Le roman “Ouâf” de Kemal Varol parait chez Kon­tr Edi­tions, avec une tra­duc­tion de Syl­vain Cavaillès.

Un roman qui racon­te du point de vue d’un chien les rav­ages du con­flit kurde dans la région de Diyarbakır”, annonce, d’emblée, Kon­tr Editions.

Mikasa est un pau­vre cor­ni­aud vivant dans les rues d’Arkanya, bour­gade proche de Diyarbakır, la cap­i­tale sym­bol­ique du Kur­dis­tan turc. Rejeté par sa mère pour s’être laissé caress­er par un homme alors qu’il n’était encore qu’un chiot, il trou­ve vite refuge auprès d’une bande de chiens mar­gin­aux et tombe amoureux de la belle Mel­sa, mas­cotte du par­ti de ces “gens de l’Est” qui mènent con­tre l’État une drôle de guerre qui va bientôt bas­culer dans l’horreur.

Ce n’est pas par hasard que depuis tou­jours les ani­maux tra­versent les écrits des humains. C’est un riche exer­ci­ce que de se regarder avec des yeux extérieurs, observ­er la société et offrir un réc­it cri­tique et sin­guli­er d’un monde sans dessus dessous, cristallisé par le prisme de l’ex­péri­ence animale.

La Mézopotamie n’est pas seule­ment le berceau de l’hu­man­ité, mais aus­si celui des légen­des, des croy­ances, proche de la nature et des ani­maux, ce qui a pro­fondé­ment influ­encé la cul­ture kurde. Ce choix tombe alors à pic.

Une his­toire d’amour, mais aus­si des guer­res et de la vio­lence. Kemal Varol invite ses lecteurs et lec­tri­ces à une réelle immer­sion. Il abor­de avec humour des ressen­tis uni­versels, tels amour et perte. Devenus amiEs de route de Mikasa le chien, cap­tivéEs, nous l’ac­com­pa­gnons dans la région de Diyarbakır, ville kurde de Turquie, haut lieu de per­sé­cu­tions et de résis­tances, pro­fondé­ment poli­tisé. C’est aus­si un voy­age vers les années 90, som­bres et vio­lentes, à l’im­age des 80, dans lesquelles plon­gent les racines de de l’ac­tu­al­ité brûlante du peu­ple kurde. Une occa­sion pour retrou­ver une mémoire col­lec­tive per­due, muselée ou étouffée.

Nous sommes en 1993, moment le plus dur du con­flit opposant la guérilla kurde à l’État turc. Kid­nappé au moment où il allait s’unir à son amante, par un tor­tion­naire de la contre-guérilla, Mikasa va devenir, bien con­tre son gré, chien démineur, et se retrou­ver affecté après une for­ma­tion calami­teuse dans la cap­i­tale, dans une caserne située dans ses mon­tagnes d’origine. Pau­vre témoin privilégié des atrocités de cette sale guerre d’hommes, pire démineur que le règne canin ait jamais con­nu, amoureux tran­si, dont le nom de Mel­sa ne quitte jamais les lèvres, Mikasa racon­te son his­toire trag­ique aux autres chiens qui peu­plent le refuge où il s’est retrou­vé, après un mystérieux acci­dent, qui l’a laissé aux portes de la mort, le pri­vant de ses pattes arrières.

Grace à une nar­ra­tion à deux voix qui vous tient en haleine jusqu’au bout, Ouâf trans­met la vérité de ce qui fut vécu dans le Kur­dis­tan turc au cours des années 1990, une vérité longtemps occultée par les médias offi­ciels et qui éclaire les enjeux du con­flit kurde en Turquie ain­si que les événements les plus récents. Kemal Varol s’y révèle un romanci­er de pre­mier plan, sachant manier et mari­er humour et engagement.

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Kemal Varol

Né en 1977 à Ergani (près de Diyarbakır) en Turquie, Kemal Varol s’est d’abord fait un nom en tant que poète. Il est aujourd’hui également l’auteur d’un recueil de nou­velles et de qua­tre romans.

Kemal Varol a reçu en Turquie le très pres­tigieux prix Sait Faik pour son recueil de nou­velles et le prix du lycée Notre-Dame-de-Sion, et pas moins de qua­tre autres dis­tinc­tions pour Ouâf : le prix Cevdet Kudret du roman 2014, le prix de la paix de l’Association des Jour­nal­istes indépendants de Bur­sa 2015 et en 2017 le prix du Pen USA pour sa tra­duc­tion anglaise. Ouâf a également été élu meilleur livre de l’année 2014 par le mag­a­zine littéraire Sabit Fikir.

Kemal Varol vit à Diyarbakır, où il enseigne la langue et la littérature turques.

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OUÂF — Kemal Varol

traduit du turc par Syl­vain Cavaillès

EAN : 9782491221010
For­mat : 14,5 x 21 cm — 256 pages
Genre : roman
Prix de vente : 22 €
Date de paru­tion : 10 sep­tem­bre 2020
KONTR édi­tions

 


Image à la Une avec Noizet

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