J’ai la tension qui tape au plafond. Je prends mes cachets mais rien y fait. Mon médecin me dit de ne pas regarder la télé, de ne pas lire les journaux… Comment faire comme s’il ne se passait rien ? Comme si tout allait bien ? Alors que rien ne va plus !
Hier j’ai encore vu des choses. J’ai vu des femmes assassinées, des fillettes vendues par leur père pour qu’elles se marient. J’ai vu l’autre, le Tayyip, beugler ses conneries. Je ne supporte plus sa voix. J’ai vu des images de guerres par ci, par là. J’ai vu des gens se faire tabasser par les flics, et pas qu’ici en Turquie. J’ai vu des morts, des malades, des pauvres, des affamés… J’ai vu des gens qui entassent des richesses, j’ai vu des gens qui marchent sur la tête des autres… et j’en passe…
J’en étais malade ! Après j’ai vu un mec qui avait attaché le chien qu’il venait d’acheter derrière sa fourgonnette au lieu de le mettre dedans. Il le laissait courir derrière la voiture. Mais ce n’est pas possible de faire une chose pareille ! Les gens lui ont coupé la route avec leur voiture et l’ont arrêté. Cette pauvre bête ! Ses pauvres petites pattes en sang… Je me suis effondrée en larmes.
Si quelqu’un m’avait vue, il aurait pensé que je pleurais pour le chien. Mais non. Je pleurais pour ce que l’être humain est devenu, pour ce que ce monde est devenu. Je me suis dit qu’il n’y avait plus une miette d’espoir pour que les choses changent. Alors j’ai pris un papier et au crayon j’ai écrit dessus :
Aujourd’hui nous sommes le 14 décembre 2014.
Le jour où j’ai perdu tout espoir.
Je l’ai accroché sur le frigo.
Votre Mamie