Les ultra-nationalistes attaquent le local du HDP
A Alanya, commune balnéaire d’Antalya dans le Sud de la Turquie, le local du parti HDP (pro-kurde et progressiste) fait l’objet d’un siège en règle par des ultra-nationalistes.
Dans l’après midi du dimanche, un groupe d’environ 200 ultra-nationalistes se sont organisés à travers les réseaux sociaux et ont tenté de remplacer l’enseigne du parti HDP par un drapeau turc . Le groupe agressait et insultait les commerçants kurdes aux alentours. Le première attaque du groupe a été gênée par l’arrivée de la police.
Mais la tension a continué à monter. De nouvelles personnes sont arrivées et le groupe s’est élargi. Dans la soirée le local était complètement encerclé et les ultra-nationalistes menaçaient d’y mettre le feu. Autour de 22h00, au moment où nous écrivons ces brèves, une 50aine de personnes dont des enfants et femmes, étaient encore retenues dans le bâtiment. 3 membres du HDP étaient blessés. La police qui a établi un cordon de sécurité autour de l’immeuble, ne laissant pas passer le groupe, et les blessés ne peuvent pas être évacués vers l’hôpital jusqu’à maintenant .
Par ailleurs, les commerces tenus par les kurdes seraient endommagés et pillés et les commerçants auraient essuyé des tentatives de lynchages.
»Ajout : 23h30 Le local est évacué. Les blessés transférés à l’hôpital.
Des photos sur les réseaux sociaux
Des photos montrant le corps d’une femme décédée, couchée nue sur le sol, entourée de 3 hommes en civil (qui seraient des forces spéciales), circulent sur les réseaux. Les propos qui accompagnaient ces photos signalaient que la femme avaient été violée et torturée, et identifiaient la femme comme Kevser Eltürk, alias Ekin Van, membre du PKK. Celle-ci a bien été tuée lors des affrontements à Varto, commune de Muş le 10 août.
Cette série de photos, fut publiée dans un premier temps sur des comptes ultra-nationalistes en illustration de propos injurieux et haineux, accompagnés de félicitations pour les auteurs… Ensuite par des pro-PKK à la gloire d’une combattante tombée martyre, cette fois floutées, et par d’autres s’indignant et pointant un crime de guerre…
La Préfecture de Muş a finalement publié un communiqué :
Il a été constaté que certains visuels appartenant à une femme membre de l’organisation terroriste PKK ont été publiés sur des réseaux sociaux. L’organisation avait été mise en échec le 10 août 2015, suite à un affrontement qu’elle avait provoqué contre nos forces de sécurité dans la campagne de notre commune Varto. Une enquête administrative et judiciaire a été ouverte à l’encontre de l’individu ou des individus qui ont pris ces photos inacceptables pour notre Préfecture, et pour l’opinion publique, et les ont servie aux médias sociaux.
La Préfecture confirme ainsi indirectement l’identité de la femme, tout en taisant le nom. La date et le lieu correspondent à l’information d’identité donnée avec les photos. L’Etat turc s’indigne donc des photos, mais pas spécialement du fait qu’une personne qu’il considère terroriste soit dénudée après sa mort et exhibée sur le sol. Ne dit rien non plus des constats faits par les membres de la famille et les témoins associatifs sur le fait que le corps aurait été profané après le décès.
En effet, le frère de Kevser Ertürk avait été appelé à la reconnaissance du corps à la morgue après l’autopsie, accompagné de Hasan Geler, le représentant de Varto de Meya-Der (association de solidarité avec les familles ayant perdu leur proches). Hasan Güler affirme aujourd’hui à Faruk Ayyildiz (Evrensel) qu’il pense également que les photos sont celles de Kevser, car elle était touchée à la hanche gauche comme la femme de la photo, et sa jambe gauche cassée, était déplacée. Il ajoute avoir aperçu lors de la visite de reconnaissance à la morgue que Kevser portait une profonde marque de corde sur le cou. Les femmes qui se sont occupées des funérailles de Kevser à Van le 13 août, avaient déjà alerté sur des marques qu’elles avaient constatées, mais leur paroles n’avaient pas trouvé écho dans les médias, jusqu’à la diffusion des photos.
Le fait qu’il s’agisse d’une femme rend encore plus suspectes les circonstances exactes de la mort, où de la profanation de sa dépouille par des hommes de la “sécurité”. En tout état de cause, cette macabre mise en scène relève d’apologie de crime de guerre.
Puissent ces images passer devant les yeux de celles et ceux qui persistent à soutenir Erdogan dans son “oeuvre anti terroriste”.…. Dans la famille “assassins”, on demande le “complice”.…. A l’Elysée ou à la Maison Blanche…
Erdoğan plus que jamais “Président” du pays
Le Président de la République turc Erdoğan a clairement annoncé dans son discours du 14 août, lors d’une rencontre avec certaines organisations de la société civile à Rize, ville de Mer Noire : “le changement de système présidentiel en Turquie est entré dans les faits.”
Messieurs, la Turquie est entrée dans un nouveau processus le 10 août 2014, avec l’élection du Président de la République par le peuple. Désormais, dans le pays, il y a un Président de République qui n’a plus un rôle symbolique mais un rôle actif. Bien sur, le Président de République doit exercer son rôle dans le cadre de l’autorité qui lui a été donnée et avec une responsabilité directe envers le peuple. Par conséquent ‑qu’on l’accepte ou pas- le système [présidentiel] de la Turquie a été changé. Maintenant, ce qui doit être fait est de légitimer constitutionnellement ce cadre exécutif et juridique.
“Saladin Ayyoubi de ces dernières mille année. Bienvenu à Rize”
Saladin Ayyoubi (1er dirigeant de la dynastie Ayyoubi qui a régné en Egypte et en Syrie entre 1169–1260)