Del­phine Durand livre sur Kedis­tan des hom­mages poé­tiques. Pour les retrou­ver tous, suiv­ez ce lien.

Poème aux vivants qui sur­vivront, quoi qu’il en coûte à leur chair et leurs os. Même les cen­dres d’un vol­can sont nourricières.…

 

Nous étions votre destin

 

Les vivants l’emporteront

Pour écrire le des­tin de l’interminable silence

La lumière entrait dans la chair comme une blessure de phare

 

Les vivants l’emporteront

 

Je frap­pais à toutes les portes

Ouvrez ouvrez

Je cherche un être humain

Sur la terre ou dans un ventre

Je cherche le grand tor­rent qui imag­ine le dernier d’entre nous

Sous les paupières de plomb

Les résidus mag­iques de l’amour

 

Rien ne con­sumera le cerf qui me mène à la clarté

Vous pou­vez courir

Avec du verre brisé sous vos pieds

Dans les trêves de vos démences

Nous vivons pour rien

Pour notre peau

Notre espérance

 

Si je pou­vais me libér­er du poids du monde

Mais le monde n’a plus ni bras ni jambes

Et les lacs gèlent dans nos cœurs

 

Mais ter­ri­ble est la sen­tence qui frappe à vos portes

Dans la lenteur du jour

Un bateau se renverse

Venez voir vos désastres

 

Vos morts couron­nés de ros­es inhabitées

La mélodie froide de votre destin

Est un enfant nu

Qui meurt de solitude

Sous les vagues

 

Mais les vivants l’emporteront

Les étoiles

Au fond de la mer

Tou­jours reviennent

 

Photographies Naz Oke. Angers, 11.01.2010, “Les spectres de la Place Romain”

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Delphine Durand
Poétesse
His­to­ri­enne de l’art, mys­tique, poète, lais­sons au pluriel mag­nifique les mots de l’invisible… Del­phine est ontologique­ment présente dans la seule per­durable présence de l’art. Après des études de théolo­gie et de philoso­phie, elle choisit l’histoire de l’art mais son cœur ner­va­lien l’entraine vers des univers fan­tas­ma­tiques et sauvages, et enfin la poésie où nous sommes tous libres.