Si nous essayons de nous rappeler 2014, nous allons probablement nous souvenir d’une année marquée par “la fuite des enregistrements vocaux concernant la corruption et par les élections”. Nous avons assisté à deux élections en 2014. Nous avons entendu tellement de fuites sur les hauts dirigeants de la Turquie ; fuites qui par la suite ont conduit à la création d’une commission parlementaire et à la démission du Ministre de l’Economie, Zafer Çağlayan, du Ministre de l’Intérieur, Muammer Güler, du Ministre de l’Union européenne et de l’Environnement, Egemen Bağış, et du Ministre de l’Urbanisme, Erdoğan Bayraktar, qui sont restés depuis 2013.
Après la fuite de ces enregistrements, le 17 Décembre 2013, les quatre ministres mentionnés plus haut ont démissionné. Cette fuite s’est poursuivie le 25 Février 2014 mais aucun progrès n’a été fait dans l’enquête pour confirmer leur authenticité. 2014 sera aussi marquée par la lenteur de certaines choses.
Élections
Le 30 Mars 2014, les élections locales ont eu lieu. Le point culminant de la couverture informative a été «le chat qui s’est faufilé dans la centrale électrique” et a provoqué “de mystérieuses” coupures de courant pendant les élections. Ce n’était pas possible de sortir de ma tête le rapport sur la fuite des messages vocaux.
Taner Yıldız, Ministre de l’Energie a affirmé que les coupures de courant étaient dues à un chat qui s’était faufilé à l’intérieur de la centrale.Pour certains, c’était un autre système électoral controversé avec plusieurs allégations de tricherie.Même si l’AKP a perdu le vote, il a conservé son autorité en modifiant une partie du système électoral.BIANET a analysé avant et après les élections et a tenté de couvrir ce qui se passait.
Nous avons suivi Taner Yıldız, à nouveau le 14 mai, quand il a annoncé la mort des ouvriers après la catastrophe minière de Soma. Nous l’avons suivi à nouveau le 28 Octobre, dans un autre accident minier d’Ermenek dans la province centrale de Karaman. Bien que ces assassinats aient occupé l’agenda pendant un certain temps, ils ont été oubliés par la suite.Les conséquences de la fuite des enregistrements vocaux ont pris le pas jusqu’à la fin de l’année.
Premier Ministre à Soma, Président à Ermenek
Recep Tayyip Erdoğan a été Premier ministre de la Turquie lors de la catastrophe Soma et il est devenu le Président lors de l’incident d’Ermenek. Le 10 Août, il a obtenu 51,8% des voix aux élections.
Un projet qui a débuté initialement en tant que “Résidence du Premier ministre” dans la zone d’Atatürk Orman Çiftliği à Ankara s’est transformé en «résidence présidentielle » après l’élection du Premier Ministre Erdoğan en tant que président.Cependant, un arrêt des travaux a été émis par un tribunal et différentes voix de la société civile se sont élevées contre cette construction.Les médias pro gouvernementale (pro AKP) se plaisaient à appeler le bâtiment “White Palace” (Palais de glace ndlr) — un jeu de mots faisant référence à l’AKP.
Cependant la question du coût des dépenses — 1,37 milliards de lires (480 millions d’euros ndlr) — pour la construction est restée sans suite en 2014. En fin de compte, certains médias ont commencé à appeler le bâtiment “Kaçak Saray” — un terme pour décrire des bâtiments «sans permis de construire».
Les autorités ont nié le fait que les dépenses aient été énormes et non entachées par la corruption liée aux quatre anciens ministres comme le revendique certains enregistrement. Cependant, nous avions besoin d’explications pour comprendre pourquoi les ministres ont alors démissionné.
Kobane
Au cours du mois de Septembre, la résistance des Kurdes contre ISIS à Kobané a été si forte que personne ne pouvait l’ignorer. L’ordre du jour était consacré à l’avance d’ISIS vers la frontière sud-est de la Turquie.Initialement, il portait sur l’intervention américaine, puis il s’est déplacé sur la question de l’ouverture de la frontière turque, puis sur l’arrivée des réfugiés, puis sur le blocage des combattants kurdes et de l’aide humanitaire.
6 ‑12 Octobre
Le sang a été versé au cours de manifestations en soutien à Kobané.Le 6 Octobre, la police est intervenue avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc dans Suruç le quartier d’Urfa, qui attendaient leurs bien-aimés de l’autre côté de la frontière. En attendant, les photos illustrant l’infiltration de militants d’ISIS vers la Turquie ont été diffusées. Entre le 6 et le 12 Octobre, des milliers de personnes sont descendues dans les rues à travers la Turquie. 42 personnes ont été tuées dans cette tourmente.
Situation de la presse
Pendant que tous ces évènements se déroulaient, les médias se sont comportés comme vous le savez : certains medias les ont ignorés, les autorités ont interdits à la presse de les couvrir, certains médias ont suivi l’interdiction, certains n’ont rien couvert. Nous connaissons les pressions sur les médias, nous avons vu comme cela s’est passé en 2014. Il était du devoir de BIANET de surveiller la façon dont certaines officines n’ont pas couvert certaines questions. Bianet a également observé que certaines questions ont été abordées (par les médias) à voix basse. Parmi elles : * Les démissions de ministre * Berkin Elvan * La candidature présidentielle d’Erdoğan * L’opération du 22 Juillet
Ce qui reste en suspens pour 2015
Nous avons assez bien terminé cette année 2014 avec la détention le 14 Décembre de 27 personnes, y compris le rédacteur en chef du journal Zaman et le président de la télédiffusion Samanyou ainsi que des scénaristes et le chef de la police. Tout au long de 2014, il n’y a probablement pas eu un seul jour où les journaux pro AKP n’aient titré «Etat parallèle» — l’influence présumée du groupe religieux Fethullah Gülen dans l’Etat turc.
Nous entrons en 2015 avec la lutte de pouvoir des anciens partenaires.
Une des autres choses en suspens pour 2015 est de savoir où en est l’ajournement concernant les anciens quatre ministres soupçonnés de corruption, un procès va-t-il avoir lieu au sein du Conseil suprême du Parlement (Yüce Divan) ?. La décision sera prise le 5 Janvier. En somme, 2014 a été une mauvaise année, les mauvaises nouvelles sont que ce qui reste de 2014 ne promet malheureusement pas de jours ensoleillés pour 2015…
Source Bianet — What’s Left From 2014 ? — 2 janv 2015
Auteur : Haluk Kalafat -