Eh ben voilà, on est bien entrés en 2015.
J’ai terminé 2014 avec l’image d’une mamie en larmes.
A 79 ans, complètement esseulée, Nezegül Yıldırım “Mamie Esma”, vendait des graines pour les oiseaux dans un parc à Ankara…Lundi 29 décembre, la police l’a “avertie” parce qu’elle n’avait pas d’autorisation de vente. Elle ne voulait pas partir, elle a essayé de tenir tête. Alors un des policiers bien énervé, a jeté tout son argent dans le bassin du parc, d’un coup de pied. Les passants réunis autour de la vieille femme ont difficilement réussi à la dissuader de descendre dans le bassin. Un homme a récupéré son argent en mettant ses pieds dans des sacs en plastic. L’humanité n’est pas morte. Enfin, pas chez tout le monde.
Et j’ai commencé la nouvelle année, avec l’image d’une maman.
L’image d’un papa présentant le premier bébé du 2015 et une maman toute en noire en arrière plan.
Elle est troublante cette image. Cette femme cachée, mise de côté presque transparente… Je n’oublie pas que les femmes qui ne sont pas sous des draps noirs sont aussi broyées par la mentalité masculine. Je n’oublie pas que les femmes en mode Barbie sont réduites à des jouets pour les hommes. Je n’oublie pas non plus que certaines femmes sont tellement formatées par les idées des hommes qu’elles véhiculent elle même cette soumission d’une génération à l’autre. Mais ces photos de 1er bébé de l’année que les médias exposent sans cesse devant mes yeux me tourmente, d’autant plus que le bébé est une fille. J’y vois clairement quel genre de voile obscure couvre le jour présent et menace l’avenir.
…
Le 31 au soir, je n’avais même pas le coeur de regarder les feux d’artifice et tout le tra la la…
Et pardonnez-moi, j’ai du mal à vous dire “bonne année”. Le monde marche sur la tête alors il y aura de moins en moins de choses paisibles auxquelles on peut s’accrocher. Parfois je me surprends à me parler à voix haute, toute seule : “je préférerais crever pour ne pas voir tout ça !”. Mais, fermer les yeux ‑morte ou indifférent, peu importe- n’est pas la solution et c’est même honteux.
Nous avons donc entamé encore une année où il va falloir se battre. Ne vous laissez pas faire, battez-vous ! Ressourcez-vous d’amour et d’espoir et soyez courageux.
Affalée dans mon fauteuil de mamie près de la fenêtre, je ne peux que vous souhaiter mes enfants, de tout mon vieux coeur : santé, bon sens, courage et des forces…