En voy­age à Istan­bul, notre ami Pierre Grand­monde nous apporte son témoignage.


Petit retour rapi­de sur ce 1er mai où nous avons décou­vert un tout autre vis­age d’Is­tan­bul. Impos­si­ble d’ac­céder à la place Tak­sim, toutes les rues et ruelles y menant étant blo­quées plus de 2 kilo­mètres en amont par les bar­rières de flics.

Avenues désertes, atmo­sphère bizarre, sen­sa­tion d’é­tat de siège ren­for­cée par un héli­co au dessus de la ville. Une présence poli­cière impres­sion­nante avec les CRS locaux surar­més. On se ren­seigne, on apprend que quelques man­i­fes­tants s’af­fron­tent avec les flics quelques kilo­mètres plus loin. On descend tant bien que mal en évi­tant les bar­rages vers le Bosphore.

Tou­jours ces larges avenues, impos­si­bles à tra­vers­er en temps nor­mal, éton­nement désertes. Très impressionnant.

Ça nous donne l’oc­ca­sion de descen­dre une avenue sur plusieurs kilo­mètres tout au long de laque­lle sont affichées des pho­tos d’Atatürk qui béné­fi­cie d’un culte de la per­son­nal­ité à faire pâlir Staline.

On arrive après avoir marché 4 à 5 km à un lieu où 2 à 3000 man­i­fes­tants sont rassem­blés. . Enor­mé­ment de flics armés avec gaz lacry­mo à la cein­ture, et camions à eau en appui; la manif est plutôt silen­cieuse, pas de sono, pas de slo­gans criés par la foule. On ressent une cer­taine ten­sion, mais la plu­part des man­i­fes­tants sont assis par terre et dis­cu­tent calmement.

photos : Pierre Grandmonde
  • 1er mai

On fait un petit tour, on fait des pho­tos, on remar­que que les reporters sont équipés de masque à gaz, mais ça reste calme. . Puis tout d’un coup, sans aucune rai­son, les flics se met­tent à charger.

  • 1er mai

Canons à eau et lacry­mos, des flics dont cer­tains en civ­il chopent des man­i­fes­tants qu’ils bas­ton­nent. . On se retrou­ve au milieu. On s’é­parpille dans les rues adja­centes, les flics nous pour­suiv­ent et nous asphyx­ient. On se réfugie dans des immeubles ou des tro­quets. Impres­sion­nant… . Juste l’im­pres­sion de vivre sous une dic­tature fas­ciste. . Encore sous le choc, ce soir la place Tak­sim était tou­jours cade­nassée et il a fal­lu que je fasse des kilo­mètres de détour pour ren­tr­er. . De jeunes turcs nous deman­dent de témoign­er dans notre pays pour faire savoir que la lib­erté poli­tique n’ex­iste pas et qu’ils vivent sous le fascisme.

En bonus :

Un petit aperçu des mil­liers d’af­fich­es col­lées partout, pour le 1er mai.

  • 1er mai
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