A Tra­b­zon, ville turque de la Mer Noire, un groupe de femmes a réal­isé un pro­jet de respon­s­abil­ité civile afin de lancer une cam­pagne de sen­si­bil­i­sa­tion de l’opinion publique.

Touchées par l’aug­men­ta­tion des meurtres de femmes, des vio­ls et autres cas de vio­lences physiques et psy­chologiques, ain­si que par le sex­isme; elles ont décidé de s’ex­primer à titre indi­vidu­el pour apporter leur témoignage, par­lant de ce qu’elles subis­sent au quo­ti­di­en, et deman­dent la fin des vio­lences faites aux femmes.

La cam­pagne porte le titre « Önce ben kadındım »: Avant, j’étais Femme.

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Damla, étu­di­ante, 22 ans

Je déteste les éti­quettes qu’on nous colle, comme bonne, mère, amuse-gueule, soumise, et par­fois salope, seule­ment parce que nous sommes nées femmes. Pour ne pas subir ces éti­quettes, quand je suis dans la rue, je marche tête bais­sée, en prenant soin de pas crois­er de regards, et je déteste essay­er de sur­vivre dans ce monde patri­ar­cal qui me fait pronon­cer ces mots.

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Zeynep (étu­di­ante, 21 ans)

Quand la femme s’habille un peu décou­verte, elle est un morceau de viande qui mérite des insultes. J’ai porté un short aujourd’hui, mais avec des col­lants, mal­gré cela j’ai sup­porté plein d’injures en plus des mau­vais regards et des humil­i­a­tions. Cela me dérange. Le fait de devoir lut­ter pour exis­ter me dérange.

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Müzeyyen (com­merçante, 27 ans)

Le fait que les hommes injuri­ent dans la rue et dans les lieux publics, leurs regards per­vers, et leurs paroles lancées au pas­sage, sont dérangeants.

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Eda (graphiste, 27 ans)

Les con­ver­sa­tions des hommes au tra­vail, celles des employeurs ou des groupes d’hommes qui por­tent sur la vie privée, hors sujet, surtout dans le milieu pro­fes­sion­nel; les agres­sions sex­uelles, les regards dif­férents sur nous, et les obsédés au télé­phone me dérangent.

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Özlem (pho­tographe, 40 ans)

Les agres­sions ver­bales, psy­chologiques et affec­tives faites par les hommes me dérangent. On pense que seules les femmes d’un niveau d’étude faible sont vic­time de cela, mais les femmes ayant reçues un cer­tain niveau d’é­d­u­ca­tion sont autant les cibles de ces agressions.

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Neşe (gar­di­en de but, 19 ans)

Quand je me mets au but, je suis dérangée par les paroles, les insultes à ma per­son­ne ou à ma famille. Dans ma vie de tous les jours, lorsque je suis dehors à une heure tar­dive, je croise des regards dif­férents et cela me dérange.

Nurten (joueuse de foot, 20 ans)

Pen­dant le match quand je porte un short, les paroles des spec­ta­teurs, le fait que les spec­ta­teurs hommes me regar­dent autrement, et les préjugés des gens sur le foot­ball féminin me dérangent.

buket

Buket (pub­lic­i­taire, 24 ans)

Je suis une femme. Je veux marcher dans la rue. Je veux boire mon thé dans un café, sans ressen­tir des yeux fixés sur moi. Je veux non pas réveiller la libido de mon patron, mais gag­n­er de la respectabil­ité par le tra­vail que je four­nis. Je veux mon­tr­er que je peux être à la fois mère et par­ticiper à la vie sociale. Moi, je veux être femme, autant que les hommes puis­sent être hommes.

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Büşra (rela­tions publiques, 24 ans)

S’il fait jour et si je porte un pan­talon, je peux peut être marcher sur ma route avec un peu moins de craintes. La lumi­nosité du ciel et les per­son­nes aux idées per­vers­es ne doivent plus me faire peur.

zeynep

Özlem (étu­di­ante, 20 ans)

Je veux me balad­er dehors avec mes amis aux heures qui me plaisent mais les hommes nous ont mis une telle peur en nous que je déteste penser : « je dois ren­tr­er avant qu’il ne fasse nuit ». Cela me dérange.

sevcan

Sev­can (Chef d’entreprise, 32 ans)

En ce qui con­cerne les oppor­tu­nités pro­fes­sion­nelles je n’attends pas qu’on me donne des pri­or­ités parce que je suis Femme. Je me plains de la pen­sée très général­isée et qui prend source dans l’inégalité des oppor­tu­nités, comme quoi il serait plus risqué de faire des affaires avec une femme.

ozlem

Özlem (uni­ver­si­taire, 35 ans)

La sci­ence ne recon­nait pas le genre. L’u­ni­ver­si­taire a l’objectif d’apporter à la société des valeurs qui sont au ser­vice de l’égalité des sex­es, comme la sci­ence, le ratio­nal­isme, l’objectivisme. Je veux un envi­ron­nement de tra­vail où on se com­porte d’égal à égale et juste, sans se préoc­cu­per des genres.

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