A Trabzon, ville turque de la Mer Noire, un groupe de femmes a réalisé un projet de responsabilité civile afin de lancer une campagne de sensibilisation de l’opinion publique.
Touchées par l’augmentation des meurtres de femmes, des viols et autres cas de violences physiques et psychologiques, ainsi que par le sexisme; elles ont décidé de s’exprimer à titre individuel pour apporter leur témoignage, parlant de ce qu’elles subissent au quotidien, et demandent la fin des violences faites aux femmes.
La campagne porte le titre « Önce ben kadındım »: Avant, j’étais Femme.
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Je déteste les étiquettes qu’on nous colle, comme bonne, mère, amuse-gueule, soumise, et parfois salope, seulement parce que nous sommes nées femmes. Pour ne pas subir ces étiquettes, quand je suis dans la rue, je marche tête baissée, en prenant soin de pas croiser de regards, et je déteste essayer de survivre dans ce monde patriarcal qui me fait prononcer ces mots.
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Quand la femme s’habille un peu découverte, elle est un morceau de viande qui mérite des insultes. J’ai porté un short aujourd’hui, mais avec des collants, malgré cela j’ai supporté plein d’injures en plus des mauvais regards et des humiliations. Cela me dérange. Le fait de devoir lutter pour exister me dérange.
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Le fait que les hommes injurient dans la rue et dans les lieux publics, leurs regards pervers, et leurs paroles lancées au passage, sont dérangeants.
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Les conversations des hommes au travail, celles des employeurs ou des groupes d’hommes qui portent sur la vie privée, hors sujet, surtout dans le milieu professionnel; les agressions sexuelles, les regards différents sur nous, et les obsédés au téléphone me dérangent.
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Les agressions verbales, psychologiques et affectives faites par les hommes me dérangent. On pense que seules les femmes d’un niveau d’étude faible sont victime de cela, mais les femmes ayant reçues un certain niveau d’éducation sont autant les cibles de ces agressions.
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Quand je me mets au but, je suis dérangée par les paroles, les insultes à ma personne ou à ma famille. Dans ma vie de tous les jours, lorsque je suis dehors à une heure tardive, je croise des regards différents et cela me dérange.
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Pendant le match quand je porte un short, les paroles des spectateurs, le fait que les spectateurs hommes me regardent autrement, et les préjugés des gens sur le football féminin me dérangent.
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Je suis une femme. Je veux marcher dans la rue. Je veux boire mon thé dans un café, sans ressentir des yeux fixés sur moi. Je veux non pas réveiller la libido de mon patron, mais gagner de la respectabilité par le travail que je fournis. Je veux montrer que je peux être à la fois mère et participer à la vie sociale. Moi, je veux être femme, autant que les hommes puissent être hommes.
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S’il fait jour et si je porte un pantalon, je peux peut être marcher sur ma route avec un peu moins de craintes. La luminosité du ciel et les personnes aux idées perverses ne doivent plus me faire peur.
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Je veux me balader dehors avec mes amis aux heures qui me plaisent mais les hommes nous ont mis une telle peur en nous que je déteste penser : « je dois rentrer avant qu’il ne fasse nuit ». Cela me dérange.
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En ce qui concerne les opportunités professionnelles je n’attends pas qu’on me donne des priorités parce que je suis Femme. Je me plains de la pensée très généralisée et qui prend source dans l’inégalité des opportunités, comme quoi il serait plus risqué de faire des affaires avec une femme.
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La science ne reconnait pas le genre. L’universitaire a l’objectif d’apporter à la société des valeurs qui sont au service de l’égalité des sexes, comme la science, le rationalisme, l’objectivisme. Je veux un environnement de travail où on se comporte d’égal à égale et juste, sans se préoccuper des genres.
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