des pêcheurs, con­cer­nant l’incident du 12 août dont la vidéo est ci-dessous.

Tra­duc­tion du dia­logue de la vidéo :

(Pêcheur) — Dans le zodi­aque en face, il y a plusieurs réfugiés… Regarde les… Mais les bateaux grecs ne peu­vent pas entr­er ici !
(Ismaïl) — Ils peu­vent entrer
(Pêcheur) — Com­ment ça ils peu­vent entr­er ? C’est nos côtes mon frère…
(Ismaïl) — Ils ont crevé le zodi­aque. Ils ont crevé le zodi­aque, les gens sont à l’eau… Il avait quelque chose comme une lance, ils ont coulé le bateau. J’espère qu’ils ne vont pas nous agress­er aus­si… Ils fuient… ils fuient. Regardez comme ils fuient. Vous voyez ?
(Pêcheur) — Le bateau de garde-côtes est venu chez nous et a coulé le bateau des réfugiés. Il l’a eclaté avec une lance, on l’a vu. Et en ce moment ils sont en dif­fi­culté… en dif­fi­culté. Ils essayent de sauver leur vie, les pau­vres (pen­dant que la per­son­ne par­le et filme, le bateau de pêcheur se rap­proche du zodi­aque pour aider)
Ismaïl), vois-tu des enfants ? Y a‑t-il des enfants ?
(Ismaïl) — Oui, il y en a. Il y a des enfants de 8, 10 ans.
Il est où ? Il n’y a pas de moteur dessus ?
(Pêcheur) — Tu sais quoi, Ismail.… (il ne con­tin­ue pas sa phrase)
(autre voix) — Mais aidez les !…
(Pêcheur) — Nous prenons dans le bateau les réfugiés du zodi­aque coulé, autant que nous pou­vons. Nous avons été en dan­ger bien sûr tout à l’heure mais.… regarde, attrape cet enfant ! Attrappe cet enfant!
(Garde-côte turc) — Pas d’homme, pas d’homme !
(autre voix) — No men, no men !
(Pêcheur) — Les gardes-côtes sont arrivés. Nous leur con­fions les femmes et les enfants.
(en arrière plan, Ismail) — N’ai pas peur, n’ai pas peur!
Seule­ment les enfants, non non seuls les enfants…

Des rumeurs présen­tant Izmir comme une ville « facile » pour tra­vers­er vers la Grèce avaient fil­tré dans les groupes de réfugiés: Izmir avait en con­séquence vécu des arrivées mas­sives de migrants depuis fin juillet.

Selon les chiffres offi­ciels 68.700 réfugiés se trou­vent à Izmir, mais les esti­ma­tions vont jusqu’à 500.000.

Selon la Pré­fec­ture d’Izmir, dans le cadre de l’opération « Espoir en Egée» pilotée par le siège de la Garde-Côte d’Izmir, entre le 10 et le 14 août 2015, 58 sauve­tages on été effec­tués et 2791 réfugiés secourus.

Le nom­bre impor­tant de femmes et d’en­fants, les con­di­tions de survie dif­fi­ciles créent des ten­sions d’une part entre les réfugiés, d’autre part entre ces derniers et la pop­u­la­tion d’Izmir.

Le Préfet d’Izmir a d’ores et déjà déclaré que les con­trôles de police seraient ren­for­cés, “dans le respect de l’hu­main”, afin de se bat­tre, non con­tre les réfugiés syriens, mais con­tre les passeurs.

La Turquie a accueille les réfugiés syriens depuis 4 ans et leur nom­bre a dépassé les 1,8 millions.


Pour savoir plus sur les réfugiés syriens en Turquie :
“Ces syriens mis­éreux qui défig­ures nos villes”


En un an, le nom­bre de réfugiés arrivés en Grèce a explosé de 750%. La Grèce doit aujour­d’hui assumer la moitié des migrants ten­tant de rejoin­dre l’Eu­rope en tra­ver­sant la Méditer­ranée. Sur le seul mois juil­let, plus de
50 000 migrants sont arrivés dans le pays, provenant majori­taire­ment de Syrie.

De tels faits on le sait se sont déjà déroulés sous dif­férentes formes dans les dix dernières années sur les mers qui for­ment “le mur de l’Eu­rope”. Il y a quelques années sous Berlus­coni, l’I­tal­ie avait pris la triste habi­tude de refouler sur mer les bateaux de migrants, en livrant leurs “con­tenus” au Kaddafi de l’époque. Un doc­u­men­taire relate un de ces faits où l’on apprend que sur un bateau de 400 per­son­nes, 5 sur­vivants ont pu être retrou­vés, les autres ayant péris dans les geôles de Kaddafi ou dans le désert. Cette pra­tique n’est donc pas nou­velle et découle de l’in­ca­pac­ité des gou­verne­ments européens de pren­dre par le bon bout, autre que celui du blo­quage des fron­tières et de la repres­sion, la réal­ité. Les caus­es, leurs effets sont pour­tant connus.

La poli­tique des “murs” (Hon­grie par exem­ple, Calais, Men­ton…) apporte chaque jour son lot de vic­times qui s’a­joute à toutes celles des guer­res qu’elles fuient. Les états européens se refer­ment de plus en plus sur eux même, alors qu’ils sont co-respon­s­ables de ces poli­tiques inter­na­tionales. Il ne serait pas éton­nant, dans ces con­di­tions où cha­cun veut tir­er la cou­ver­ture à lui que tel ou tel état se serve de tel et tel drame con­tre le pays voisin et vice et versa…

La poli­tique igno­ble des états européens par­ticipe aus­si d’une mon­tée tou­jours plus grande des nation­al­ismes identitaires.


* Mal­gré les dif­férentes sources se recoupant, il con­vient d’in­sis­ter sur le fait que l’in­for­ma­tion n’est pas encore véri­fiée, et est à pren­dre avec précaution.
Le jour­nal turc Hür­riyet, France Info, et plusieurs autres médias français évo­quent une perche, qui aurait per­mis de piquer le can­ot pneu­ma­tique. Le prob­lème, c’est qu’il ne sem­ble pas pos­si­ble de voir cette perche sur les images. Cer­tains inter­nautes l’ont fait remar­quer. Tout ce que l’on voit , c’est un bateau approcher d’un can­ot de migrants. Ensuite, l’im­age se coupe, et reprend alors que le bateau s’éloigne. On dis­tingue alors le can­ot des migrants en train de couler.
Le bateau ressem­ble indu­bitable­ment à un bateau de garde-côtes grec. En est-ce un? Le bateau des migrants a‑t-il été coulé volon­taire­ment? Pourquoi le bateau a‑t-il fait demi-tour sans porter sec­ours aux réfugiés ?
Toutes ces ques­tions devront trou­ver réponse.

Bateau Garde Côtes Grecque

Bateau Garde Côtes Grecs

bateau-garde-grec-suspecte

Bateau sus­pect

 

 

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