A Sur 11 personnes, dont un bébé sont sortis des sous-sols. D’autres enfants sont déclarés encore en danger. Les Kurdes sont décidés à ne pas reculer dans leur mobilisation pour sauver les vies à Sur.Plus personne n’est dupe sur la capacité à réagir des gouvernements européens. Plus personne non plus ne pense à une “mobilisation” internationale. Tout le monde sait que rien déjà n’est entrepris pour le “désastre humanitaire” que représente les réfugiés de guerre, autre que des transactions avec le gouvernement Erdogan, et que les corps d’enfants sur les grèves ne font plus bouger personne depuis longtemps.
Dans ces conditions, les Kurdes ont décidé de faire avec leurs propres forces, et de ne compter que sur eux mêmes. C’était le sens des fortes mobilisations de ces derniers jours autour d’Amed, qui ont créé à minima les conditions pour desserrer l’étau autour de Sur.
Après l’annonce des forces de sécurité qui informait la population qu’ils attendaient aux alentours de l’Ecole primaire de Cumhuriyet et la Mosquée à quatre pilon, accompagnés des équipes médicales, hier, autour du 22h50, huit personnes dont trois femmes et un bébé ont fait savoir qu’ils voulaient sortir du sous-sol dans lequel elles étaient réfugiées.
Une première personne est sortie avec un drapeau blanc, aucun tir n’étant observé, les autres ont suivi.
A 00h45, après la levée du couvre-feu annoncée par la Préfecture de Diyarbakır, trois personnes de plus avaient quitté leur refuge.
Ces civils, enfin secourus, ont été emmenés d’abord à l’hôpital, puis à la direction de la Sécurité de la ville, afin d’être interrogés, pour déterminer s’il ne s’agissait vraiment pas de « terroristes ». On mesure là, à quel point de paranoïa nationaliste sont les forces de répression.
Parallèlement « Çocuklar İçin Barış Hemen Şimdi girişimi » (L’initiative de Paix pour les enfants tout de suite maintenant) annonçait les noms de 18 enfants en danger de mort, résidant à Sur. La liste avait été établie en se basant sur les demandes à l’IHD (Association des Droits de l’Homme), et les déclarations du rapporteur de Turquie, du Parlement Européen, ainsi que les informations relayées par les journalistes.
L’organisation de société civile, soulignait dans son communiqué que les couvres-feu, les blocus et les opérations militaires, violent les droits de nombreuses personnes, en commençant par le droit à la vie.
Bien que la fin des opérations soit annoncée, des corps non identifiés continuent a être dégagés des sous-sols. La Direction de la Sécurité, n’hésite pas à annoncer que les corps de 181 enfants déclarés disparus depuis 1 mois et demi, pourraient en faire partie.
Le communiqué précisait également que la Préfecture de Diyarbakır, confirmait la présence des enfants dans les lieux d’affrontements.
Les autorités gouvernementales, tous les partis représentés dans l’Assemblée Nationale, ainsi que leur députés, les mécanismes de l’EU, les commissions concernées de l’Union Européenne doivent se mettre en mouvement pour sauver ces enfants. Vous êtes, vous aussi autant responsables que le gouvernement et l’Etat sur ce qui peut arriver à ces enfants, et de la violation de leurs droits. Vous devez intervenir afin d’ouvrir un corridor de sécurité, pour sortir ces enfants de la région en conflit.
Par ailleurs Selahattin Demirtaş a fait une conférence de presse concernant la marche de Sur du 2 février.
Les politiques de sauvageries, et les crimes contre l’humanité continuent à Sur. Le fait de détruire et brûler toute une ville, parce que des fossées ont été creusés quelque part, est un crime de guerre.
Actuellement, 25 articles de la convention de Genève et de Rome ont été violés par l’AKP. Ils ne peuvent pas faire intervenir les forces armées et ouvrir le feu avec des armes lourdes sur des unités d’habitations civiles. C’est un crime, et c’est parce qu’ils le savent qu’ils travaillent sur un projet de loi. La sauvagerie faite à Sur, n’est pas le Droit d’Etat, n’est pas le Droit de l’AKP.
Si le gouvernement doit combattre des gens armés, il existe un Droit de la guerre qui concerne cela. Il ne respecte pas ce Droit, il a commis des crimes. A Cizre il y a eu massacre. A Sur, des centaines de milliers de personnes ont perdu leur maison. Nous allons continuer à utiliser nos droits démocratiques jusqu’à ce que la sauvagerie à Sur cesse.
Ils peuvent menacer, faire toutes les folies, mais nous ne reculerons pas.
Il y a une attente pour le sauvetage des lieux où se trouvent aussi plus de 10 petits enfants. Nous pensons que nous pourrons faire aujourd’hui, le sauvetage des civils. Notre souhait est que toutes les personnes sortent et que personne ne perde la vie. C’est tout notre souhait. Nous n’avons jamais été fermé aux dialogues pour les sauvetages, nous ne le serons jamais.
Ni la Préfecture, ni nous mêmes, ne savons combien de personne exactement se trouvent là bas. Imaginez un gouvernement, il ne sait pas combien de personnes vivent dans les quartiers où il fait des opérations en déployant toute sa force armée. Ils sont devenus tellement sauvages que si Davutoğlu pouvait, il aurait dit “explosez tout Sur”.
Demirtaş a ajouté également que tous les documents visuels, et les preuves des massacres sont archivés, pour être envoyés au Tribunal Pénal International :
Une commission de Droit spéciale prépare un dossier. Aujourd’hui cela peut être impossible mais dans peu de temps nous allons punir ces crimes contre l’humanité au Tribunal International. Il n’y a pas de prescription pour ces crimes contre l’humanité.
5 mars
32 civils dont des enfants, des blessés et des femmes ont été évacuées des sous-sols de Sur hier en fin d’après- midi.
Sur les 200 civils piégés dans plusieurs sous-sols de la ville, 32 personnes ont été évacuées, qui s’ajoute aux onze déjà sorties et retenues en “garde à vue” a indiqué la députée du HDP, Nursel Aydoğan sur son compte twitter.
Photos DHA