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Le magazine Kedistan a signé l’appel à manifester en France ce 12 juin 2021 “Pour les libertés, contre les idées d’extrême droite”, avec d’autres médias.
Ce soutien est dans la logique même de notre existence, et valide tous nos engagements concernant notre sujet privilégié le Moyen-Orient et au-delà. La remontée constante des nationalismes excluants, des identités belliqueuses de repli, ces souverainismes qui cachent la volonté d’Etat-nations, non de rompre avec la financiarisation capitaliste qui mène l’humanité à sa perte, mais aux contraire de fourbir des armes de croissances nationales destructrices en concurrence, rumine une idéologie dont le siècle dernier a vécu les conséquences.
L’Histoire certes ne se répète pas, mais l’accumulation des causes produit les mêmes effets.
La France, dans cette course à la surenchère idéologique à l’extrême droite, promouvant des solutions de “pouvoirs forts” face à une “insécurité” et un “délitement de valeurs et de l’identité” qui seraient causé par l’ouverture au monde, lisez “l’invasion migratoire”, rejoint à grande vitesse nombre de pays européens où ces thèses sont très présentes dans les opinions publiques, voire déjà au pouvoir.
Cette idéologie qui est la matrice de tous les fascismes se présente tout autant comme solutions aux maux économiques, et prétend résoudre les crises sociales, tous générés par les crises mondiales du capitalisme qui se succèdent. Elle traite également la crise écologique mondiale due aux changements climatiques comme simple “problème” que résoudra la technologie, et la voit davantage comme frein à la “croissance” et simple conséquence du “mondialisme”. Queue de comète du néo-libéralisme, celui qui vit le jour lors des périodes fastes des dictatures du continent sud américain, ce néo-fascisme se présente comme pseudo renouveau du vieux monde, avec pour ce faire, nécessité de pouvoirs forts et d’Etats forts, de nations soudées à forte identité, tout en voulant confier les économies au “marché”, dans un cadre plus “souverain” que celui de la mondialisation capitaliste financiarisée.
Cela entraîne des volontés de mises au pas sur nombre de questions sociales et de société. L’Ordre nouveau proposé ressemble à s’y méprendre à l’ancien, où le patriarcat est dominant, les discriminations de genres omniprésentes, les droits humains bafoués par le racisme érigé en devoir d’assimilation soumise à un récit national unique, vieux réflexe colonial.
Nous sommes bien placés pour savoir comment ces idéologies ont été recyclées au Moyen-Orient, les guerres qu’elles ont générées et génèrent encore, les synthèses qui s’opèrent avec les idéologies religieuses radicales, dans des processus de maintien et de pérennité de pouvoirs.
Alors, lorsque la tasse médiatique déborde, et se répand en émissions nauséeuses et nauséabondes, lorsque les contre-pouvoirs censés les réduire collaborent au processus, lorsque les institutions et systèmes politiques usés tournent à vide et produisent des éléments de langage plus que du commun, entre autres choses, il est plus que temps de réagir, et surtout de montrer que, même minoritaire aujourd’hui, une pensée humaniste face à la pourriture, existe.
Tout cela peut sembler de grands mots, face à une réalité en marche. Mais les mots, c’est souvent ce qui reste en bouche, avant qu’un pouvoir obscur et brun vienne la museler.
En voici d’autres, qui sont les termes de l’appel unitaire :
POUR NOS LIBERTÉS ET CONTRE LES IDÉES D’EXTRÊME-DROITE
Depuis maintenant plusieurs mois nous constatons un climat politique et social alarmant.
S’allier avec l’extrême droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit. Les propos et actes racistes et sexistes au travail et dans la vie se propagent. Les attaques contre les libertés et les droits sociaux s’accentuent gravement. Dans ce contexte politique, économique, social et sanitaire les injustices explosent et génèrent une forte misère sociale.
Plusieurs lois liberticides organisent une société autoritaire de surveillance et de contrôle qui empêcheraient d’informer sur des violences policières, déjà trop importantes. De plus, si certaines de ces lois stigmatisent une partie de la population en raison de sa religion, d’autres en ciblent en raison de leur activité militante.
Comme les signataires de l’appel pour les libertés et contre les idées mortifères de d’extrême droite, nous ressentons toutes et tous l’urgence de construire une réponse forte et unitaire qui dessine l’alliance des libertés, du travail et d’un avenir durable.
Face à ce climat de haine, raciste et attentatoire aux libertés individuelles et collectives, nous avons décidé collectivement d’organiser le samedi 12 juin une première grande journée nationale de manifestation et de mobilisations qui se déclinera localement.
Voici le site web www.marchedeslibertes.fr où vous trouverez la liste des premiers signataires, où vous pourrez soutenir l’appel, et visualiser toutes les initiatives locales.
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