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Une catastrophe provoquée par l’homme

12 févri­er 2023

Les séismes géants, ceux de plus de 9, se pro­duisent très rarement… La Turquie, située sur deux lignes de faille actives, fait par­tie de ces pays malchanceux qui sont frap­pés par des trem­ble­ments de terre majeurs (entre 7 et 8)  avec des inter­valles heureuse­ment rel­a­tive­ment longs.

Mais, en même temps, si vous regardez la liste des trem­ble­ments de terre avec le plus grand nom­bre de vic­times, 1939 Erz­in­can et 1999 Mar­mara (pour être pré­cis le 17.08.1999, à 3.04 am, 45 sec­on­des qui ont ressem­blé à 45 ans) sont dans les dix pre­miers dans l’his­toire au monde, avec trente mille et vingt mille vic­times. Je crains que ce soit pire aujour­d’hui que ces deux autres.

En tant que témoin de celui de 99 à Mar­mara, en tant que chroniqueuse qui a écrit à plusieurs repris­es sur les trem­ble­ments de terre (Mar­mara et Düzce), en tant que volon­taire pour l’aide, en tant que physi­ci­enne qui a étudié de nom­breux livres sur la physique des trem­ble­ments de terre, je pense avoir le droit de dire : la plu­part de ces vies ont été per­dues avec des caus­es politiques.

De meilleures poli­tiques de loge­ment, un con­trôle plus strict des bâti­ments, plus de pou­voir aux ingénieurs et aux archi­tectes, auraient pu éviter 90 % des pertes matérielles et humaines. Mais la Turquie a ajouté à ses “crimes” de non préven­tion, en empêchant égale­ment l’ac­tion rapi­de de plusieurs organ­i­sa­tions dif­férentes, y com­pris les mil­i­taires, les mineurs, les organ­isa­teurs de l’aide volon­taire, etc. dans l’am­bi­tion du gou­verne­ment de monop­o­lis­er et de con­trôler et d’en faire une pro­pa­gande active. Et de l’ex­péri­ence de 99, nous savons tous que dans de telles cat­a­stro­phes majeures, un très large éven­tail d’opéra­tions de sauve­tage et d’aide est néces­saire, des mil­liers de per­son­nes doivent col­la­bor­er pour aider les millions.

Quoi qu’il se passe là-bas, c’est une cat­a­stro­phe, c’est le moins qu’on puisse dire, et c’est une cat­a­stro­phe provo­quée par l’homme.

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Mensonges ! Mensonges éhontés…”

13 févri­er 2023

Si quelqu’un crie à tue-tête “Men­songes ! Men­songes éhon­tés”, il a très prob­a­ble­ment peur de voir  jail­lir la vérité. Alors que le Prési­dent de la Turquie a recom­mencé à rugir, avec ses pro­cureurs tra­vail­lant à plein temps, il y a beau­coup trop de témoignages pour qu’ils soient réduits au silence.

Voici quelques “rumeurs” (mes sources ne sont pas les médias soci­aux, mais des rap­ports sérieux de pro­fes­sion­nels actuelle­ment sur le terrain).

Le nom­bre réel de morts (même jusqu’à présent) est en fait beau­coup plus élevé, car la Turquie déclare “offi­cielle­ment mortes” les vic­times iden­ti­fiées unique­ment par leurs familles. Les corps non iden­ti­fiés n’ap­pa­rais­sent dans aucune sta­tis­tique et de nom­breuses per­son­nes sont enter­rées à la hâte sans iden­ti­fi­ca­tion, cer­taines dans des fos­s­es communes.

Le gou­verne­ment a fait en sorte qu’il soit impos­si­ble d’or­gan­is­er une quel­conque aide sans l’au­tori­sa­tion de l’É­tat. L’As­so­ci­a­tion des médecins turcs ne peut obtenir la per­mis­sion d’en­voy­er des médecins et du per­son­nel de san­té, dont le besoin est si pres­sant. (Le chef de l’as­so­ci­a­tion des médecins turcs, Şeb­nem Korur Fin­cancı, a récem­ment été arrêtée, libérée et con­damnée. Ceci explique cela). Les hôpi­taux et les jardins d’hôpi­taux débor­dent de blessés, dont cer­tains ont besoin d’être amputés, et un trans­port plus rapi­de des patients vers d’autres régions est demandé.

Toute l’aide est monop­o­lisée et con­trôlée par l’AFAD, le jardin secret d’Er­doğan et Soy­lu. L’aide n’est pas dis­tribuée cor­recte­ment, les groupes de bénév­oles ne peu­vent pas attein­dre les per­son­nes dans le besoin. Les con­di­tions dés­espérées dans lesquelles des mil­lions de per­son­nes ten­tent de sur­vivre ont provo­qué des scènes vio­lentes, et notam­ment la colère s’est tournée vers les réfugiés.

Les routes et les aéro­ports sont tou­jours dans un état ter­ri­ble. L’aéro­port de Hatay a cessé de fonc­tion­ner le 7e jour. Les équipes de sec­ours n’ont pu attein­dre que les cen­tres-villes, avec du retard, mais les petites villes et les vil­lages ont été pour la plu­part ignorés.

Lors du trem­ble­ment de terre de Mar­mara, les mineurs et les mil­i­taires avaient été d’une grande aide dans les opéra­tions de sauve­tage. Cette fois-ci, ils n’ont pas été sol­lic­ités dans les pre­miers jours, mal­gré leur disponibilité.

Si les con­di­tions san­i­taires ne sont pas améliorées d’ur­gence, les sur­vivants risquent de con­naître de graves prob­lèmes de san­té, voire des épidémies.

Les chiffres annon­cés de 25 000 bâti­ments endom­magés et de plus de 30 000 morts sont donc bien en deçà des chiffres réels et hor­ri­bles, qui pour­raient attein­dre des cen­taines de milliers.

Des jour­nal­istes rap­por­tent que l’AFAD con­trôle toutes les opéra­tions de sauve­tage, s’im­misçant à la dernière minute et les trans­for­mant en images de propagande.

Aslı Erdoğan

Pho­to : Agence Mezpotamya


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