Début juin, une vague de protestations des lycéens contre la direction des écoles a commencé dans des écoles publiques et privées : “Nous ne serons pas la génération formatée par l’AKP !”
Le 4 juin les élèves du Lycée Istanbul Erkek ont tourné le dos à leur directeur, et ont publié un premier communiqué dans lequel ils faisaient appel à tous les lycéens.
« Si les professeurs dont le devoir est de vous enseigner, se taisent, si les administrateurs donnent des congés en échange de pots de vin, si les bourses sont utilisées pour vous faire taire, vous êtes entrés dans un cauchemar. Rassemblez-vous, organisez-vous, restez coude à coude jusqu’à ce que tout le monde vous entende. Criez, hurlez : ’Nous sommes du coté de la pensée libre, de la démocratie et des droits humains. Sois la voix, sois la lumière, sois le coup de poing ! »
Quelques jours plus tard, autour du 11 juin, Galatasaray, Cağaloğlu Anadolu, Bornova Anadolu, Vefa, Kadıköy Anadolu, Notre Dame de Sion et İzmir Çiğli Fen, qui font partie des lycées les plus réputés du pays ont rejoint la vague. Les lycéens de Bakırköy Anadolu et İzmir Atatürk les ont rejoins en publiant un communiqué à leur tour. La vague de contestation continue de s’étendre rapidement. Près près de 400 écoles ont rejoint le mouvement, malgré la fin de l’année scolaire…
Les lycéens expriment d’une voix unique leur refus de la politique d’éducation de l’AKP.
En extraits… Ils contestent :
“Le changement effectué dans l’administration des écoles, le fait que les Directeurs et directrices, progressistes, intellectuel-les soient retiré-es de leurs fonctions et remplacé-es par des directeurs intégristes et lèche-cul du régime”.
“Les familles des élèves progressistes sont convoquées à l’école, pour s’entendre dire ‘votre enfant ne deviendra rien’”.
“Les directions ne font rien d’autre que des efforts pour la propagandes, intimidations et menaces… »
Ils déclarent :
“Nous précisons que nous sommes contre le système d’éducation anti-scientifique, homophobe, sexiste, militariste et payant et nous sommes déterminés à lutter contre ce système obscurantiste. Nous marcherons avec des pas sûrs, contre l’identité d’élève que le Palais et le pouvoir essaye de construire.”
“L’AKP a compris à travers la vague de contestation qui grandit et les communiqués publiés par les lycéens, l’un après l’autre, que cela ne se passera pas autrement. Le discours concernant les lycéens, donné par le Président-sans-diplôme en est la preuve. Nous sommes solidaires et nous revendiquons une éducation scientifique, égalitaire et gratuite. Nous n’allons pas nous taire !”
En effet Erdogan avait réagi le 11 juin, dans un discours lors d’un repas de Ramadan organisé par MÜSIAD (L’association des hommes d’affaires et des industriels indépendants) :
Nous savions que, certains qui n’ont pas encore pris leurs leçons après tant d’événement, courent après de nouveaux troubles, en excitant toutes les masses de la société, en grattant les universités et les lycées, mais notre nation a aussi vu le vrai visage de ceux là.
Erdogan a précisé qu’« ils ne permettraient pas que deux trois çapulcu (vandales, voyous, traine savate) puissent envoyer en l’air l’atmosphère de sérénité dans lequel le pays se trouve. » et il a ajouté :
La Turquie a besoin, non pas de nouveaux Gezi, ou structures parallèles, ni de rebellions, mais de grandir avec stabilité et de produire. Pendant que les hyènes se baladent autour de nous, et des vautours collent au dessus de notre tête, nous ne pouvons pas nous battre entre nous. Aujourd’hui, est le jour de l’unité, le jour où il faut être fort, le jour de lutte.
Nous publierons prochainement un article sur les écoles Imam Hatip, le système éducatif religieux, qui lui, a les faveurs du Reis, et voudrait devenir le “modèle”, quitte à transformer peu à peu de l’intérieur le système public.